Searching - Portée disparue : critique en ligne

Simon Riaux | 5 septembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 5 septembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Pendant des années, le found footage fut un sous-genre idéal pour qui voulait produire du récit à moindre coût. Mais le dispositif a progressivement muté, jusqu’à donner les actuels films d’ordinateurs, dont Searching - Portée disparue, réalisé par Aneesh Chaganty et porté par John Cho, est un digne représentant.

INSTALIFE

Timur Bekmambetov, réalisateur de sympathiques boursoufflures comme Wanted et Abraham Lincoln, chasseur de vampires, a annoncé renoncer à Hollywood pour produire lui-même 14 films sur le modèle d’Unfriended. Soit basés sur les actions en ligne d’un ou plusieurs personnages, et donc strictement racontés depuis un moniteur, alternant entre les différentes applications, fenêtres ou logiciels pour rythmer la narration. Un procédé que le cinéaste d’origine russe a lui-même baptisé "Screenlife Movies".

Attention toutefois, le film d’Aneesh Chaganty n’a pas été fabriqué grâce au logiciel conçu par Bekmambetov pour dupliquer les effets d’Unfriended, et cela se sent. Les animations sont loin de toujours bien émuler le fonctionnement d’un véritable ordinateur, et le recours presque systématique au zoom au cœur de l’image tend à rendre un peu artificiel le « montage » de l’ensemble, puisque le film préfère guider brutalement le regard du spectateur, plutôt que de l'encourager à interroger l'image et la décoder.

 

photo, John ChoJohn Cho

 

SCREEN QUEEN

Et ce sentiment de réalité tronquée est d’autant plus problématique que le scénario de Searching - Portée disparue exigeait pour fonctionner que le spectateur y croit à fond. C’est le cas, pendant environ 50 minutes. Lorsque le père veuf incarné par John Cho réalise que sa fille a disparu, et lui ment depuis des mois sur son emploi du temps, il commence à remuer ciel et terre pour la retrouver, et échanger avec ses amis ou camarades de classe. Cette première phase, qui alterne conséquences d'un deuil mal digéré et dévoilement d'une vérité insupportable, fonctionne.

Ce premier mouvement, quoiqu’attendu, demeure assez efficace, grâce à l’implication du comédien principal, ainsi que l’ambiguité fondamentale de la situation. Jusqu’où ce paternel manifestement écrasé par le décès de son épouse s’est-il aveuglé ? Quelle fraction du réel appréhende-t-il et quelles furent la véritable nature de ses relations avec sa fille ?

 

photo, John ChoEn quête d'enquête

 

Hélas, cette zone trouble se retrouve rapidement pulvérisée, au profit de rebondissements invraisemblables, moralisateurs, et stupides. Oubliant soudain que son public est justement issu d’une génération adepte des réseaux sociaux et ultra-connectée, le film s’abaisse à un discours tristement technophobe, qui achève de l’alourdir. Impossible dès lors de se projeter dans cette enquête qui jusque lors de son ultime rebondissement, nous croit littéralement nés de la dernière pluie.

 

Affiche

Résumé

Malgré un début prometteur, ce thriller sur écran est rattrapé par l'épaisseur de sa narration et ses limitations techniques.

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Lecteurs

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commentaires
vectron
27/11/2018 à 09:29

Vous êtes dur. Film original et bien maitrisé. Rebondissements à souchait.

wanted
11/09/2018 à 15:23

J'ai été voir le film hier en avant premiere et je trouve que l'implication de l'acteur John Cho dans ce film le rends + dynamique et intense. Avec un acteur plus mou je pense que le film aurait ete moins captivant.

l'intrus
06/09/2018 à 12:56

demeure assez efficace, grâce à l’implication du comédien principal. Après avoir écrit ca, le gars estime sa prestation nulle dans les commentaires.
Dédoublement de la personnalité ? Différentes personnes sous le pseudo Riaux ?

Simon Riaux
05/09/2018 à 17:34

@Zanta
Oui. Tant mieux et pour le film, et pour lui.

Zanta
05/09/2018 à 17:30

@Riaux
Dommage, la presse US est bien plus enthousiaste concernant le film et l'acteur.
D'ailleurs, juste comme ça : je conseille le film Colombus, inédit en salles chez nous, sélectionné à Sundance en 2017.

Simon Riaux
05/09/2018 à 16:01

@Gage

Je n'étais pas parti bien loin beybey.

Gage
05/09/2018 à 15:44

Simon Riaux : le casseur de film objectif est de retour.

Andarioch
05/09/2018 à 15:13

Dans le genre il faut voir The cyberbully avec Maisy williams (dispo sur youtube en sous titré). Un récit cohérent dont la trame égraine avec justesse les différents aspects du cyber harcèlement. Un moyen métrage à la fois prenant et instructif que je ne saurais que trop conseiller aux parents d'ados cyber inconscients

Simon Riaux
05/09/2018 à 14:58

@Zanta

Sa performance est assez nulle, mais il n'y est pas pour grand chose.

Zanta
05/09/2018 à 14:46

Aucun mot sur la performance de John Cho, excellent acteur qu'Hollywood commence à peine à reconnaître à sa juste valeur ?

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