Critique : Le Scaphandre et le papillon

Thomas Messias | 25 mai 2007
Thomas Messias | 25 mai 2007

Entrer dans la salle, son cynisme en bandoulière. Se préparer à voir un mélo lacrymal et faussement digne. Puis se faire cueillir par un film qui met une gifle aux idées préconçues. Sans être le film de l'année, Le scaphandre et le papillon est une vraie surprise, une bonne leçon infligée au spectateur désabusé. Si le film fascine, c'est d'abord par sa propension à slalomer allègrement  entre les innombrables clichés inhérents à ce genre de film. Pas de grande leçon de vie prête à consommer. Pas de chantage à l'émotion. Respectant la personnalité de Jean-Dominique Bauby (et sa métaphore du type normal piégé dans un scaphandre), Julian Schnabel livre un film subtil et sobre, porté par une mise en scène intelligente.

Première demi-heure en caméra subjective, où Bauby découvre sa situation et tente d'aménager sa vie intérieure. Le procédé est casse-gueule, mais il fonctionne à merveille. Pendant un temps, on EST Jean-Dominique Bauby. Et on admire l'intégrité de Schnabel, qui ne livre aucun plan de son visage pour éviter les atermoiements. Alors forcément, quand le réalisateur décide d'abandonner le subjectif et se met à filmer le visage du locked-in man, on commence par tiquer. Mais il y a une telle absence de complaisance que cela finit pourtant par devenir évident : il aurait été trop lâche de ne jamais montrer le Bauby malade tel qu'il est.

Malgré un pitch au fort potentiel lacrymal, Le scaphandre et le papillon n'est pas un mélodrame, mais une simple chronique, celle de la nouvelle "vie" d'un type pas plus sympathique que la moyenne. Bauby apparaît comme un homme cynique, assez drôle, mais finalement très tourmenté. Son monologue intérieur n'est pas un long râle de désespoir, plutôt un commentaire réaliste et parfois acide de sa condition. Entrecoupé de flashbacks très malins (sortant de l'imagination de Bauby, certains sont volontairement clichés ou outrés), ponctué de scènes bouleversantes (notamment lorsqu'apparaît Max von Sydow), le film de Schnabel est d'une sincérité rare. Il fallait un acteur de la stature de Mathieu Amalric, payant de sa personne sans se la jouer Actor's Studio, pour emmener vers les sommets ce pur concentré de beauté.

 

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