Critique : Adieu Gary
Putain, 33 ans. Dans ce qui ressemble à un bien malheureux coup de pub, Yasmine Belmadi nous a quittés la semaine dernière après un stupide accident de scooter. Trop tard pour que le réalisateur Nassim Amaouche puisse lui dédier son film, mais sans nul doute le coeur y est.
Belmadi
est parti après ce qui est sans doute le plus beau rôle de sa carrière,
celui de Samir, gentil gars fraîchement sorti de prison, qui constate
que les rares choses à avoir changé n'ont pas évolué dans le bon sens.
Gravitent autour de lui des personnages un peu abimés, voire carrément
usés, mais qui vivent ou survivent dans l'énergie du désespoir. Adieu Gary
n'est pas vraiment une comédie, brasse des thèmes souvent graves, mais
parvient néanmoins à le faire avec le sourire, montrant qu'on peut
galérer sans pour autant tirer une tronche de six pieds de long.
Positif à défaut d'être optimiste, c'est un concentré de joli cinéma
qui porte des valeurs fort louables et ne se sent jamais obligé de
virer au tragique.
Que le père de Samir (Bacri, magnifique) ne bosse
que pour la beauté du geste, que sa voisine (Dominique Reymond, superbe
comme toujours) serve de cobaye pour l'industrie pharmaceutique ou que
le fils de cette dernière attende désespérément que son père (Gary
Cooper, croit-il) ne sont en rien des facteurs de déprime pour le
spectateur ou les autres personnages ; leurs conditions moyennement
enviables sont au contraire vecteurs d'espoir et les poussent à faire
avancer leurs envies de vivre ailleurs ou autrement. Résultat : souvent
très drôle, Adieu Gary est un
film qui va de l'avant, son décor façon western n'étant pas un
cimetière mais au contraire le lieu d'un nouveau départ. L'humilité du
film d'Amaouche fait chaud au coeur et constitue l'hommage idéal à
l'acteur modeste qu'était Yasmine Belmadi, jeune pousse insuffisamment
exploitée et qui, l'air de rien, manquera au cinéma français.
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