Critique : Willie Boy

Erwan Desbois | 15 avril 2007
Erwan Desbois | 15 avril 2007

Vingt-un ans après Force of evil, grand film noir, vint le second film du blacklisté Abraham Polonsky : Willie Boy, western de 1969 qui arrive alors que la période de démystification du genre est bien entamée. Le film possède d'ailleurs des points communs avec entre autres Butch Cassidy et le Kid : même ambiance de fin d'une époque, même casting pour les deux tiers puisque Robert Redford et Katharine Ross sont de la partie. Aucun des deux n'est cependant plus qu'un personnage secondaire, puisque le rôle-titre est un indien vivant dans une réserve fédérale, qui prend la fuite après avoir tué un homme qui s'opposait à son union avec sa fille. Polonsky se réfère à un fait divers réel, et dans un premier temps sa mise en scène se fait documentaire pour rendre compte de la vie dans la réserve. Les pulsions de désir et de haine vont bouleverser ce carcan et mener le film vers des chemins de moins en moins balisés.

La poursuite qui s'engage entre la milice blanche et le couple d'indiens est une alternance fascinante de scènes nocturnes oniriques et de traques diurnes au milieu d'une nature écrasante. Plans larges dans des décors désertiques irréels et musique hypnotique portent le film jusqu'à une fin en forme de paroxysme étouffant. Ce désir d'expérimenter à tout va est la conséquence du long silence imposé au cinéaste. Ce dernier fait de plus preuve d'un regard perçant, car le film parvient à tracer un portrait clairvoyant d'une Amérique rongée par la paranoïa et l'arrogance, à coups d'allusions au maccarthysme ou à l'assassinat de Kennedy qui frappent fort et juste.

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