Critique : La Nativité

Stéphane Argentin | 10 décembre 2006
Stéphane Argentin | 10 décembre 2006

À l'annonce d'un nouveau projet sur le Christ en ce début d'année 2006, soit deux ans à peine après la sortie « bruyante » de La Passion de Mel Gibson, on aurait pu craindre un certain opportunisme de la part des studios hollywoodiens en vue de capitaliser sur le triomphe international de son prédécesseur (600 millions de dollars de recettes mondiales).

Il n'en est rien et pour cause les deux approches sont totalement antinomiques : le premier en date relatait les douze dernières heures de la vie du Christ selon un postulat très « graphique » et polémiqué, le second raconte les douze mois précédant sa venue au monde dans un style bien plus sage et appliqué. Une approche qui contraste avec la mise en scène abrupte à la photographie granuleuse des deux premiers longs-métrages de la réalisatrice Catherine Hardwicke (Thirteen et Les Seigneurs de Dogtown) mais qui sied à merveille à l'orientation désirée ici : celle d'une fresque christique (renforcée par le choix du format Scope là où Thirteen et Dogtown étaient shootés en Pano) à l'imagerie soyeuse.

C'est ainsi que, dès la première apparition de l'Ange Gabriel, celui-ci se retrouve entouré d'un léger halo lumineux, ni trop prononcé, ni pas assez, pour annoncer à la Vierge Marie la future immaculée conception. Une grossesse plutôt mal accueillie au sein du village natal de cette future jeune mère à la fois déterminée et troublée par ce qui lui arrive mais qui permet ainsi à la réalisatrice de filmer son personnage principal comme elle avait déjà si bien su le faire avec les adolescentes de Thirteen. Le choix de cette accentuation lumineuse divine se retrouve quant à lui par la suite à plusieurs reprises, depuis les larges plans de Jérusalem la magnifique jusqu'à l'accouchement dans une étable sous trois bonnes étoiles très brillantes. La musique est à l'unisson de cette approche visuelle avec de subtiles réminiscences orientales et de nombreux chœurs avant de se refermer sur une variation du célébrissime Douce nuit, très approprié bien qu'anachronique (le chant en question ayant été écrit au XIXème siècle).

En parallèle de ce périple de Marie et Joseph depuis leur Nazareth natal jusqu'à Bethléem qui occupe une large part du métrage, sont également abordés les deux autres points importants de cette venue au monde : d'un côté l'oppression par le Roi Hérode d'un peuple qui ne cesse de croire en l'accomplissement de la Prophétie et de l'autre la venue depuis la Perse des immanquables Rois Mages (Melchior, Gaspard et Balthazar), par ailleurs le seul aspect un peu plus « léger » et amusant du film (deux d'entre eux sont réticents à la perspective d'entamer un tel voyage). Pour autant, depuis la première jusqu'à la dernière image, on ne dénotera aucun geste, aucune parole ni aucune étoffe de tissu qui ne soit déplacé ou inapproprié aux yeux des textes séculaires dont un extrait sert par ailleurs d'ouverture au film. Comme pour bien souligner le fait que les 100 minutes à venir ne seront ni plus ni moins d'une représentation en images la plus fidèle possible du fameux Testament (le film a d'ailleurs été présenté en grandes pompes au Vatican sans qu'aucune remarque désobligeante n'ait été rapportée depuis).

Et au final, c'est bien ce que nous offre à voir cette Nativité : une version illustrée, en mouvement et avec le son de la venue au Monde de la plus illustre figure de toute la Chrétienté. Un film qui, à n'en pas douter, figurera très rapidement dans tous les programmes de catéchisme.

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