Critique : Alex

Pour son premier long-métrage, le réalisateur José Alcala opte pour la simplicité en peignant littéralement le portrait d'Alex, femme farouche et indépendante qui galère entre son boulot, ses aventures sans lendemain et son fils de quatorze ans dont elle tente d'obtenir la garde. De par son utilisation du cadre et sa mise en scène épurée de tout artifice (pas de maquillage ou de musique) Alex relève essentiellement de la peinture naturaliste et puise ses influences aussi bien chez les frères Dardenne que chez Ken Loach dont le vecteur commun reste l'approche frontale des personnages. Le film déroule sur un rythme très lent une série de tableaux comme autant d'instantanés de la vie de son héroïne. S'il ne se distingue pas par un rythme scénaristique des plus effrénés, l'intérêt réside dans sa volonté de suivre au plus près le personnage dans son quotidien parsemé de coups de gueule, de cœurs, de combats pour enfin tendre vers une reconquête de sa vie.

Héroïne « dardenienne » par excellence, le personnage d'Alex est sublimement incarnée par Marie Raynal, véritable révélation du film qui irradie chaque plan de sa présence brute et en même temps si fragile. Le film réussit brillamment à dépeindre les relations empreintes de violence de tendresse qui lient Alex et les personnages qui l'entourent. À l'image de la maison qu'elle répare, l'héroïne se construit petit à petit à travers son entourage et principalement un fils avec qui elle tente désespérément de bâtir une relation mère/fils. Une allégorie que le réalisateur fait passer de manière très subtile évitant ainsi la métaphore grossière. Malgré une dernière partie jouant inutilement la carte de la prolongation, Alex parvient à être touchant à condition d'adhérer au style quasi contemplatif du récit où les émotions passent plus par les regards que par les dialogues.