Critique : L'Honneur du dragon - Tom yum goong

Stéphane Argentin | 7 février 2006
Stéphane Argentin | 7 février 2006

Après un Ong-bak très remarqué, Prachya Pinkaew (scénariste/réalisateur) - Panna Rittikrai (coordinateur des cascades) - Tony Jaa (acteur) réitèrent leur collaboration avec L'Honneur du dragon, Tom yum goong.

Disons-le d'entrée, bien que bénéficiant de chorégraphies une fois encore très spectaculaires, ce nouveau long-métrage se situe un cran en deçà de son prédécesseur. Le scénario tout d'abord, qui n'est certes pas le plus important sur ce type de production loin de là, avait au moins le mérite de « justifier » un minimum l'enchaînement des différentes cascades dans Ong-bak, tout en proposant en filigrane une intéressante opposition entre une Thaïlande rurale bien ancrée dans les traditions villageoises et bouddhistes et une Thaïlande urbaine gangrenée par le jeu, l'argent, la drogue et la prostitution. Dans Tom yum goong, la statue dérobée a cédé sa place à deux éléphants, autre symbole fort de la Thaïlande, dans une course contre la montre qui enchaîne désormais les différentes séquences sans véritable consistance (pourquoi une poursuite sur le fleuve, pourquoi un combat dans un hangar désaffecté contre la bande de loubards locale ?).

Ce reproche serait vite oublié si les séquences en question se montraient à la hauteur de celles de Ong-bak, ce qui n'est là encore que partiellement le cas. Un constat qui trouve sans aucun doute sa justification dans la volonté de capitaliser au plus vite sur le succès de son prédécesseur. Tandis que Ong-bak avait nécessité trois ans de préparation et un an de tournage, deux ans et demi seulement séparent la sortie (en Thaïlande) de ce dernier et de Tom yum goong. Et qui dit durée moindre dit nécessairement nombre de prises diminué. Résultat : exit les cascades montrées au ralenti tout en continuité et sous plusieurs angles de caméra pour bien souligner l'absence de trucages (câbles, matelas…). De très (trop ?) nombreuses scènes disposent désormais d'un montage et de cadrages beaucoup plus serrés pour « camoufler » ce manque de temps n'ayant pas permis d'aboutir à LA prise parfaite montrable en continuité.

Sans pour autant se rabaisser au niveau des montages épileptiques « à la MTV » des productions américaines, Tom yum goong souffre donc de la comparaison avec Ong-bak. Par chance, la dernière demi-heure du film relève considérablement le niveau, notamment au travers de trois séquences anthologiques qui, à elles seules, laisseraient une nouvelle fois des ecchymoses aux spectateurs rien qu'en les regardant : une succession de combats dans une salle inondée où l'on se prend à rêver un jour d'une adaptation réussie d'un jeu vidéo « beat'em all » de type Street fighter, la montée d'une tour en colimaçon et en plan séquence (cinq bonnes minutes), et enfin le carnage final qui tourne au véritable jeu d'osselets.

Quel dommage donc que les deux premiers tiers de Tom yum goong ne soient pas à la hauteur de ces trois séquences magistralement chorégraphiées, exécutées et filmées. Espérons désormais que la prochaine collaboration du trio réalisateur-chorégraphe-acteur (plus un soupçon de scénario) saura nous offrir un film 100% jouissif de bout en bout.

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