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Tout Simplement Noir : critique de babtou islamo-gauchiste

Par Simon Riaux
16 mai 2023
MAJ : 20 novembre 2024

Tout Simplement Noir, faux reportage et véritable comédie consacrée à la tentative d’un comédien raté d’organiser une grande marche des hommes noirs de France, est arrivé sur les écrans après plusieurs semaines d’un débat national à couteaux tirés. Alors qu’éditorialistes, politiciens et citoyens s’écharpent sur la question de l’identité et la mémoire de la population française, un film traitant aussi frontalement de la question du communautarisme est forcément reçu avec un mélange de curiosité et d’appréhension.

Tout Simplement Noir : Affiche officielle

DÉBOULONNER LA COMÉDIE FRANÇAISE ?

Dès sa première séquence, le film de John Wax et Jean-Pascal Zadi établit clairement la ligne que le duo parviendra à tenir jusqu’à sa conclusion. Auteur de happening consacré à la question de l’esclavage au buzz retentissant, Jean-Pascal est suivi par une équipe de documentaristes, auxquels il dévoile son grand projet de marche politique, réservée aux hommes noirs. Savant mélange de sincère ahuri, de François Pignon et de léger opportuniste, il déroule son argumentaire…. jusqu’à ce que sa compagne envahisse le plan et l’amène à se tourner en ridicule. Comique de situation, mise en abîme de questionnements politique, délire méta et comique de situation, soit une mixture aussi instable que potentiellement hilarante.

Plutôt que de se dérouler comme un tract, le métrage fait toujours le choix du pas de côté, et dévoile lors de chaque séquence, le pendant absurde, non sensique des raisonnements de ses personnages. Le film y parvient grâce à un discours particulièrement précis et nuancé. Plutôt qu’une critique (ou un panégyrique) du communautarisme, le scénario s’interroge avec acidité sur la nécessité même de ce dernier, et la possibilité de son avènement dans un univers aussi fractionné que la France de 2020. Comment, pourquoi et avec qui fabriquer du commun ?

 

photoL’activisme de la lose

 

Hommes, Femmes, artistes, fonctionnaires, associatifs, indifférents, calculateurs ou sauveurs auto-proclamés, tous les protagonistes du film, qui jouent leur propre rôle, proposent, généralement le temps d’une saynète vouée à un spectaculaire partage en sucette, l’exploration d’un petit ratage social, d’une incompréhension, d’une impasse humaine.

Chacun s’amusant à tordre assez violemment son image, Tout Simplement Noir parvient à s’imposer comme une matière à réflexion ludique, qui se plaît à penser contre elle-même, tout en proposant un arrêt sur image passionnant des débats et tensions français. 

 

photoUne famille formidable

 

TOUT SIMPLEMENT DRÔLE

Capturer avec intelligence une situation problématique, désamorcer les clichés et les raccourcis intellectuels, voilà qui est bien beau, mais n’a jamais garanti au spectateur de rire. Et pour y parvenir, le duo de réalisateurs organise une intense leçon de chaos. Plutôt que de récuser l’usage des stéréotypes, ils démontrent avec une efficacité ravageuse que, quand ils sont employés pour servir les personnages et non les écraser, ils deviennent un ressort comique à peu près invincible. 

Cette position les autorise à pousser leurs personnages dans des retranchements parfois proches du cartoon, quand Lucien Jean-Baptiste implose au cours d’un débat intense avec Fabrice Éboué ou que Mathieu Kassovitz se découvre une fibre racialiste d’une singulière intensité, le duo de cinéaste amène toujours ses concepts dans les derniers retranchements de la folie.

 

photoLe grand pétage de plombs de 2020

 

Aussi à l’aise avec l’outrance que les bons mots, ils réussissent à jongler avec des dialogues souvent piégeux, cartographiant les petites veuleries quotidiennes de tous ceux que croisent Jean-Pascal (et les siennes), avec un art de la cruauté consommé.

