Critique : La Valse des pantins

Nicolas Thys | 16 mai 2011
Nicolas Thys | 16 mai 2011
Il est toujours étrange de voir un film 30 ans après sa sortie, surtout signé Scorsese, avec Robert De Niro en tête d'affiche alors que celui-ci est en ce moment même Président du festival de Cannes en cours. A l'image des Ailes du désir de Wim Wenders, certains titres sonnent mieux en français que dans leur langue d'origine et expliquent plus de choses, c'est le cas de cette Valse...

Depuis près de 15 ans maintenant les chemins des deux acolytes ne se sont pas croisés. Dernier film pour Scorsese/De Niro : Casino. Puis la relève Di Caprio pour le réalisateur et de nouveaux horizons pour l'acteur. Et on se rend d'autant plus compte maintenant que La Valse des pantins préfigurait à plusieurs titres la double carrière de De Niro qui, depuis 1996, ne fait que se parodier, interpréter des rôles comiques, ou bien reprendre ses anciens rôles mais vieillissant, comme si son parcours ne pouvait que bientôt s'achever.

Dans La Valse des pantins, il y a deux Robert De Niro. La petite frappe qu'on pouvait déjà voir dans Mean street, arpentant les rues de New York, l'italo-américain proche de sa famille. Ici, nul casse, pas de drogue mais une autre sorte de mafia impossible à intégrer, celle du showbizz, et un kidnapping complètement allumé. Son jeu reprend certaines des mimiques de ses films antérieurs, des oeuvres qui l'ont fait connaître.

Mais tout est poussé à l'extrême, pastiché et c'est là qu'apparait l'autre De Niro, le comique, le pantin du titre qu'on envoit valser et qui finira tous par les allumer. Sa gestuelle, sa diction, tout son être renvoie à l'image d'un comique mort né qui fera pourtant rire. Et tout le film n'est alors plus que le stand up d'un véritable acteur qui surjoue pour en faire juste assez, et faire passer sa folie pour un acte de comédie, et faire de son corps une marionnette rebelle. Jusqu'au final, grandiloquent, étrangement comique et d'un onirisme fou, dont jamais on ne saura réellement s'il est un rêve ou une réalité. A l'image du cinéma lui même.

Scorsese réalise ici un tour de force incroyable, tout en faisant revenir sur le devant de la scène un Jerry Lewis oublié du monde entier qui devient l'espace d'un rôle la star qu'il fût et qu'il aurait dû continuer à être. Le cinéaste nous fait croire à un De Niro comique en gardant sa personnalité habituelle. Et en cela, il amorce la seconde partie d'une carrière où de Mafia Blues à Mon beau père et moi en passant par Jackie Brown à un autre niveau, il n'est plus que la caricature de lui même, son double comico-trash. Un autre rêve...

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