Critique : 30 jours de nuit

La Rédaction | 9 janvier 2008
La Rédaction | 9 janvier 2008

 

 

La réunion des talents de David Slade, réalisateur de l'éprouvant Hard Candy, et du producteur Sam Raimi, semblait auguré du meilleur pour ce qui était annoncé comme un film de vampires violent censé vraiment nous (re)donner la pétoche. Mais entre une exploitation plutôt bienvenue du concept des vampires/raptors qui dézingue férocement toute une population comme des moutons à l'abattoir et celui de la survivance du dernier groupe d'humains reclus pendant tout le mois d'hiver polaire, il en résulte une certaine dilution du suspens initial. La faute en est grandement imputable à un scénario qui ne se départit pas du schéma simpliste de la partie de cache-cache entre les vampires et leurs proies, et où chaque scène mettant le courageux shérif (crédible Josh Hartnett) ou tout autre personnage en position critique se trouve être désamorcée, frustrant l'amateur de la dose de frisson qu'il était en voie d'espérer.

 

N'ayant pas réussi à transcender les scories d'un script initial pourtant fidèle à la  BD dont il est adapté, David Slade s'en sort par une mise en scène classieuse et solide, dont le meilleur va de scènes d'exposition amples et atmosphériques jusqu'à un final hargneux ne lésinant ni sur le gore ni avec une certaine forme de cruauté, donnant enfin la mesure du spectacle qui était annoncé. Décapitations et  égorgements s'enchaînent avec une grande rapidité sans que la lisibilité des scènes n'en soit altérée. Par son respect d'un genre auquel il ne concède aucunement un second degré qui lui aurait été dramatiquement préjudiciable, et en usant du gore avec style, servi pas des sfx de haute tenue, 30 Jours de nuit est le bon shocker à découvrir en ce début d'année bien décevante (AVP 2, Dante 01).

Patrick Antona

 

 

 

Adapter un comic à succès n'est pas forcément, ces temps-ci, un point de départ rassurant. Pourtant le postulat de base de 30 jours de nuit semble au premier abord plutôt attractif : l'attaque d'une bande de vampires dans une ville qui s'apprête à passer 30 jours sans soleil. Bien que l'exposition par une mécanique rituelle semble convenue, elle esquisse quelques familiarités avec le western. Coupé du monde, la ville de Barrow constitue un espace clos où chaque bâtiment dispose de sa propre fonctionnalité où se focalisent des actions spécifiques. Le tout est organisé selon une architecture connue, c'est à dire une longue rue principale d'où émergent des artères secondaires. Ainsi structuré, l'espace du film amorce un huis clos idéal en posant efficacement les ressorts de l'action : survivre en état de siège.

 

Malheureusement le concept de base ne trouve pas sa place dans ce cadre soigneusement mis en place. Très vite il se mord la queue et souffre d'un manque de partis pris dans sa représentation du mal. Supprimer la faiblesse mortelle du vampire (le soleil) amène à l'imposer comme une présence omniprésente et consistante. Au lieu de çà, nos vampires sont régulièrement relégués au second plan et se contentent d'être des monstres sanguinaires sans aucun charisme : ils hurlent sans cesse (ça en devient épuisant), tuent et lorsque l'inspiration est là, leur leader nous gratifie de maximes existentielles insipides et foncièrement inutiles. Là où l'idée originale du récit imposait un nouveau regard sur le mythe du vampire, la narration se borne au strict minimum et nous inflige un huis clos inégal où le temps est de surplus plus que mal géré (la barbe naissante de Josh Hartnett étant là pour indiquer les jours qui passent).

 

Ces 30 jours de réclusions qui auraient du être angoissantes et stressantes donnent l'impression d'en donner qu'un seul à l'écran. Toute la singularité du film se trouvait dans son titre. Dans une grande frustration, rien (ou si peu) ne transparaît pourtant à l'écran.

Julien Felchner. 

Résumé

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