Critique : Coup d'éclat

Laurent Pécha | 4 février 2005
Laurent Pécha | 4 février 2005

Le box-office peut être terriblement ingrat. Pour preuve, le sort réservé au dernier opus de Brett Ratner, gentil petit tâcheron aux bottes des exécutifs des studios. Alors que le réalisateur de Rush Hour et sa suite signe avec Coup d'éclat son meilleur film et de loin, il connaît pour la première fois de sa jeune carrière, un joli bide (un petit 28 millions de dollars de recettes aux States pour une mise de départ qui dépasse le double). S'il apparaît comme un simple parent pauvre de films infiniment plus sophistiqués ayant comme vedettes des arnaques en tout genre (Ocean's Eleven et Twelve, Thomas Crown made in McTiernan, Engrenages…) pour cause justement d'absence de vrai talent de cinéaste derrière la caméra, Coup d'éclat n'en demeure pas moins un divertissement particulièrement réussi, susceptible de faire passer un bon moment en compagnie d'une troupe d'acteurs charismatiques et visiblement très heureux de se donner la réplique.

Dans un style sans prétention (certains diront insignifiant) que la sublime photo de Dante Spinotti et les décors naturels absolument paradisiaques des Bahamas viennent sans cesse magnifier, Brett Ratner déroule son intrigue aux rebondissements multiples sans jamais vraiment chercher à épater la galerie. Si le côté suspense de son récit (tout ce qui tourne autour du vol du diamant) se révèle être des plus quelconques à l'image d'un final décevant, Coup d'éclat tire son principal pouvoir d'attraction de son casting.

Plus il vieillit et plus Pierce Brosnan dégage une classe folle. Comme en plus, il se montre ici particulièrement doué pour la comédie pure, son personnage de gentleman cambrioleur ayant du mal à accepter une vie paisible sous le soleil des îles s'avère on ne peut plus savoureux.
À ses côtés ou plutôt tentant désespérément de le rester, Salma Hayek donne ses lettres de noblesse à l'expression « belle plante ». Disons-le de la manière la plus directe et imagée possible : cette fille est une bombe atomique. Alors oui, on n'a pas attendu le Coup d'éclat de Ratner pour s'en apercevoir mais jamais oh grand jamais, l'actrice n'avait été filmée aussi avantageusement (merci Dante). On assiste donc à un festival de poses sexy où le corps très peu vêtu et terriblement bronzé de la comédienne est sublimé par une caméra visiblement toute entière dévouée à sa cause anatomique.

Le troisième larron à tirer son épingle du jeu (l'éternel second rôle, Don Cheadle et la très jolie Naomie Harris n'ayant pas assez de présence à l'écran pour rivaliser) n'est autre que le revenant Woody Harrelson (rien de palpitant depuis Les adversaires en 1999). Le duo antinomique (un flic-un voleur) qu'il forme avec Brosnan, procure tout le sel jubilatoire que l'on peut éprouver à la vision de Coup d'éclat. En Némésis de l'anti-héros qu'interprète l'acteur irlandais, Harrelson compose un personnage toujours berné et dépassé par les événements absolument irrésistible de drôlerie. Et quand le film fait cohabiter les deux hommes tel un vieux couple (ils partent pêcher ensemble, se passent de la crème dans le dos et finissent même par dormir dans le même lit), Coup d'éclat rêvete brièvement et succinctement les attraits glorieux des screwball comédies d'antan. Pas mal pour un cinéaste qui d'ordinaire fait office de yes-man arriviste. Non décidément, il y a des échecs qui paraissent vraiment injustes.

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