Critique : Furie

Ilan Ferry | 26 juillet 2007
Ilan Ferry | 26 juillet 2007

Première incursion américaine de Fritz Lang, Fury est une brillante réflexion sur le phénomène de masse et l'aliénation de l'individu au sein de celle-ci. Porté par l'interprétation tout en finesse d'un Spencer Tracy majestueux de duplicité, le film n'est pas tant un polar qu'un fiévreux brûlot sur les dangers d'une société livrée à elle-même faisant fi de toutes barrières humaines ou sociales afin de rendre justice à sa manière. Jamais titre n'a aussi bien convenu tant la furie ici exprimée est aussi bien celle du personnage principal, victime non consentante des dangereux protocoles de la rumeur, que du réalisateur qui dénonce avec rage les dérives de la loi du talion.

 

 

Tout, en effet, dans Fury renvoie à un double jeu de miroir entre la créature (Joe Wilson) et le créateur (Fritz Lang) car si la hargne de Wilson fait écho à celle de Lang, le thème de la perte d'identité plane comme un spectre hantant les deux hommes. En effet, comment ne pas voir dans la graduelle métamorphose de Joe Wilson, tour à tour martyre et bourreau d'une foule si aveuglée par la haine qu'elle consume tout individu pour en faire la part intégrante d'une entité anonyme et terrifiante , la peur viscérale de Lang face à l'establishment hollywoodien ?

Rejoignant les théories Hobbesiennes sur l'état de nature innée chez l'être humain, Fury démontre avec pertes et fracas que l'homme est bel et bien un loup pour l'homme condamné à se battre pour ne pas se perdre dans les tréfonds de son instinct primaire.

Résumé

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