Critique : Nos voisins, les hommes

Flore Geffroy | 22 mai 2006
Flore Geffroy | 22 mai 2006

Commençons par une bête fausse note, avec la traduction du titre original Over The Hedge en plat Nos voisins, les hommes, qui ne rend vraiment pas justice au film concocté par les ateliers Dreamworks. Car Over The Hedge est tout, sauf fade : aussi pêchu que Shrek (1 et 2), plus drôle que Madagascar, plus philosophique que The Wild. Dès les cinq premières minutes, on sent bien que l'on tient là un chouette film d'animation, avec Riton (R.J en VO), le raton-laveur aux yeux bleus, si ingénieux qu'il ferait d'ailleurs presque de l'ombre à Tom Cruise dans Mission : Impossible 3. La suite confirme l'impression première, avec un bestiaire assez tordant de semis-bras cassés, de Vincent, l'ours aux paluches comme des planches à repasser, à Vern, tortue traditionnelle qui paume sa carapace, en passant par des oppossums maîtres ès comédie, un putois séduisant et surtout, Hamilton, l'écureuil génialement flippé et agité du bocal.

On pourra arguer qu'il s'agit encore d'un film d'animation, avec encore des animaux « humanisés ». Mais quelle animation fluide (pour ne pas dire somptueuse) ! Ça court dans tous les sens, ça saute, ça chaparde, dans une mise en scène qui ne laisse pas souvent le temps de reprendre son souffle, entre un sourire et un éclat de rire bien franc. Difficile de rester de marbre avec Hamilton l'écureuil, qu'il soit boosté à la caféine ou obnubilé par un cookie perché sur le toit d'une maison. Difficile de résister à ces improbables amours naissantes entre un chat persan de haut rang et une dame putois réaliste sur son odeur corporelle. Au-delà de la seule histoire, finalement assez anecdotique, se dessine en filigrane une critique moqueuse de la gent humaine et de son rapport à la nourriture. C'est, en quelque sorte, le combat de la nourriture dite saine face à la malbouffe. Faut-il manger pour vivre ou vivre pour manger ?

C'est aussi l'agressive intrusion du monde moderne. La fameuse haie qui transperce, au sortir de l'hiver, l'habitat naturel du petit peuple de la forêt, symbolise la cassure définitive entre la Nature et l'Homme. Pas de panique pour autant. Essaimés çà et là, tous ces zestes de conscience citoyenne et écolo tiennent plus de la salade légère que du beignet gras. Finalement, un film agréablement digeste, à croquer avec délice par les petits comme les grands.

Flore Geffroy (à Los Angeles)

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