Critique : Monty Python, sacré Graal

Par Jean-Noël Nicolau
3 juillet 2008
MAJ : 26 octobre 2018
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Le monstre sanguinaire est un lapin blanc, la créature mythologique est un dessin animé, Camelot est une maquette (et un endroit bien peu sérieux), Lancelot un psychopathe, Galaad un gros puceau et le Graal est gardé par des Français, forcément sales et grossiers. Le premier véritable long-métrage des Monty Python est aussi le plus drôle, La Vie de Brian et Le Sens de la vie étant plus théoriques. C’est aussi la meilleure adaptation des légendes arthuriennes, à égalité avec le Excalibur de John Boorman, étonnante version sérieuse de Sacré Graal, a posteriori.

 

Grâce à la maîtrise technique de Terry Jones et à la folie visuelle de Terry Gilliam, Sacré Graal est une réussite plastique avant même d’être une parodie. Le Moyen-âge représenté est réaliste avant d’être fantaisiste. Disons-le simplement : le film est d’abord une grande œuvre cinématographique. Accompagnée par des comédiens au génie évident, la succession de gags peut se déployer avec une liberté rarement égalée (chez les Marx Brothers et peut-être une poignée de cas isolés).

 

Sacré Graal est un modèle d’écriture comique, soignant tous les éléments clef du genre. L’ampleur de la construction du film n’est pas évidente de prime abord, tant le résultat s’avère tout simplement drôle. Pourtant du moindre running gag (les noix de coco) au délire le plus longuement construit (le lapin de Troie), chaque enchaînement, chaque chute tombe avec une justesse qui assure la solidité de l’édifice dans son ensemble. L’accroche de l’affiche était joyeusement ironique : « Le film qui fait passer Ben-Hur pour une publicité. » Et pourtant rien n’est plus vrai : Sacré Graal est un monument de cinéma.

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