Critique : Dream on

Laurent Pécha | 2 mai 2007
Laurent Pécha | 2 mai 2007

Diffusée au début des années quatre-vingt-dix, la série Dream on impose un style bien particulier, s'éloignant considérablement des standards des années quatre-vingt et de leurs personnages héroïques. Mettant en « vedette » un individu des plus banals, confronté à des problèmes quotidiens (le plus souvent d'ordre sexuel ou affectif) que tout homme de son âge pourrait rencontrer, la série initiée par John Landis, grand cinéphile devant l'éternel, attise l'intérêt par son ton et son humour totalement décomplexés, laissant libre cours à une mise en images osée des moeurs sexuelles de son héros. Destiné au câble américain (HBO, Canal Jimmy pour la France), Dream on est en effet l'occasion, une fois n'est pas coutume dans le paysage télévisuel américain (et on aurait tout autant pu englober la France), d'évoquer la sexualité de façon grivoise mais avec toujours beaucoup d'humour.

 



 

Jouant des maladresses de Martin Tupper vis-à-vis du sexe faible, qui n'a d'ailleurs jamais paru aussi fort face à lui (il se fait la plupart du temps rouler dans la farine), Dream on s'appuie sur un principe non pas révolutionnaire (d'autres l'ont fait bien avant lui) mais diablement efficace, à base d'inserts d'images de vieux films des années trente - cinquante, de séries ou d'anthologies de la même époque appartenant à la Universal. La trouvaille étant d'utiliser ces inserts, censés représenter les pensées de Martin Tupper, quasi systématiquement de façon décalée. Ce décalage entre la situation vécue par Tupper et sa représentation fantasmée fait ainsi systématiquement mouche, déclanchant le rire chez le spectateur. Pour exemple, voici ci-dessous une situation tirée d'un des premiers épisodes de la série qui résume parfaitement le concept initié par John Landis.

 


 

Si, donc, Dream on tire sa force de ce brillant subterfuge et de sa faculté à s'amuser de la vie sentimentale et sexuelle de son héros, la série doit un grand coup de chapeau à leurs créateurs, David Crane et Martha Kauffman. Les futurs auteurs de Friends faisaient avec Dream on des débuts fulgurants, comme en attestent les dialogues brillants, la faculté à se moquer de leurs personnages tout en les rendant terriblement attachants (quoi qu'il fasse, on aime Martin Tupper !), et cette incroyable aptitude à faire naître un microcosme de population à la fois irréel et pourtant si familier.

 

 


Mais, avec tout le talent de leurs auteurs, et c'est exactement le même sentiment qui nous habite à la vision de Friends, la série Dream on ne serait pas ce qu'elle est sans le talent énorme de ses comédiens. Si, tous, de Wendy Malick (Judith, l'ex de Martin) à Denny Dillon (la secrétaire qui fait tourner en bourrique le pauvre Martin), en passant par Chris Demetral (le fils), se montrent effectivement excellents, sans parler des guests-stars (Tom Berenger, David Bowie, James Woods, Sylvester Stallone, Salma Hayek, Matthew Perry, Courteney Cox, Kim Cattrall…,...) et des multiples conquêtes toujours formidablement sexy de notre héros, le plus grand mérite revient forcement à Brian Benben.

Dans la peau de Martin Tupper, l'acteur est constamment génial de naturel, réussissant à faire rire avec une économie de moyens et un sens du tempo proprement sidérants. C'est une évidence, mais la moindre des choses est de bien le souligner : Dream on, sans lui, ne serait pas vraiment Dream on, soit l'une des séries les plus géniales de ces vingt dernières années.

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