Day Shift : critique bouffie contre les vampires sur Netflix

Ange Beuque | 12 août 2022 - MAJ : 13/08/2022 08:08
Ange Beuque | 12 août 2022 - MAJ : 13/08/2022 08:08

Après Night Teeth, la série First Kill ou encore l'anime Vampire in the Garden, les fétichistes de la canine affûtée sont à la fête sur Netflix. Pour sa première réalisation Day Shift, J.J. Perry envoie Jamie Foxx et Dave Franco édenter du suceur de sang, option désossage et anesthésie létale, avec la bénédiction de Snoop Dogg venu passer une dreadlock.

Des castagnes et des canines

Dix ans après avoir éradiqué du raciste dans Django Unchained, Jamie Foxx se lance dans la traque au vampire sous l'apparence d'un modeste réparateur de piscines. Pour sauver le monde ? Non, pour payer les frais de scolarité de sa fille. Après avoir donné dans la série B avec Projet Power, l'acteur revient dans le giron Netflix pour une nouvelle opération démasticage. L'attractivité de Day Shift repose bien évidemment sur sa promesse de castagne contre des créatures surnaturelles, plastronnant son interdiction aux moins de 16 ans comme une note d'intention portée sur le déversement d'hémoglobine.

Charge au néo-réalisateur J.J. Perry, qui a fait ses armes comme coordinateur de cascade (notamment sur Django Unchained, mais aussi John Wick que la bande-annonce racole sans vergogne), d'emballer le tout. Et puisque Scott Adkins, qui possède plusieurs ceintures noires dans autant d'arts martiaux et un pan de filmographie commun avec Jean-Claude Van Damme (Trafic mortel, Assassination Games...), est aussi de la partie, le spectateur peut légitimement espérer en avoir pour ses balles en argent.

 

Day Shift : Photo Jamie Foxx, Dave FrancoTu vois, il faut de l'ail pour gagner de l'oseille

 

Day Shift donne le ton dès sa première scène, déballant d'emblée les gros guns comme autant de promesses de gros fun. Certes, certaines cabrioles fleurent trop évidemment le numérique, mais le film ose le corps-à-corps percutant et tire profit des contorsions surnaturelles de ses antagonistes pour offrir quelques chorégraphies sympathiques entre deux décharges de chevrotine.

La mise en scène fait le job pour nous en faire profiter, sans éclat, mais avec une certaine efficacité. Tout aussi ludique, une course-poursuite en voiture se déploie en parallèle d'une partie de simili-Mario Kart. Dommage que le réalisateur n'ait pas suffisamment confiance en son idée pour en extraire davantage de substance.

 

Day Shift : photo Snoop Dogg, Jamie FoxxQu'est-ce qu'on attend ?

 

Les dents de l'amertume

Puisque Day Shift s'en sort bien dans l'action, on regrettera qu'il manque de générosité, offrant seulement une poignée de scènes fortes dont on peut deviner rien qu'en observant la timeline à quel moment elles seront disséminées. Le scénario de Tyler Tice meuble le reste avec une dynamique de buddy movie, en collant dans les pattes de Jamie Foxx un certain Dave Franco, “frère de” qui s'est signalé dans la neuvième saison de Scrubs avant d'intégrer la rotation hollywoodienne (21 Jump Street, Insaisissables...).

Leur dynamique du vieux loup expérimenté et du bizuth qui se pisse (littéralement, deux fois) dessus n'est jamais déplaisante, mais rarement transcendante, bien qu'en son dernier quart, le scénario s'appuie enfin sur son postulat fantastique pour oser une variable assez distrayante.

 

Day Shift : Photo Jamie Foxx, Dave FrancoEncore une blague pipi et je nous crashe volontairement

 

L'opposition basique entre les rigueurs administratives et le caractère tête brûlée du héros, ou la relation père-fille on ne peut plus cliché, n'aident pas davantage à élever Day Shift au-delà du déjà-vu, bien que la bande-son soignée emballe joliment le tout. Quant à l'humour, on lui pardonnerait volontiers de ne pas dépasser le stade anal s'il se montrait plus incisif qu'un embout de thermomètre en vaseline gélifiée.

