Critique : La Tragédie d'un homme ridicule

Nicolas Thys | 13 avril 2008
Nicolas Thys | 13 avril 2008

La Luna et La Tragédie d'un homme ridicule de Bernardo Bertolucci, réalisés l'un à la suite de l'autre, sont deux films qui se rencontrent et s'éloignent. Cet étrange diptyque possède en effet certaines thématiques semblables : l'importance du fils et la relation au père, la disparition des corps, la folie et la perte des repères, le retour aux origines. Mais malgré ces points communs narratifs les deux œuvres ne concordent aucunement ni dans leur mise en image ni dans le traitement de ces thèmes.

 

Le retour aux origines n'est qu'oral dans La Tragédie : Tognazzi ne cesse de rappeler son passé sans même savoir pourquoi alors que dans La Luna, Jill Clayburgh, chanteuse d'opéra, tente de retrouver un éden perdu, retournant même aux sources de son art face à la maison de Verdi. Ce film est l'occasion pour la mère de se mettre à revivre et de dévoiler des vérités à son fils. Un fils qui se cherche et tente de retrouver un père inconnu dans La Luna face à un fils qu'on recherche dans la Tragédie.

 

Disparition et retrouvailles, cheminement glacial dans un état mental affaibli par la drogue ou la folie sont les moteurs de ces deux œuvres bouleversantes jouant pourtant chacune sur le registre tragicomique tout en alliant à des degrés différents sublime et grotesque. Sublime de La Luna qui fait de la scène un lieu de rédemption, d'union entre la mère et le fils dans un premier temps et ensuite de réconciliation possible mais incertaine avec le père. Grotesque des certaines péripéties, notamment la séquence où le fils vole la voiture et chez ce dernier, perdu entre un monde adulte auquel il n'appartient plus et des réactions enfantines inappropriées. Grotesque du personnage de Tognazzi dans La Tragédie et de la dramatique farce dans laquelle il se débat sans réussir à émerger mais qui culminera pourtant dans un final qui touche au sublime.

 

Finalement ces faux jumeaux cinématographiques, complémentaires à plus d'un titre, devraient être vus l'un à la suite de l'autre. Ils entretiennent un dialogue vrai et profond sur la condition humaine, la difficulté des relations familiales et la mémoire individuelle sans jamais se répéter, et c'est une de leur grande force.

Résumé

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