Critique : Cowboy
Dans la lignée du récent L'âge des ténèbres de Denys Arcand, Cowboy est de cette nouvelle garde de films qui traite de la perte des repères des trentenaires-quarantenaires. Si L'âge des ténèbres est l'histoire de Monsieur tout le monde qui ne vit plus que dans un univers de fantasmes car il ne croit plus aux institutions (le mariage, le fonctionnariat, la famille), Cowboy raconte la folle épopée d'un homme qui se raccroche à son passé pour retrouver sa jeunesse et qui découvre que la révolution n'a pas eu lieu.
C'est donc avant tout un film
générationnel, représentant tout ce qui est dans l'air du temps mais que seuls quelques
rares osent nommer : la désillusion. Qui sont ces gens qui ne se marient
plus ou trop parce qu'ils ont peur de l'amour (et peur qu'il n'existe pas), qui
font des concessions sur leur morale et éthique professionnelle pour avoir une
vie plus confortable matériellement ?
En France, ce sont les enfants de mai 68, sur lequel il est de bon ton de
cracher aujourd'hui, et en Belgique, ce sont les enfants de Michel Strée,
révolutionnaire qui avait faussement pris en otage un bus rempli d'enfants pour
pouvoir s'exprimer à la télé.
Bouleversant du début à la fin,
Benoît Poelvoorde, nous offre une performance grandiose. Et dans ses yeux,
transpire parfois plus que du jeu d'acteur : la force d'un homme qui
partage les doutes et aspirations perdues de Daniel Piron. Par les dialogues
d'une finesse et d'une intelligence remarquables, il devient même le porte-étendard
de tout un pays.
D'une beauté et d'une tristesse
accablantes, le constat est dur. Il n'y aurait rien à faire à part mettre des
pansements sur ses blessures, refuser les petites concessions du quotidien pour
pouvoir garder la tête haute. Mais à l'avenir, il devient difficile de croire
en quelque chose et Cowboy, avec sa fin mi-figue mi-raisin a quand même le pouvoir
de nous faire espérer... peut-être un happy
end, en tout cas la sérénité pour son personnage.
Lecteurs
(5.0)