God Is a Bullet : critique à fond de balle

Mathieu Jaborska | 28 janvier 2024 - MAJ : 30/01/2024 17:18
Mathieu Jaborska | 28 janvier 2024 - MAJ : 30/01/2024 17:18

Comédien passé derrière la caméra en 1996 et immédiatement repéré par la presse, Nick Cassavetes est surtout connu pour son sirupeux N'oublie jamais. Après un détour par la comédie vaguement romantique Triple Alliance, il change radicalement de braquet dans God Is a Bullet, série B hard-boiled avec les trop rares Nikolaj Coster-WaldauMaika Monroe et des satanistes burnés. Mais chassez le naturel, il revient au galop...

Love is a bullet

La fille d'un détective pépère est enlevée par une bande de satanistes. Passé quelques semaines, ce cher Bob se rend bien compte qu'il va devoir prendre les choses en main. Il recrute alors une ancienne adepte du culte, qui s'en est extirpée malgré l'emprise de l'un de ses chefs. Ce duo improbable se donne pour mission d'infiltrer l'un des réseaux les plus dangereux et les plus impénétrables de l'arrière-pays américain.

Un pitch qui fleure bon la série B débile d'action, voire le buddy movie bien bourrin. Sauf que God is a Bullet dure 1h56. Une durée un poil excessive, conséquence d'un premier degré bienvenue... mais aussi d'une envie déraisonnable de s'étendre sur la bluette qui s'installe entre notre papa prêt à tout pour récupérer sa fille et sa coéquipière destroy. Si leur relation n'est pas inintéressante, ses relents romantiques embourbent le récit dans les bons sentiments.

 

God Is a Bullet : photo, Maika Monroe, Nikolaj Coster-WaldauNikolaj n'est qu'un chiffre

 

D'autant qu'ils n'étaient pas nécessaires : la caractérisation des personnages, ainsi que leur incarnation par des comédiens parfaitement à leur place (excellents Nikolaj Coster-Waldau et Maika Monroe) se chargent déjà de rendre l'épopée attachante. Car sans cette obsession, le sérieux avec lequel le cinéaste traite son histoire brute de décoffrage la démarquerait vraiment de la concurrence rigolarde. Le long-métrage assume de plonger lentement dans sa mythologie azimutée, peuplée de satanistes sectaires et de jeux de pouvoir prônant paradoxalement l'autodestruction, avec une sobriété appuyée par la mise en scène.

 

God Is a Bullet : photo, Jamie FoxxJamie Foxx, mis en avant dans la promo, mais présent dans 3 scènes

 

Stairway to hell

God is a Bullet vaut donc surtout pour sa description d'un univers sataniste clandestin, présidé par un Karl Glusman vénère, et de tout ce qu'une telle communauté implique. En effet, Bob est un fervent catholique et Case reste une défenseuse des idéaux de la secte. À travers leur collaboration difficile et leurs choix respectifs, Cassavetes raconte une Amérique profonde incapable de trouver un juste milieu entre les grilles morales qui y font autorité, entre l'amour et la haine de Dieu, entre le conformisme traditionnel et la révolte idéologique cynique.

 

God Is a Bullet : photo, Maika MonroeFini les bisous

 

Afin d'atteindre leurs objectifs, chacun lié à leur paroisse (le sauvetage de l'innocence, la vengeance froide), les deux anti-héros vont devoir accepter de faire des concessions, pour certaines imprimées directement dans leur chair. Rien de bien subtil, mais la patine sombre du film et son minimalisme (on colle aux basques du duo pendant deux heures) donnent un certain cachet à l'ensemble, sans pour autant en faire un pensum prétentieux. Et ce jusqu'à une avant-dernière séquence très réussie, dont le dénouement un peu trop spectaculaire parvient à semer le doute sur la réalité mystique derrière ces débats théologiques.

Malgré ses thématiques, God is a Bullet reste bien une grosse série B à l'ancienne. Sans le moindre sarcasme ou clin d'oeil, il s'enfonce tranquillement dans un monde de violence. Il sème les cadavres, culminant dans un climax en pleine nuit noire qui enchaine méticuleusement les explosions de tête au fusil à pompe avec une ferveur certes diluée, mais franchement appréciée. Pas besoin de se tatouer la tronche ou de brûler des bébés chats pour apprécier les headshot administrés avec passion.

God is a Bullet est disponible depuis le 27 janvier 2024 en VOD et DVD en France

 

God Is a Bullet : photo

Résumé

Une série B très lourdingue quand elle développe sa romance impossible, assez efficace quand elle explore son culte satanique... et explose les têtes de ses membres.

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Lecteurs

(3.5)

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commentaires
Paqpaq94
30/01/2024 à 14:49

J'avais bien aimé son Alpha Dog...

CPB33
29/01/2024 à 07:26

et il était aussi (il a débuté ?) dans Delta Force 3 avec tous les fils et frères de.... Penn, Douglas, Norris et Cassavetes.....(https://fr.wikipedia.org/wiki/Delta_Force_3)

Nder360
28/01/2024 à 23:41

Sa prestation dans le Volte Face de John Woo est également mémorable. Mais c'est bien tout...

Miki32
28/01/2024 à 19:00

J’attends la version uncut pour me faire un véritable avis

alshamanaac
28/01/2024 à 18:53

Nick Cassavetes est surtout connu parce que c'est le fils de John Cassavetes et Gena Rowlands non ? Plus que pour sa filmo...

Pour ma part, Nick je le connais surtout car il a joué dans un petit nanar qui a bercé mon enfance : Turbo Interceptor (Phantom) avec Charlie Sheen, il y jouait le méchant Packard... On avait enregistré ce film sur feu la 5 des années 80/90 et on a plus qu'usé la VHS avec les frangins ! On sort encore les répliques aujourd'hui...

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