Critique : Religolo

Julien Foussereau | 21 janvier 2009
Julien Foussereau | 21 janvier 2009

Inconnu chez nous, Bill Maher doit sa notoriété pour sa verve extrêmement caustique et politiquement incorrecte, n'hésitant jamais à prendre à rebrousse-poil la pensée dominante chez ses compatriotes américains. Bill Maher déteste-t-il les USA ? Probablement pas. Une chose est sûre, en revanche : en agnostique convaincu, il n'aime pas les religions et le fait savoir au monde entier dans Religolo.

 

Maher s'en prend donc aux trois monothéismes dominants et sillonne le monde pour engager un dialogue socratique avec divers intervenants pour mieux les coincer dans leurs contradictions ou leur (mauvaise) foi. Sur le papier, le fond ressemble à s'y méprendre à celui de Borat. La forme, elle, diffère sensiblement : point de pitreries obscènes ici mais une attitude respectueuse rapidement mis à mal par des questions sardoniques, Larry Charles se chargeant de rectifier les boniments des bigots par des sous-titres informatifs ou de se payer leur tête par des inserts de films. Et c'est d'une redoutable efficacité.

 

Certaines situations parlent suffisamment d'elles-mêmes comme cette représentation de la Passion du Christ avec acteur ensanglanté et choriste vocalisant comme Mariah Carrey dans un parc d'attraction chrétien. Comment ne pas se pincer à l'évocation de ce musée créationniste où des hommes en peaux de bêtes chevauchent des dinosaures sellés ? Ou ce magasin juif vendant des articles ménagers tous plus débiles les uns que les autres pour contourner les interdits du Shabbat ?

 

En axant sa critique du religieux sur un angle rationnel et scientifique, Maher marque souvent des points. Par sa rigueur factuelle, il parvient à faire douter de l'existence même de Jésus quand il n'apporte pas la preuve irréfutable que Mahomet n'a jamais foutu les pieds à Jérusalem. C'est à la fois sa force et sa faiblesse parce que, en évidant les textes sacrés de leur dimension spirituelle, Religolo réduit considérablement sa portée. Au fond, ce mockumentary doit s'envisager comme une charge grinçante contre les fondamentalismes de tout poil et une cathédrale cartésienne dont Bill Maher serait le prophète et ses paroissiens des convertis.

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