Assister à ses innombrables naufrages humains ou intellectuels a quelque chose de fascinant, alors que la moindre ligne de dialogue capture les paradoxes d’un anti-héros toujours à côté de la plaque, intimement touché par la cause qu’il défend, mais le plus souvent incapable de la servir. Ces passages où la gène se déploie, construisant un humour à combustion lente redoutable, occasionnent leur lot de fous-rires, jamais amoindris par le discours très articulé sur la vie de la cité qui constitue le coeur du projet.

 

photoFary, faisant une proposition indécente

 

Seul regret, la forme du documenteur, si elle sert parfaitement les moments de malaise, engendre une certaine répétition et écrase parfois un peu l’émotion. Comme lors de la seconde arrestation montrée dans le film, qui entend créer un écho à la fois grave et amer à une précédente séquence policière, sans que cette bonne idée puisse vraiment être traduite par la caméra ou le montage.

Enfin, pour brillantes que soit l’immense majorité des scènes, le rendu du simili-reportage souligne ici et là que cet assemblage de sketchs drôles et politiques manque un poil de dramaturgie, comme lors de sa conclusion, où le dispositif ne permet pas de capter la manière dont le scénario marie les tonalités pathétiques et comiques.

 

Affiche officielle

Rédacteurs :
Résumé

Politique, fin, énervé, remuant et incroyablement marrant, Tout Simplement Noir transcende sa nature de film à sketches pour proposer un portrait passionnant d'une France en pleine introspection identitaire.

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Flo1

Après quelques films un peu fauchés, Jean-Pascal Zadi réalise (avec John Wax) une fiction semi parodique sur la représentation des personnes noirs en France… Et se contente surtout de représenter un maximum de personnalités noires connues, dans un film mockumentaire pas moche (format scope, belle lumière), où elles s’exprimeront sur leur statut précis… mais dont le potentiel comique est assez bancal.
Le modèle évident c’est Larry David, avec un personnage (Zadi en l’occurrence) qui s’insère dans une situation a priori banale, et qu’il va dynamiter malgré lui à cause d’une énormité dite ou faite. Et une bonne dose de mauvaise foi mêlée de gêne, immortalisées par des regards caméras.
D’autres l’ont fait aussi bien en France, dont Fabrice Eboué (« Inside Jamel Comedy Club ») et Éric Judor (« Platane »)… Qui sont aussi présents, dans des scènes de pétages de plombs souvent trop exagérées pour être crédibles : comment ça se fait que face à Zadi, des personnes plus mesurées mais plus noires, comme Claudia Tagbo ou Kareen Guiock, deviennent enragées, en viennent aux mains, jusqu’à carrément devenir sauvages ? Et pendant que le métis Eboué nous fait une belle dieudonnite, avec bafouillements, le très noir Lucien Jean-Baptiste nous sort la machette et tout ?

Avec la tête de Goofy de leur interlocuteur, on se trouve certes dans du cartoon, mais un peu exagéré. Idiot Dostoïevskien ?
À moins que ça soit un porte-poisse doublé d’une catastrophe ambulante, mais il aurait alors fallu traiter le côté absurde, à la lisière du Fantastique (à coup de marabout ?).
Tout comme l’intervention de Fadily Camara à propos des couples mixtes, pour enchaîner ensuite avec la question arabe… et zapper son vrai mari Hakim Jemili ?
Bon à l’époque ils n’étaient pas aussi connus, mais Caroline Anglade quand-même… Pourquoi une telle place fictionnelle avec certains acteurs plus que d’autres, sachant que la postérité mettra tout le monde à peu près au même niveau ?
Quant à certains gags, on les voit venir de très loin : ce fameux rendez-vous secret la nuit ? Ça ne pouvait être que « lui »…
Kassovitz qui dérape ? Déjà fait avec Hazanavicius dans « Platane »…
Ce n’est pas toujours très drôle, et rarement hilarant.

