7 jours : critique fougueuse d'un anime qui fait du bien

Flavien Appavou | 11 octobre 2021 - MAJ : 11/10/2021 11:05
Flavien Appavou | 11 octobre 2021 - MAJ : 11/10/2021 11:05

Adapté du roman Bokura no nanokan sensô (7 days war), de Osamu Sôda, 7 jours est un film d'animation qui fait plaisir à voir, tant sur l'histoire que sur l'animation. Produite par le studio AJIADO, réalisée par Yuta Murano et distribuée par Eurozoom en France, cette histoire de combat générationnel mélangée aux problèmes politiques actuels, le tout enrobé dans un conte fougueux et intrépide, souffle vraiment le vent de l'automne.

Que jeunesse se fasse

Le roman d'où puise l'inspiration de 7 jours a vue le jour en 1985 et fut écrit par Osamu Sôda, appelée Bokura no nanokan sensô (7 days war), il s'est vendu à plus de 20 millions d'exemplaires. Un film a même vu le jour en 1988. Dans la saga des Bokura, les histoires sont toujours tournées sur des enfants qui punissent des adultes à coups de farces. Les histoires sont créées pour montrer un peu l'envers du décor et les brimades que peuvent avoir les enfants sur leur privation d'imaginaire ainsi que leur désillusion lorsqu'ils passent du côté adulte. 7 jours reprend ces thèmes et les ajuste avec des thématiques bien actuelles. 

On suit donc l'histoire de Mamoru Suzuhara, un lycéen calme et discret qui passe son temps à lire seul à l'école. Ses livres préférés sont ceux portant sur les tactiques militaires historiques et sur l'histoire en général. Il est secrètement amoureux de sa voisine et amie d'enfance Aya Chiyono, jeune fille très jolie, intelligente et gentille. Lorsqu'elle apprend que son père va prendre la place de député à Tokyo et qu'elle doit déménager, le jour de son anniversaire, et donc laisser tous ses copains de lycéen, elle fomente une fugue avec Mamoru pour pouvoir faire la fête avec ses amis.

 

Screenshot 2Ah, l'air frais de la fugue entre amis

 

Avec tous les potes, ils se cachent dans une usine désaffectée que tous les fans d'urbex adoreraient. Mais ils découvrent qu'ils ne sont pas les seuls à s'être cachés ici, ils font la connaissance de Marret, jeune réfugie thaïlandais, recherché par les services de l'immigration pour le renvoyer dans son pays. Pour protéger Marret des policiers, les jeunes adolescents décident de tenir un siège dans l'usine et de faire la guerre aux adultes qui veulent les déloger et ainsi trouver une solution pour le jeune thaïlandais de retrouver peut-être ses parents. 7 jours de guerre sont ainsi déclarés. 

Une joyeuse fable où les adolescents regorgent d'idées pour tenir tête aux adultes, tout en se découvrant les uns les autres. Ces compagnons d'armes que tout opposait au début vont rivaliser d'ingéniosité et découvrir leurs talents cachés. Et qui dit vivre en communauté veut dire aussi secret ! Tous les protagonistes ont aussi leur jardin bien couvert au fond d'eux qui les ronge. Avec ce siège, la pression extérieure et la pression des réseaux sociaux, les adolescents vont devoir aussi partager plus d'informations que prévu. C'est un demi-pied dans le monde des adultes, on va dire. En tout cas, c’est finement joué de la part du scénariste et du réalisateur. 

 

Screenshot 10C'est quoi ton secret ?

 

Animation fougueuse

Produit par le studio AJIADO, 7 jours a été confié entre les mains de Yuta Murano, qui a travaillé sur How not to summon a Demon Lord et Dream Festival. Il réalise avec 7 jours, son premier long métrage d’animation. Son travail pourrait se rapprocher de Masaaki Yuasa (le réalisateur de Ride Your Wave) dans ses intervalles et sa folie créatrice avec allongement des corps surtout dans les scènes d'actions ou de gags. Les déformations physiques et de temps sont allégrement utilisées pour donner de la rythmique dans l'animation. Et ici, elles sont vraiment bien utilisées et apporte une vraie dose de fraicheur.

