Critique : Pour elle

Revisitant le schéma de l'épouse attendant son mari périssant en prison, Fred Cavayé choisit pour son premier film d'inverser les rôles et de faire de Julien, le prof de français, un novice de l'évasion. Un personnage brut de conviction pour Vincent Lindon qui excelle dans cette histoire d'amour justicier réussie.

Que faire pour sauver les gens que l'on aime? Une question parfumée à l'eau de rose que Pour elle ancre pourtant dans une réalité plus concrète. Histoire d'amour, le film l'est par son titre mais dévie dès les premières scènes vers le chemin du polar. Incarcérée pour meurtre, Diane Kruger devient le mobile qui conduit un Monsieur Tout-Le-Monde à franchir les limites de la légalité. La détermination du personnage permet à Fred Cavayé de créer toute la tension du film comme on suivrait la préparation d'un casse. Le caméo d'Olivier Marchal en ancien détenu vient appuyer l'ambiance noire et pesante, et la déconstruction du scénario dans le temps en attise davantage encore l'intérêt. En jalonnant l'histoire de personnages entourant son apprenti héros, le réalisateur développe des relations qui auront au final plus de poids qu'elles n'y paraissent.

Des détails, des nuances et un caractère authentique pour une histoire qui risque pourtant de susciter quelques remous au vu de la thèse plus que contestable qu'elle développe (indirectement), sur la justice. Rien de quoi réellement altérer une fiction qui reste bien menée, des acteurs habilement dirigés et un nom de réalisateur…à surveiller.