Car c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on retrouve Fox Mulder et Dana Scully, non pas le duo d’agents du FBI mais le couple maudit. Ils se sont cherchés pendant neuf saisons, ils se sont trouvés et le film se révèle original et inattendu dans le portrait qu’il fait de leur relation. Plus mature mais aussi plus nonchalante, elle montre qu’ils peuvent se comporter comme deux adultes en crise mais aussi comme d’éternels adolescents. David Duchovny en mode Californication s’en donne d’ailleurs à cœur joie, enquillant les vannes douteuses (sur les pédophiles, c’est pour dire) sous le regard navré mais complice d’une Gillian Anderson à qui l’âge sied à merveille.
Mais le film s’évertue aussi à vouloir nous rappeler qu’à l’origine (de la série), ce qui les définissait les opposait aussi : Mulder le féru de paranormal, le « David Vincent les a vus » et Scully la scientifique, la croyante. Un retour aux sources inutile mais surtout très maladroit dans la manière dont il s’articule et dont il est mis en perspective autour du mystère. La science, c’est le combat de Scully pour un enfant malade dans un hôpital catholique mais aussi l’affaire pour laquelle ils sont appelés et qui flirte avec le fantastique. Mais il manque le paranormal ? Ah oui, mettons alors un prête qui a des visions des victimes, mais disons qu’il est pédophile pour que Scully ne lui fasse pas confiance. Voilà, voilà.
Sur le modèle du monster-of-the-week, Chris Carter a prouvé à plus d’un épisode son savoir-faire et son efficacité, qu’il s’agisse de fouiller dans nos peurs primales ou revisiter les classiques du genre. Difficile alors de comprendre comme il a pu accoucher d’une histoire si débile et incohérente et dont il semble se foutre. Car à part suivre le médium dans la neige pendant les trois quarts du film (et déjà dans la bande-annonce), il semble peu se soucier de la portée ou même de l’ambition de cette Régénération. C’est peut-être le sens de ce film et du titre original I Want to Believe. De cette affaire improbable qui n’aura droit qu’à un encart dans le journal du coin, il faut pourtant y croire. Se passionner, peut-être pas, mais s’en amuser, assurément. Chris Carter aurait-il été plus malin qu’on ne le pense, ou juste paresseux et un peu lâche ? C’est au spectateur d’en décider, à l’instar de ce plan post-générique qui peut être vu comme une tape dans le dos ou un doigt d’honneur.