Code 8 : critique pépères-pouvoirs

Simon Riaux | 18 avril 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 18 avril 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Les super-héros tenant le haut du pavé hollywoodien, les productions plus modestes sont évidemment désireuses d’attirer à elles le large public que le genre passionne. C’est précisément le but poursuivi par Code 8 de Jeff Chan, série B disponible sur Netflix, qui entend nous plonger dans le quotidien terrible de citoyens malmenés en raison de leurs super-pouvoirs. 

DEUS PRESQUE 

Vivant de petits boulots, Connor survit du mieux qu’il peut, et désespère de pouvoir payer à sa mère un traitement contre la maladie qui la ronge. Condamné à la semi-clandestinité par ses capacités surhumaines, il fait face quotidiennement à l’oppression d’un pouvoir qui a décidé de faire de ses semblables des parias. Les amateurs de comics reconnaîtront là l’ADN des X-Men, et plus particulièrement de Days of Future Past, dont l’influence est ici prégnante.  

Dans sa représentation d’un état autoritaire recourant volontiers à des proto-Sentinelles (qui setent bon les créations de Neill Blomkamp) pour maltraiter les détenteurs de pouvoirs, Code 8 sait manier avec malice l’important leg culturel de décennies de comics et de films ayant abordé ces thématiques. Grâce à son rythme rapide (le métrage adopte une durée ramassée de 98 minutes), il nous immerge efficacement dans un quotidien pas si éloigné du nôtre, dont les pulsions de surveillance et de contrôle se font dangereusement évocatrices. 

 

photo"Si  tu écris que je ressemble à Chappie, je te chope !"

 

Si les personnages que nous croisons peuvent manipuler l’électricité, lire les pensées ou soigner, le scénario a la bonne idée de ne pas céder à la folie des grandeurs, et préfère représenter des super-héros du quotidien, aux pouvoirs modestes. Parce qu’ils sont à peine supérieurs, les personnages demeurent humains, et offrent un sentiment de réalité parfois troublant à sa vision. Ce n’est pas tant la surpuissance qui inquiète ici, mais bien la différenceet confère à cet univers une dimension palpable très plaisante. Sans doute conscient qu’il ne peut transcender un budget très modeste, Chan choisit donc d’intégrer SF et fantastique par petites touches, qui génèrent une tension bienvenue, laquelle booste toute la première partie du récit. 

 

photoUn héros pas toujours branché sur le secteur

 

MOLLEVERINE 

Malheureusement, pour sympathiques que soit l’entreprise, elle souffre de ne jamais aller au bout des pistes qu’elle nous propose. Premièrement, si limiter l’amplitude des pouvoirs pour souligner la dimension prolétaire de ses personnages était une bonne idée, cette dernière ne pouvait faire sens que si leurs enjeux personnels et dramatiques se retrouvaient décuplés. Or, les motivations de chacun sont si communes et banales que jamais la mise en scène fonctionnelle de Chan ne peut les transcender. Et assister en guise de climax à la joute mollassonne d’une poignée de zigotos pas foutu de viser correctement ne fera que renforcer cette impression. 

 

photo, Robbie Amell"On a peut-être pas d'idées, mais on a des ampoules !"

 

Plus problématique, la violence de l’univers dépeint est altérée par la naïve couillonnerie de plusieurs protagonistes. Le vilain trafiquant n’est finalement qu’un bad boy au grand cœur, le flic qui traque les mutants s’humanise quand sa descendance dévoile des capacités hors-normes, quant à notre héros, il pousse la banalité Œdipienne assez loin pour donner des fantasmes de parricide à Bambi. Non content de souffrir d’une hémorragie de charisme inquiétante, le malheureux Connor se révèle bien incapable de transmettre au spectateur les dilemmes engendrés par la brutalité la société où il évolue, condamnant le film à une flaccidité indépassable. 

 

Affiche officielle

Résumé

Malgré ses bonnes intentions, ses influences sympathiques et son bon sens du rythme, cette série B super-héroïque souffre d'enjeux et d'une écriture bien trop mollassons pour nous électrifier la rétine.

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commentaires
Okay
18/04/2020 à 19:49

Merci pour ta réponse Simon, malheureusement le film est bien répertorié mais pas encore disponible...

Simon Riaux
18/04/2020 à 13:39

@Okay

Bonjour !

Non, je n'avais pas vu le court éponyme avant de me lancer dans Code 8.

Pour Seconds, qui est une merveille, de mémoire il est dispo sur la Cinetek, et pense qu'ils l'ont forcément en VOST. Attention par contre il est peut-être classé avec son titre français, qui doit être L'Operation Diabolique.

Okay
18/04/2020 à 12:59

Slt Simon, avais-tu vu le court métrage duquel est tiré le film ?
Sinon as-tu un plan pour regarder Seconds (L'opération Diabolique) de Frankenheimer en vost? Je ne sais pas où le trouver pour le voir en vost...

Winry2020
18/04/2020 à 12:49

C'est tout à fait ça...
Robbie Amell est bien sympathique en Firestorm, mais il a le charisme d'une huître, et quant au personnage de Stephen Amell, il change de motivations au beau milieu de l'intrigue sans qu'on sache vraiment pourquoi.
En somme, ça aurait pu être une relecture sympathique et à visage humain de DOFP, au lieu de ça c'est une copie moyenne avec une fin incohérente.
Dommage

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