Critique : La Proposition

Coincé entre le machoman L'abominable vérité et le conceptuel 500 jours ensemble, La proposition se rappelle aux anciens codes et bons clichés de la comédie romantique. Pour preuve, le rôle de la boss tyrannique et coincée devait être joué par Julia Roberts. C'est finalement Sandra Bullock qui s'y colle, et son casier en la matière est assez chargé : L'amour à tout prix, Le temps d'aimer, Un vent de folie, Ainsi va la vie, L'amour sans préavis... Elle se glisse ainsi aisément dans le tailleur d'une puissante éditrice, qui force son assistant à l'épouser pour éviter d'être rapatrié dans son pays d'origine, loin, là-bas, au Canada. La bonne idée, enfin toutes proportions gardées, est qu'il n'est pas question ici de faire changer ou évoluer son personnage. Elle restera cette gentille garce, qui n'en fait qu'à sa tête, qui ne desserre pas la mâchoire mais qui peut tomber amoureuse. Pour ce qu'elle est.

La proposition ne sort pas pour autant des chemins balisés du genre avec la totale : chalet en Alaska, belle famille accueillante, choix de vie (devenir éditeur ou reprendre la boîte de papa), je-t'embrasse-pour-de-faux-mais-qu'est-ce-qui-m'arrive, discours au mariage, course sur le tarmac de l'aéroport et déclaration devant tout le monde... attendez... non, c'est bon, tout y est ! Et lorsque le film tente le hors piste, comme avec cette scène de balade à vélo en forêt et d'incantation autour du feu, c'est pour se vautrer lamentablement dans la comédie potache. On se dit que Sandra Bullock et le film n'en se relèveront pas, mais comme si de rien n'était, ils reprennent leurs affaires séance tenante, bien aidés il faut dire par Ryan Reynolds. Entre subtilité et effacement, il équilibre les situations et permet au récit de garder le cap.

Cette comédie romantique est aussi une manière de prendre des nouvelles du genre, à travers la rencontre de deux générations d'acteurs. Et à travers une scène de quiproquo sous la douche où ils se retrouvent tous deux nus face-à-face, Sandra Bullock vient rappeler qu'elle est toujours bien balancée et qu'elle tient encore la route.