Sinon le film marche bien avec certaines références (« Moonlight »), et quand on a le binôme avec un Fary obséquieux, au point qu’on aurait pû juste se concentrer sur les deux et leur rapport à la célébrité – ou la recherche de celle-ci. Jusqu’à faire de Omar Sy l’adversaire principal de Zadi, dont on attend avec impatience la confrontation…
Pour que cet individu se rende enfin compte de sa banalité, qui ne peut que l’empêcher de voir plus grand ni de gagner du respect. Son projet de grande Marche Noire devenant stupide à mesure qu’il en fait quelque chose de segmentaire, car calqué sur une imagerie américaine qui n’a plus court – il y avait forcément peu de blancs pendant les marches d’antan, tandis que aujourd’hui moins de monde hésiterait à venir les soutenir.
Une confrontation policière (faisant écho à celle du début qui lance le buzz – et anticipant de peu George Floyd) sera traitée de façon plus amère, et remettra les pieds sur terre à l’hurluberlu.
Histoire de rappeler que la modestie peut être inéluctable, elle n’en rend pas les actes symboliques moins importants.

superkiki

je n’avais pas compris que les lecteurs d’écran large sont de grosses buses fascisées…. se prétendent cinévores alors qu’ils ont (ici sur ces commentaires) du vomis à la place du cortex…et en plus ça se pense fins connaisseurs en cinéma, en science sociale etc…..
alors oui ya plein de Noirs dans ce film, Français ou pas, c’est pas important, mais à lire la réaction ou l’incompréhension de certains qui trouvent ça nul, je vois qu’on est pas sorti de l’auberge ou l’eau berge ?? non de la gerbe…
un film qui parle de français en france et de toute l’incompréhension sur le racisme, le passé coloniale ou le présent raciste dégueulasse….
tiens c’est dommage hier Vinicius en espagne a eu le droit à des cris de singes…on s’indigne si peu……bref, les facheux là, allez bien vous faire enclumer.

Polo

Tiens, c’est curieux. Mon commentaire a été unilatéralement effacé (censuré), pratique classique de l’extrême-gauche qui guide ce site.

Polo, alias moky99

C.

Je ne mange pas de navets.

Abdel

Film d’une nullité ,mais comment peu t on faire ça !!!

Olvers974

c’est un film léger sur les clichés …
Il est bon, soulève quelques problématiques. Il n’y a rien de mal dans ce film.
On y voit que tout le monde est au final « raciste » gentillet … avec ces propres clichés, stéréotypes etc
C’est ça qui est beau au final, la différence, tant qu’elle n’oblige personne d’y céder et de s’imposer comme norme.

Josh rendal

Film d’une pauvreté cinematographique affligeante qui ne m’a pas decroché un sourir et qui se paye le luxe d’etre en dessous de Divorce Club et Terrible Jungle (qui sont sauvé du désastre par quelques scenes amusante et des vrais comediens malgres tout ) . Soprano , Vikash Dhorasoo , lilian Thuram , Joey Starr , Hanouana… faites nous rever avec ce casting de guest-tare .
Le film et comedie francaise la plus drole ,emouvante et la plus marquant de l’ année 2020 c’est « PLAY » qui est le digne heritier de films comme le Peril Jeune et L’auberge Espagnole .

Djuba

Vu il y a quelques mois, j’ai le très vague souvenir d’une comédie sympathique, mâtinée d’une légère beauferie.
Compte tenu du faible impact résiduel que je conserve de cette aimable potacherie, je craint que le pamphlet de Jean-Pascal Zadi ne soit finalement qu’anecdotique, la faute à une réalisation inexistante.

Recycleman

Film à déposer dans la poubelle de l’histoire du cinéma.

Garamante

@Bob: avec un raccourci pareil (tu aurais aussi pu ajouter d’autres étiquettes: parigot-intello…) ça doit extraordinairement simplifier les débats et la réflexion non ? Les étiquettes c’est vraiment cool: ça évite de réfléchir, de débattre, d’approfondir, d’avoir de l’empathie enfin bref… de faire à peu près tout ce qu’on peut faire avec le truc inutile que l’on a entre les deux oreilles. La vache, ça doit être reposant.