Critique : Slevin

Laurent Pécha | 9 avril 2006
Laurent Pécha | 9 avril 2006

Avec comme distributeurs (US) les frères Weinstein, son histoire à tiroirs et référentielle (Sean Connery cité par le couple Josh Hartnett – Lucy Liu comme le Bond de référence, La Mort aux trousses et son George Kaplan cité comme modèle de référence…) et son casting quatre étoiles (outre les précités, on retrouve dans des rôles plus ou moins importants : Bruce Willis, Morgan Freeman, Ben Kingsley, Stanley Tucci, Robert Forster), l'ombre de Quentin Tarantino plane sur Lucky number Slevin.

Si le Kiss kiss bang bang de Shane Black avait réussi avec brio l'an dernier à s'émanciper de cette Tarantino's touch que beaucoup lui avaient trop vite collé, le nouveau film de Paul McGuigan, auteur du navrant remake de L'Appartement (Rencontre à Wicker Park), ne peut revendiquer un tel tour de force. Pour autant, loin d'être une simple pâle variation du cinéma de l'auteur de Kill Bill, Lucky number Slevin parvient à mener à bon port son histoire alambiquée mais finalement très prévisible pour qui est quelque peu physionomiste (la jolie séquence flash-back qui ouvre le film, plombe malheureusement tous les twists possibles à venir).

Devant supporter une mise en scène maniérée et souvent maladroite de McGuigan et un scénario jamais aussi surprenant qu'il voudrait l'être, Lucky number Slevin doit son salut avant tout aux performances de ses comédiens. Parfaitement à l'aise dans un rôle beaucoup plus nuancé qu'il n'y paraît durant la majeure partie du film, Josh Hartnett étonne tout en rassurant les fans du Dahlia noir sur sa capacité à endosser le rôle de l'inspecteur Bleichert. Dans le rôle d'un tueur aussi implacable qu'avare en mots, Bruce Willis fait du Bruce Willis… avec un talent que le récent et affreux 16 blocs nous avait fait oublier. En chefs ennemis de la pègre, Morgan Freeman et Ben Kingsley ne font certes pas dans la subtilité mais assument leur rôle de méchant avec une délectation de tous les instants. L'excellent et méconnu Stanley Tucci (le méchant monsieur qui ne voulait pas laisser Tom Hanks entrer aux USA dans Le Terminal de Spielberg) tout comme Robert « Jackie Brown » Forster permettent au film d'accroître sa liste d'acteurs susceptibles d'emporter le morceau à chacune de leurs apparitions. Enfin, pour le côté féminin et pour renforcer le côté film noir de Lucky number Slevin, on retrouve une Lucy Liu particulièrement convaincante car drôle et humaine qui forme avec Josh Harnett un joli couple de cinéma malheureusement sacrifié aux besoins du récit.

Entre efficacité relative (c'est avant tout très bavard sans le brio de qui vous savez), rebondissements en partie faisandés et sentiment de n'avoir rien de neuf à se mettre sous la dent, Lucky number Slevin a ainsi tout du film mineur mais qui par la grâce d'une distribution solide et inspirée emporte le morceau… le temps d'une éphémère séance.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire