Critique : Chaos

Erwan Desbois | 9 janvier 2006
Erwan Desbois | 9 janvier 2006

Les papillons et leurs battements d'ailes ont rarement été autant à la mode sur les écrans que depuis que les scénaristes ont découvert la théorie du chaos. Après Le battement d'aile du papillon en France et L'effet papillon de l'autre côté de l'Atlantique, c'est au tour de Tony Giglio de s'accaparer cette théorie hautement séduisante cinématographiquement parlant pour orner d'un enrobage sophistiqué son troisième long-métrage (les deux précédents étant inédits en France, dont un Soccer dog au titre pourtant prometteur), sobrement intitulé Chaos.

La théorie du chaos ne prend cependant qu'assez tardivement une place centrale dans le récit. Toute la première moitié du film est en effet un polar gonflé à la testostérone, au ton d'un autre âge – les années 80 pour ne pas les citer. Les personnages sont caricaturaux, la mise en scène tapageuse mais sans génie, et les punch lines fusent aussi vite que les production values (décors, voitures) sont détruites dans des explosions et des poursuites tonitruantes. Cette absence de recul déconcerte, et Chaos n'est alors sauvé que par son scénario malin et rythmé. Celui-ci démarre par un braquage de banque mis en place avec soin mais vite conclu, afin de laisser la place à une enquête policière concentrée en une journée et aux multiples rebondissements.

S'inspirant sans vergogne d'Une journée en enfer (pour le jeu du chat et de la souris entre les flics et les braqueurs) et des films de David Mamet tels que La prisonnière espagnole (pour l'enchaînement de coups de théâtre et d'apparences trompeuses), Tony Giglio n'invente rien mais s'en tire avec les honneurs. Son film gagne en effet en intérêt sur la longueur, au fur et à mesure que ses protagonistes s'étoffent et dépassent les préjugés que l'on pouvait initialement avoir à leur sujet. Le dernier acte de Chaos, qui écarte le spectaculaire pour se recentrer sur les personnages, est d'ailleurs le plus réussi, et permet aux trois têtes d'affiche (Ryan Phillipe, très sérieux, Jason Statham, très charismatique, et Wesley Snipes, très cabotin) de se montrer sous leur meilleur jour après un début de film plus laborieux.

Cette montée en puissance s'achève par une pirouette sympathique et bien amenée (dans laquelle apparaît la fameuse théorie du chaos), même si certains l'auront vue venir à l'avance. De quoi conclure sur une bonne note ce polar de série aussi loin d'être honteux que d'être inoubliable. Les amateurs du genre passeront un bon moment, les autres passeront plus simplement leur chemin. Ça vaut la moyenne ça, non ?

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