Critique : Le Beau-Père
À l'origine, Le beau-père, c'est un thriller extrêmement réussi avec Terry O'Quinn - mais si, le John Locke de Lost, qui à l'époque avait encore des cheveux. Plus de vingt ans après le film de Joseph Ruben, voici que Nelson McCormick débarque avec un remake. Pour info, McCormick nous avait déjà gratifiés d'un remake l'an dernier, avec un Prom night d'une nullité même pas jouissive. Le beau-père version 2009 est tout de même deux fois meilleur - certes, deux fois rien, ça reste pas grand chose - car il n'est pas affligeant en permanence. Ce qui est déjà un exploit.
Dans le rôle de ce type qui
séduit des femmes célibataires avec enfants pour mieux buter ensuite
toute la gentille famille, McCormick ou ses commanditaires ou choisi
Dylan Walsh, l'un des chirurgiens névrosés de l'outrageuse série Nip/tuck.
Pourquoi pas : imaginer que derrière la gueule de raie du Dr McNamara
se cache un pur psychopathe avait quelque chose d'excitant. Quoi, ce
gendre idéal, avec son sourire à la Patrick Sabatier, un tueur en série
? Ça fait froid dans le dos. Sur le papier, en tout cas : dans le film,
Walsh est absolument nul, ne montrant aucune fêlure, aucune aspérité.
Juste un pauvre type sans relief qui n'a absolument pas le potentiel
pour être un génie du mal. Un interprète correct aurait peut-être rendu
le film potable ; mais, c'est bien connu, un méchant raté fait
quasiment toujours un film raté.
Il faut dire que ce personnage de
beau-père, bien mal écrit d'ailleurs, constituait la seule possible
attraction de ce petit thriller. Les situations prévisibles et éculées
se succèdent, et les dialogues de bas étage affluent, la délicieuse
Amber Heard étant particulièrement servie en répliques moisies, dans le rôle le plus décoratif de l'année - a-t-on vu en 2009 personnage plus inutile, sans doute ajouté au dernier moment pour offrir une caution sexy ? La voir
sans cesse déambuler en bikini ou galocher son boyfriend dans la
piscine n'est qu'une maigre consolation pour qui était venu avec
l'espoir d'assister à un petit suspense du samedi soir ; la mise en
scène de McCormick a beau ne pas être si nulle que ça, il se produit au
mieux de l'ennui, ce qui est tout de même assez fâcheux. Mieux vaut
aller farfouiller dans les brocantes à la recherche du film original,
dans lequel les yeux perçants et séducteurs de Terry O'Quinn étaient
autrement plus menaçants que le regard bleu vide du platissime Walsh. Symptôme révélateur de ces années 2000 où, contrairement à une époque révolue, on est contraint d'aller débaucher des acteurs de séries télé pour tenter de donner un minimum d'intérêt à certains films sans imagination.
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(3.3)