Trouble jeu : Critique

Stéphane Argentin | 27 janvier 2005
Stéphane Argentin | 27 janvier 2005

Robert De Niro face à un enfant au comportement troublant, on pense immédiatement au déplorable Godsend et l'on n'a plus qu'une seule envie : répondre poliment « Non merci, j'ai déjà donné. » Mais là où le réalisateur du plutôt réussi The Hole, Nick Hamm, avait sombré dans le grand n'importe quoi avec son histoire de clonage raté, John Polson, après un bien peu recommandable Swimfan, effectue le parcours inverse et nous livre une petite partie de cache-cache (Hide and seek, le titre en VO) beaucoup plus plaisante.

Encore qu'« angoissant » serait un terme plus adéquat pour qualifier le résultat. « Petite partie », en revanche, est parfaitement adapté pour décrire ce Trouble jeu, certes sans véritable surprise, mais qui sait parfaitement user des ficelles du genre sans pour autant en abuser. Le contexte pour commencer est d'une efficacité des plus simples : après un évènement familial hautement traumatisant (le suicide de la mère), un père et sa fille décident d'oublier cet accident tragique en allant se ressourcer dans une petite maison de campagne où la première âme qui vive se trouve suffisamment loin pour arriver toujours trop tard quand des évènements curieux se produisent… mais aussi suffisamment près pour faire partie des personnes soupçonnées.

 

 

Car lorsque lesdits phénomènes commencent à se manifester (à intervalles de plus en plus rapprochés et généralement du côté de la salle de bains, pièce où eut lieu le premier drame), plusieurs hypothèses nous sont plus ou moins clairement présentées : cauchemars, personne mal intentionnée (surtout vis-à-vis de la jeune et jolie petite fille), phénomène digne d'X-Files (goule, extraterrestre ou tout autre créature du genre…), schizophrénie intermittente… À toutes ces cartes, certes déjà vues dans d'autres jeux du côté du scénario, mais assez bien distribuées, s'ajoutent ensuite, autour de la table, des joueurs qui connaissent plutôt bien les règles et savent bluffer. C'est ainsi qu'en coulisse on retrouve quelques habitués des films sombres : Dariusz Wolski, directeur de la photo sur The Crow et Dark City, Jeffrey Ford, monteur sur Photo obsession, et John Ottman, compositeur (mais aussi monteur à ses heures perdues) sur les films de Brian Singer, dont Usual suspects, mais aussi Gothika ou encore Cellular. Ces quatre artisans de qualité apportent leur expérience dans le domaine du frisson à un John Polson (le réalisateur, donc) appliqué dans l'emploi de sa caméra aux cadrages et mouvements tout en douceur, mais où la combinaison de tous ces éléments finit par porter ses fruits. C'est ainsi que, sans pour autant nous faire sursauter, l'angoisse monte progressivement, produisant l'effet inverse d'un The Grudge au climat d'intensité finalement assez peu élevé, mais aux pics de frayeur dont les accoudoirs du fauteuil se souviennent encore.

 

 

Le dernier point, et non des moindres, qui fournit un net avantage à ce jeu trouble est la présence de l'effrayante Dakota Fanning. Un effroi à double sens car cette toute jeune actrice (11 ans à peine) fait non seulement preuve d'un jeu de plus en plus convaincant à chacun de ses rôles (cela en deviendrait presque inquiétant à son âge !), mais parvient surtout à tenir tête sans la moindre inhibition au grand Bob De Niro, après être parvenue à attendrir le gros dur Denzel Washington dans le plutôt bon Man on fire. Cette fois, la demoiselle parvient à nous inquiéter à chacune de ses apparitions par la simple expression de son visage livide et de son regard noir. Dire qu'une bonne partie de la réussite du film est due à ce petit bout de femme n'est certainement pas usurpée.

 

Résumé

À l'arrivée, sans être d'un niveau exceptionnel, Trouble jeu cache plutôt bien son jeu (sans jeu de mots), tout du moins jusqu'au twist final, qui a le tort d'une part de se croire ouvertement surprenant, et d'autre part d'être dévoilé un peu trop tôt, obligeant à une ultime partie de cache-cache moins palpitante que les précédentes, dont on préfèrera conserver le souvenir.

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