Jiu Jitsu : critique du Predator d'arts martiaux avec Nicolas Cage (oui)

Mathieu Jaborska | 23 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Mathieu Jaborska | 23 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Qui de mieux pour faire honneur au cinéma d'action absurde des années 1980 qu'un cinéaste qui y est littéralement né ? Dimitri Logothetis s'est fait un petit nom avec quelques séries B oubliées de la grande époque, comme Slaughterhouse Rock ou encore Body Shot, premier rôle principal de Robert Patrick après Terminator 2, avant d'enchainer sur quelques séries TV et de se lancer dans la saga Kickboxer en tant que producteur et réalisateur. Entre deux collaborations avec Jean-Claude Van DammeChristophe LambertDave Bautista et même Neymar, il se paye Tony Jaa et le seul et unique Nicolas Cage pour un Predator avec des ninjas et des marines. Forcément, on ne pouvait pas manquer ça.

honest trainer

La série B bébête est-elle morte ? Question pertinente, alors que SharknadoIron Sky et consorts ont fait sombrer les très petits budgets de genre américain dans la comédie feignante. Misant tout sur l'absurdité de leur postulat, ils s'alignent tous sur le créneau "nanar volontaire" (paradoxe croustillant s'il en est) qui a si bien réussi à la firme The Asylum, sans pour autant infuser le produit fini d'une once d'inventivité ou de passion. Heureusement, quelques papys font de la résistance, comme le dernier avorton de la saga Puppet Masters, grand prix et prix du public au festival de Gerardmer 2019. C'est dire à quel point le public traque les plus honnêtes de ces péloches, désormais très rares.

Et Jiu Jitsu pouvait donc s’avérer salvateur, puisque le vétéran Dimitri Logothetis y embarque sa muse, le poisson pané aux gros biscoteaux Alain Moussi, dans un délire de science-fiction martial au potentiel foutraque illimité, avec en prime des apparitions remarquées de deux cadors du n’importe nawak fun : Tony Jaa et le truculent Nicolas Cage. Ce dernier, oscar du meilleur acteur pour Leaving Las Vegas en 1996, faut-il le rappeler, s’improvisant grand manitou d’une secte dont le seul but est de bouter régulièrement un alien super-balèze dans sa dimension.

 

photo, Nicolas CageLe combo bandeau-choucroute à la rescousse

 

Les amateurs de Cage-porn seront aux anges : leur divinité, déjà excellente, récemment, dans The Color Out of Space, se laisse aller à quelques élucubrations mystiques non-sensiques avec un chapeau en papier sur la tête. Les fans de plaisirs d’action sans prise de tête ne seront pas non plus déçus par une première demi-heure qui évite soigneusement la parodie pour faire ressortir le mot d’ordre du film : la générosité.

Le long-métrage n’hésite pas à aligner les séquences de baston dans une frénésie rappelant presque les deux derniers opus de la franchise over-bancale Universal Soldier, la violence décomplexée et hypnotique en moins. Et c’est dans cette première partie qu’elle brille le plus, grâce à Tony Jaa, artiste martial confirmé échappé d’Ong Bak, qui permet aux chorégraphes (dont il fait peut-être partie officieusement) et aux techniciens de se surpasser. Il est au cœur de la séquence la plus fun du film : une course sur les toits filmée à moitié en point de vue subjectif. Une expérimentation formelle étrangement radicale qui se marie particulièrement bien avec les enchaînements dévastateurs de l’acteur.

 

photoEn route vers la castagne

 

Ennui vs Predator

Malheureusement, il s’agit indéniablement du meilleur morceau de bravoure d’une production qui ne manque certes pas de bastons très bien filmées, mais qui peine à se renouveler dès lors que les enjeux se précisent. En effet, les premières minutes jouent beaucoup de la cohue générale, et tout change lorsque Nicolas Cage se ramène pour exposer d'un ton illuminé l’état narratif des choses.

Le film se mue alors en repompe assumée de Predator, avec en guise de bad guy un cascadeur en costume gris, lequel chasse pour le plaisir et peut devenir invisible quand le scénario le demande. Il ne manquerait plus que les trois points rouges et un design un peu plus inspiré pour titiller les avocats de Disney (probablement encore plus redoutables que ceux de la Fox). Heureusement pour lui, Logothetis ne franchit jamais la ligne.

Il se contente de recycler la structure du chef-d’œuvre de John McTiernan avec quelques terrains vagues jonchés de rochers en plastique pour remplacer la jungle, et l’acteur principal, toujours effroyablement inexpressif, devant sa carrière à ses indéniables talents martiaux, dans les bottes d’Arnold Schwarzenegger. Plus concrètement, le monstre affronte les gentils un par un dans un combat à la loyale. Une logique alléchante sur le papier, surtout après les cabrioles audacieuses de Tony Jaa et du pauvre opérateur chargé de le suivre caméra à la main, mais véritablement décevante dans les faits.

 

photoDes muscles et des fesses extra-terrestres

 

Bien moins inspirés que les combats qui jalonnaient la première partie, ces affrontements font preuve d’une certaine répétitivité, chorégraphique et visuelle, qui pourrait presque faire deviner un bâclage éhonté. Peut-être est-ce finalement l’argument science-fiction qui gêne autant le metteur en scène : à peine énoncé, il affaiblit l’ensemble. Forcément, il est plus difficile de rendre crédible physiquement un sous-Predator en caoutchouc qu’un Tony Jaa déchaîné.

En 2015, Mortal Kombat X ajoutait à son roster de personnages Predator, pour le plus grand plaisir des joueurs gorophiles. Jiu Jitsu est peut-être la réponse du 7e art à ce cross-over délirant. Dommage, donc, que la nervosité de son gameplay n'ait pas été restituée.

 

Affiche officielle

Résumé

Si Tony Jaa et l'enthousiasme du réalisateur dynamisent une première moitié qui ravira les amateurs de séries B d'action, le film s'assagit dès l'apparition de l'alien pour se laisser aller à une répétitivité heureusement transcendée par les apparitions hallucinées d'un Nicolas Cage toujours plus en roue libre.

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commentaires
Hyb08
25/11/2020 à 12:36

ça ressemble à un canular bordel xD

Ryuden
23/11/2020 à 23:07

Euh... Vous ne vous êtes pas planté sur l'indication de la durée ? A chaque fois que je cherche le film, sa fiche indique 1h42, pas 2h07 comme pour vous.

Bob nims
23/11/2020 à 19:39

Excellent ca a lair genial d'ailleurs ou en est prisonners of gosthland de sion sono avec cage ???

Iam in cage!!!!!!

alulu
23/11/2020 à 19:34

On peut le voir gratos sur Kodi en mode Cobra Kai :)

letleilaxu
23/11/2020 à 19:28

A mon avis tout le budget du film est passé par le salaire de Nicolas Cage tellement c'est cheapos...

Maître Yoda
23/11/2020 à 19:15

Vers le côté obscur du net tu le trouveras

Ethanhunt
23/11/2020 à 18:28

@ecranlarge bonjour!! Vous l avez vu ou le film pour en faire une critique? Cordialement

Bubble Ghost
23/11/2020 à 17:28

@Ratarak, pour l'instant nulle part. Puisque ce n'est pas encore sortie chez nous.

Ratatak
23/11/2020 à 16:51

Ca se voit ou ?

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