Critique : La Princesse aux huîtres

Nicolas Thys | 26 octobre 2007
Nicolas Thys | 26 octobre 2007

La Princesse aux huitres est l'un des sommets du cinéma muet allemand de Lubitsch, une comédie à la fois loufoque et subtile qui, si elle réserve un final assez attendu, n'en est pas moins géniale. Ce qui fera la gloire du cinéaste allemand dès son arrivée au Etats-Unis est déjà nettement présent dans le film : de son habileté prodigieuse à diriger une cohorte de figurants dans des scènes où chaque geste semble chorégraphié à ses quiproquos audacieux et vaudevillesques flirtant par moment avec le grivois, en passant par quelques expérimentations formelles et rythmiques assez surprenantes pour l'époque.

L'action se déroule aux Etats-Unis dont il réalise une description tout à fait caricaturale et absolument délirante. Un papa pacha magnat des huitres (!) vivant dans une demeure dont le gigantisme n'a d'égal que Xanadu - et encore, une fille capricieuse à souhait, pourrie gâtée qui exige d'épouser un prince comme on peut réclamer un bonbon. Face à la splendeur de ces décors audacieux et mirobolant, la pauvreté et le désœuvrement de certains êtres qui n'ont plus que leur liberté et des employés travaillant à la chaîne.

Par moments, Chaplin n'est pas loin mais il reste tout de même à bonne distance car Lubitsch, contrairement aux grands comiques américains de l'époque, s'aventure assez peu vers le slapstick (ou cinéma burlesque) pour rester davantage dans l'art délicat de la comédie sophistiquée et de la comédie de mœurs avec laquelle il éclatera dans les années 30. Malgré tout certaines séquences, comme celle, fabuleuse, de l'épidémie de Fox-trot parviennent à mêler assez intelligemment ces différents genres.

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