Yuta Murano excelle dans la mise en valeur des plans larges et architecturaux, mais pêche un peu sur ses plans plus serrés où l'émotion doit être prédominante. On ne sait pas si c'est par excès de zèle ou parce qu'il manquait de temps, mais parfois les scènes d'émotion restent un peu figées, à part quelques cheveux, mais le visage ne bouge pas et c'est peut-être là l’unique point faible du film. Car son rythme effréné dans l'animation ne laisse aucun répit au spectateur. Chaque action est millimétrée pour faire sentir la fougue de la jeunesse, et pour faire ressortir aussi l'enfant qui est en nous.

 

Screenshot 9On va leur mettre la misère

 

On sent que les animateurs s'amusent autant que les adolescents dans l'histoire, ils regorgent d'idées inventives et jouent avec les effets de lumières et d'ombrages pour n'en sortir que des scènes de toute beauté. La lumière est excellemment bien animée, surtout avec l'usine qui sert de terrain de jeu énorme à ses effets. L’autre jeu auquel les animateurs s'attardent aussi, c'est la dichotomie entre ancien et moderne. Elle se joue sur les couleurs un peu pastel sur l'entièreté du film, sur les décors ainsi que sur les expressions des personnages adultes et adolescents. Les règles du jeu sont respectées et dès qu'ils peuvent outrepasser les limites, ils y vont. C'est très énergisant. 

Cette fougueuse animation vient aussi du scénario qui laisse place à des ingéniosités technique et graphique. C'est Ichirô Okôchi qui s'y colle. Il a écrit le scénario des séries Planètes ou encore Code Geass et a même participé à Devilman Crybaby. C'est donc quelqu'un qui connait les codes et qui les manie très bien. Il en profite donc pour mettre dans son histoire des petites leçons de morale sur les réseaux sociaux,  sur le rapport à l'autorité et aussi sur l'immigration. C'est assez surprenant de voir tous ces thèmes abordés dans un film, c'est une sorte de coup de pied dans la fourmilière, mais justement, c’est ce qui attire la curiosité et qui fait aussi réfléchir.

 

Screenshot 3À la guerre comme à la guerre

 

Musique entrainante

Qui dit animation dit aussi musique. Celle-ci est composée par Jun Ichikawa. Écrite pour soutenir le récit et les phases d'actions ou d'émotion, elle le sublime et le porte même aux nues. Vu que la réalisation est très "élastique", elle se cale bien au rythme de la musique et parfois on a l'impression de voir un clip musical. Surtout quand les chansons de Sano Ibuki interviennent, les animateurs s'emballent directement sur leurs tablettes graphiques et les intervalles deviennent plus courts pour respecter l'univers musical imposé. C'est assez fou fou, mais ça colle à l'ambiance du film, jeune et frais.

Malgré ses tout petits défauts de justesse dans l'animation ou dans l'interprétation des seiyus, 7 jours est un film qui fait vraiment du bien. En abordant des thèmes d'actualités, tout en jonglant avec l'ancien et le moderne, il arrive à nous porter des messages touchants et forts. Chaque spectateur sortant du film a juste envie d'être irrévérencieux et de s'amuser de la vie. Comme leçon de morale, on peut dire que le film a bien rempli son rôle ! 

 

Affiche officielle

Résumé

7 jours est un film qui souffle un vrai vent automnal, avec sa fraicheur et son énergie communicative, il remplit notre cœur d'une fougue de la jeunesse. Qu'on soit adolescent ou adulte, on garde notre âme d'enfant en regardant ce film. Et on a même envie d'être moins poli ! 

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commentaires
galetas
12/10/2021 à 19:32

Malheureusement à quelques détails près, c'est très convenu et ses personnages ultra-archétypaux de l'animation japonaise commencent à me dégoûter...

Guéguette
12/10/2021 à 08:51

Je jetterai un coup d'oeil mais le chara design ne s'éloigne pas des purs clichés, pas rassuré sur la qualité du discours.

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