Run Rabbit Run : critique d'une énième arnaque Netflix

Geoffrey Crété | 28 juin 2023 - MAJ : 28/06/2023 18:26
Geoffrey Crété | 28 juin 2023 - MAJ : 28/06/2023 18:26

On dirait un titre de Woodkid, mais Run Rabbit Run est simplement un nouveau petit film d'horreur sur Netflix. C'est l'histoire d'une mère (Sarah Snook, qui a la cote avec la série Succession) un peu instable, qui gère sa fille tout aussi étrange, sur fond de secrets de famille et visages crispés. Avertissement : c'est parfaitement fade et chiant sous ses airs intello.

triste lapin

Tout y est : la gamine flippante, le masque flippant, les dessins d'enfant flippants, la mamie flippante, sans parler de la musique grave qui vient souligner chaque silence et les innombrables échanges cryptiques pour souligner les lourds secrets terriblement secrets. Run Rabbit Run n'y va pas avec le dos de la cuillère pour installer le malaise dans cette famille décomposée, où une mère replonge dans ses mystérieux traumas d'enfance. Pour essayer de sauver la santé mentale de sa fille mais également la sienne, elle retourne donc dans la maison où tout a eu lieu.

 

 

Qu'est-ce qui s'est passé pour que tout le monde ait l'air d'avoir besoin de 8 ans de thérapie ? C'est justement le grand et seul enjeu de Run Rabbit Run. Durant 90 longues minutes, le film réalisé par Daina Reid et écrit par Hannah Kent tourne autour du pot à grands coups de silences pesants et sous-entendus lourdingues. La rétention d'informations est le seul moteur, et absolument tout dans le film (l'écriture, la mise en scène, la musique, l'interprétation de Sarah Snook) insiste sur ce mystère.

Sauf qu'au bout de la 18e scène qui évoque-sans-dire que quelque chose de grave s'est passé, la curiosité laisse place aux soupirs. Puis à l'exaspération. En tout cas, aucun frisson en vue, sauf ceux de l'ennui.

 

Run Rabbit Run : photoOh mon dieu, il fait nuit

 

allo Maman dodo

Run Rabbit Run se rêvait sûrement en Mister Babadook (pour la maternité contrariée et la violence sourde), Relic (pour le retour aux racines et le rapport générationnel entre les femmes) voire en Hérédité (les racines du mal dans la famille). Et entre les décors australiens servis par la photographie de Bonnie Elliott et le talent de Sarah Snook (qui a remplacé Elisabeth Moss, annoncée au départ), le film avait de bons arguments.

Le problème vient donc du scénario de la romancière Hannah Kent, qui tourne désespérément en rond et à vide. L'intrigue répète les motifs en boucle (la fillette est blessée et rejette sa mère, la mère craque et s'enfuit), comme si entasser était avancer. Elle accumule également les indices (une lettre brûlée, un appel ignoré, un prénom mystérieux), comme si les multiplier suffisait pour rythmer l'enquête intime. Le lapin est régulièrement remis à l'image (le surnom, le masque, et le vrai lapin qui n'a rien demandé), pour le simple plaisir de l'étrange, autour du titre. C'est tellement grossier que ça en deviendrait presque comique.

 

Run Rabbit Run : photoOh mon dieu, un couloir

Non seulement c'est parfaitement inefficace, puisque Run Rabbit Run ressemble vite à un court-métrage étiré, mais c'est en plus une auto-condamnation. Puisque tout le film est une énigme, la clé sera d'une importance capitale. Ce sera la condition sine qua non pour que l'expérience en vaille la peine. Spoilers : ce n'est pas le cas, d'autant qu'à ce stade, le détachement vis-à-vis des personnages sera trop grand pour s'en soucier.

Si quelqu'un avait par ailleurs l'espoir de quelques frissons, on conseille de prendre au pied de la lettre le titre – partir sans se retourner. Run Rabbit Run n'est aucunement un film d'horreur ou d'angoisse, et tente de misérablement cacher ce vide avec des effets pompiers (notamment la musique). Au mieux, il y aura une porte d'armoire qui tremble. Au pire, il y aura un énième plan sur ce foutu lapin blanc qui se promène dans un couloir. Difficile donc de ne pas terminer le film avec la désagréable impression d'avoir été pris pour une buse.

Run Rabbit Run est disponible sur Netflix depuis le 28 juin 2023 en France

 

Run Rabbit Run : Affiche officielle

Résumé

Run Rabbit Run aligne tous les clichés du faux film d'horreur pseudo-cérébral avec une lourdeur presque comique. Parfaitement chiant et dispensable.

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Lecteurs

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commentaires
Avsin.30
09/07/2023 à 04:39

Je ne comprend pas la fin quelqu’un peut m’expliquer ?

Mesnuitsblanches
04/07/2023 à 22:52

Je trouve votre critique terriblement injuste. C est un film sombre, complexe, déroutant, captivant où tellement de sujets sont effleurés en marge de l'essentiel; je n'en retiendrait que 3: la disparition d'un pilier familial (le grand père), la prise en charge familiale des anciens ou des grands malades, l'aveuglement par rapport à des tortures quotidiennes domestiques subies par des enfants ... lorsque le sage montre du doigt la lune .... SPOILER non ce n'est pas un film d'horreur, c'est une descente dans l'enfer du film d'horreur dans la tête d'une meurtière adolescente, désormais adulte et mère célibataire, dont la mort de son ancre paternelle déclenche un raz de marée de remords, de reproduction et de justification emportant dans une boue meurtière sa fille, son ex, peut-être sa mère ...

Cidjay
30/06/2023 à 09:52

@EL : "Parfaitement chiant et dispensable"
Critique concise, mais c'est pas beau de dire des gros mots !

Cecile
28/06/2023 à 19:28

quelle est la différence entre run rabit run et un rendez vous chez le docteur?
Aucune, c est long, c est pénible et on paye a la fin

Franken
28/06/2023 à 18:09

Parfois, il faut bien l'avouer, les motivations qui nous valent certaines critiques paraissent obscurément incognoscibles.
Mais qui donc n'a pas fui devant cette bande-annonce ?

Bilbo
28/06/2023 à 17:54

Cote/ Côte

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