Et ne comptez pas trop sur Snoop Dogg pour dynamiter le programme : son apparition trop programmatique d'équipier cool ne suffira pas à rehausser une filmographie chiche en coups d'éclat, à l'exception peut-être de son rôle de dealer dans le Training Day d'Antoine Fuqua.

 

Day Shift : photo Karla SouzaVampire en pire

 

Reviens rhésus, reviens

Day Shift développe un embryon de mythologie autour de ses vampires, ceux-ci se répartissant en plusieurs classes et bénéficiant de particularités censées justifier tel ou tel équipement ou stratégie. Hélas, ce qui distingue un “vampire zombie” d'un autre plus quelconque repose principalement sur les dialogues, bien que le scénario s'efforce d'adosser quelques rebondissements à ses maigres éléments de lore.

Ces aménagements très cosmétiques n'apporteront pas grand-chose à la figure exsangue des suceurs de sang, qui ressemblent visuellement à une prothèse oubliée au soleil de Gary Oldman dans le Dracula de Coppola. Qu'importe : le film fait diversion en utilisant le second degré référentiel, énumérant la quasi-intégralité de la saga Twilight pour masquer sa propre absence d'identité.

 

Day Shift : Photo Jamie Foxx, Dave FrancoLa vraie recette du Bloody Mary

 

Reste le décalage toujours amusant entre la trivialité des enjeux (frais de scolarité, appareil dentaire) et cet univers peuplé de créatures mortelles et de périls surnaturels, dont Day Shift tire dans ses meilleurs moments une énergie slapstick sanguinolente plutôt rigolote. Dans le rôle de l'impitoyable suceuse de sang tirée à quatre épingles et ses plans de domination lambda, Karla Olivares Souza (How To Get Away With Murder) se fait plaisir, bien que la principale manifestation de sa malfaisance repose sur sa propension à montrer les crocs et faire faner les fleurs.

Et si la mythologie déployée ne permettra pas de distinguer Day Shift du séminal Buffy contre les vampires ni de ses successeurs narrant une cohabitation plus ou moins conflictuelle entre les deux espèces, le cadre ensoleillé de Los Angeles tranche au moins avec les standards visuels d'un genre peuplé de photosensibles.

Day Shift est disponible depuis le 12 août 2022 sur Netflix

 

Day Shift : photo, Jamie Foxx, Snoop Dogg, Dave Franco

Résumé

Day Shift vise la jugulaire avec son casting et son défouraillage sanguinolent contre des contorsionnistes vénères. Dommage que ses canines s'éliment dans le gras d'un déroulé un peu convenu, au point de ne procurer finalement que le frisson plaisant, mais superficiel d'un suçon.

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commentaires
Ruby
15/09/2022 à 21:21

Petite faute de frappe, pas moyen d'effacer le 1ere comm?
Bon je disais direct scene de combat contre un vampire dans une maison.
Ok!
Vampire qui apparement craint la lumiere du jour!
Ok!
Combat pendant la journée dans une maison avec les rideaux fermés.
Ok!
Et donc combat il lui tire dessus lui fait des prises de catch lui brise les os la balance contre les murs, lui eclate la tete contre le mobilier, vide des chargeurs entiers dessus pour essayer de la tuer avec un pieu avant de la decapiter.

Heu frere, au lieeu de lui tirer dessus... ouvre les rideaux non?
Au lieu de la jeter dans le murs... jette là par la fenetre dehors en plein jours non?

Et le fils ou petit fils du vampire qui se ramene pour se battre 1h apres que le 1er coups de feu soit partit....

Bon ben le film s'est arreter là pour moi!

Ruby
15/09/2022 à 21:13

j'ai regardé direct scene de combat coontre un vampire.

