Un coeur invaincu : Critique

Difficile au sortir du nouveau Winterbottom de contenir son émotion tant la générosité et la pudeur de l'ensemble sont évidentes et à mille lieux des craintes initiales. Un cœur invaincu raconte en effet l'histoire plus que vraie de Daniel Pearl, journaliste au Wal Street Journal enlevé un 23 janvier 2002 dans les faubourgs de Karachi alors qu'il enquêtait sur Richard Reid, le « terroriste aux semelles explosives » du vol Paris-Miami.

Adapté du livre de sa veuve Mariane Pearl qui l'a écrit pour que son fils Adam connaisse le père qu'il ne rencontrerait jamais (elle était en enceinte de 6 mois au moment du drame), Un cœur invaincu bénéficie tout d'abord d'un duo de choc en la personne d'Angelina Jolie devant la caméra et de Brad Pitt en tant que producteur confirmant par là que même (surtout ?) au cinéma, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Angelina s'y est, en effet, taillée un rôle à la mesure de son talent décidément de plus en plus évident. Son jeu d'une sobriété exemplaire compte tenu des enjeux et de l'histoire sonne juste et lui permet de « donner » au spectateur une séquence qui restera dans les annales. Michael Winterbottom, quant à lui, assure au film un style documentaire qui s'imposait certainement et que le cinéaste de The Road to Guantanamo maîtrise de toute façon parfaitement.

Un cœur invaincu est de fait une très bonne surprise et évite pas mal d'écueil propre à ce genre de projets où voyeurisme et dramatisation fictionnelle outrée font souvent bon ménage. En outre il est porté par un scénario (adaptation très fidèle du livre de Mariane Pearl donc) qui ne stigmatise ni ne cristallise aucune revanche, aucune accusation, aucun communautarisme... Juste l'immense chagrin d'avoir perdu l'être aimé au cœur invaincu.