Evan_Evans
03/09/2022 à 00:38

Ça se regarde.
C'est vrai que les explosions sanguinolentes numériques, parfois, ne sont pas d'une extrême qualité il.faut accepter De temps en temps un peu de copier coller.
Je n'ai pas compris pourquoi certains Vampires choisissent de combattre leurs semblables, j'ai peut-être rater une ligne de dialogue.
Pour ma part les meilleurs chasseurs de Vampires restent le Professeur Abronsius (le cinglé) et son fidèle assistant Alfred.
Avec ces pseudo-Blade (pas Runner) héritier de Wesley et autre Edward Cullen, on a définitivement perdu le charme de la British Hammer company et les scream girls ne sont plus que de simple Vampirella criant leur haine dans leur ultime corps à corps.

Mr vérité
21/08/2022 à 00:54

Les Nazarian Brothers volent la vedette aux héros. Du coup après leur scène, tous semble fade.

Matrix R
16/08/2022 à 20:24

Juste for fun

Kelso
15/08/2022 à 12:28

Bon divertissement, on passe un bon moment, et pour une fois c'est un scénario original avec pas mal de bonnes idées. Moi qui n'aime pas les films de vampires (a part 30 jours de nuits qui est culte à mes yeux) celui-ci m'a beaucoup plu grâce à son ambiance et son humour.

Saga69
15/08/2022 à 11:01

Pourquoi se fourvoyer dans ce genre de film ? Jamie, tu peux faire tellement mieux !

Sautenvick
15/08/2022 à 00:04

Vraiment pas grand chose à sauver dans ce film, la meilleur scène est celle de la maison avec les frangins, passé ça, tout n'est qu'ennui tant les scènes manquent d'ambition, et la pire étant la finale, en mode tunnel-carton pâte, avec en tout et pour tout une quinzaine de vampires tout mous pour force d'invasion ultime, tu parle d'un climax.

PTDR
14/08/2022 à 22:36

@Tetragrammaton

J'ai revu justement le Vampires de Carpenter la semaine dernière et ce Dayshift est clairement très en deça à tous les niveaux. À commencer par la fake badass attitude dans laquelle est baigné Dayshift. Il ne suffit pas d'une bande-son à base de standards du rap pour rendre une image cool. Et encore moins un Snoop Dog fatigué.

Ensuite, le scénar complètement téléphoné dont on connait tous les développement avant les personnages, ce qui est toujours pénible dans un film. Les fx sont bof parce que le numérique c'est visible. Et enfin les dialogues complètement dispensables tant ils sont vides de sens ou d'un quelconque savoir-faire.

La violence de ce Dayshift est aussi pénible. Elle est tellement gratuite et exagérée sans aucune raison que ça rend l'ensemble ridicule et on finit par se demander si ce sont vraiment les vampires les méchants.

Dans le Vampires de Carpenter il y a une vraie intensité dramatique. Les personnages ont un background, et leur violence, bien qu'excessive est compréhensible. Dans Dayshift les vampires sont juste de la chair à canon comme les zombies dans les films de morts vivants.

Dans le film de Carpenter il n'y a pas d'humour balourd qui désamorce la moindre montée dramatique. Au contraire. Dans Dayshift on est typiquement dans le contenu pour plateforme produit à la chaîne selon la même recette éculée que les blockbusters de Marvel.

J'ai trouvé ce film très mauvais, débile, n'ayant même pas l'intelligene de faire preuve du moindre recul sur ce qui est montré à l'écran. Les poursuites, les gunfights et les cascades vues et revues ces dernières années sont complétement génériques même si impressionnantes de prime abord.

On est typiquement dans la Netflixploitation où n'importe quel genre devient un produit sans saveur dans un catalogue sensé donner l'illusion du choix à un consommateur pressé entre les séries et films têtes de gondole de la plateforme.

Tetragrammaton
13/08/2022 à 23:30

Toujours des rageux ici. Le film ne vole pas très haut c''est vrai. Mais il est vraiment divertissant. Il démarre fort. De bons EFX, meilleurs que ceux de Prey Predator cette grosse bouse bien dégueulasse. Il me fait penser à Vampires de John Carpenter en moins bien certes mais il se laisse regarder. Je conseille

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