Barbare n'est pas un grand film d'horreur selon Bret Easton Ellis, l'auteur d'American Psycho

François Verstraete | 3 novembre 2022 - MAJ : 03/11/2022 18:14
François Verstraete | 3 novembre 2022 - MAJ : 03/11/2022 18:14

Selon Bret Easton Ellis, l’auteur d’American Psycho, Barbare n’est pas un grand film d’horreur et il a expliqué pourquoi.

Depuis près de 35 ans, Bret Easton Ellis décrit avec férocité les dysfonctionnements de la société américaine. L’écrivain ne retient jamais ses coups au moment de critiquer la dérive néolibérale vécue par les États-Unis dans les années 80 dans son superbe roman American Psycho à travers l’histoire d’un cadre financier élevé par la violence d’un système.

Ainsi, l’homme n’a pas l’habitude de mâcher ses mots dans ses romans, une attitude qu’il peut aussi adopter lorsqu’il évoque des œuvres qui l’ont déçu, même partiellement. Pour preuve, l’auteur s’est entretenu récemment avec le magazine Variety et a exprimé son ressenti vis-à-vis de l’excellent Barbare. Bret Easton Ellis s’est montré beaucoup moins enthousiaste envers le long-métrage de Zach Cregger qu’une majeure partie du public et des critiques. Et attention spoilers sur le film !

 

Barbare : photo, Georgina CampbellLe voyage dans l'inconnu, la partie préférée de Bret Easton Ellis

 

Il a ainsi reproché un manque de mystère autour du grand méchant du film, ce qui nuirait selon lui, à son caractère terrifiant :

« J’ai trouvé qu’il y’avait une lente, belle montée en puissance qui culmine de manière épique au milieu du film, puis le long-métrage devient complètement différent. On est très intrigué de savoir quelle direction allait prendre ces "deux" films et comment ils allaient pouvoir se rejoindre. J’ai un ami qui a aussi aimé le film, mais qui pense également que le troisième surenchérit dans l’explication. Je n’étais plus du tout effrayé à partir de là et il y a quelque chose de gênant concernant cette chose, La Mère. C’était beaucoup plus terrifiant de concevoir qu’elle existait tout simplement et qu’elle sortait chasser la nuit. »

Force est de constater que si Bret Easton Ellis n’a pas passé un moment désagréable devant Barbare, il regrette sans doute le traitement beaucoup trop illustratif de la dernière partie, qui relate de façon trop appuyée les origines et surtout les motivations de la créature meurtrière, ôtant son aura mystérieuse et quelque part sa puissance d’évocation horrifique.

 

Barbarian : Photo Georgina CampbellNon je n'ai plus peur de toi maintenant que je sais qui tu es

 

L’écrivain n’hésite pas à citer pour exemple Massacre à la tronçonneuse, Les Dents de la mer ou encore L’Exorciste des films références pour Bret Easton Ellis, qui ne versent pas dans la justification inutile pour mieux puiser dans le sentiment d’inconnu qui nourrit la peur la plus primitive. L’analyse de Bret Easton Ellis s’avère tout à fait pertinente même si John Carpenter a fait fi de ces notions dans Prince des ténèbres ou L'Antre de la folie et est parvenu à effrayer le spectateur en présentant frontalement la nature du mal.

Quoi qu'il en soit, avec ces propos, l’auteur rappelle à juste titre quels critères essentiels définissent (en général) un très grand film d’horreur, à commencer par l’antagoniste qui doit conserver une certaine part de mythe pour mieux susciter l’angoisse à l’écran. En attendant, vous pouvez découvrir Barbare sur Disney+ et peut-être  approuverez-vous l’avis de Bret Easton Ellis.

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commentaires
Little John
06/11/2022 à 09:53

Revoyez Prince of Darkness et In The Mouth of Madness : l'on y voit jamais frontalement le Mal.
Big John en ausculte les symptômes, les conséquences, la présence diffuse, mais il se garde bien de tomber dans l'exposition idiote d'un Barbare. Au final, on ne sait pas ce qu'est Sutter Cane, pas plus qu'on ne voit véritablement Satan dans Prince of Darkness.
La maestria de Big John n'a pas à frayer avec ce très mauvais film.

Madolic
04/11/2022 à 09:09

Donc ça encense Passengers mais ça descend Barbare sur ce forum ? LOL

RobinDesBois
04/11/2022 à 03:04

@Faurefrc j’adore le livre que j’ai lu plus de dix fois et je trouve l’adaptation excellente. Bale est parfait dans ce rôle.

Sinon BEE avait dit que son adaptation préférée était celle des Lois de l’Attractions. J’aurais bien aimé qu’Avary réalise l’adaptation de Glamorama comme c’était prévu. La séquence du voyage en Europe de Victor dans Les Lois de l’Attraction donnait le ton. Ils en ont même fait un moyen métrage à partir des rushes non retenus. Ça serait apparemment complètement dingue et indiffusable (Avary le montre juste à ses amis), Kip Pardue est complètement rentré dans le personnage.

Faurefrc
03/11/2022 à 23:51

Concernant ce cher Brett, il aurait dû être davantage horrifié par la mauvaise adaptation de son American Psycho.
Quel livre ! Mais quelle mauvaise adaptation (heureusement un peu sauvée par le jeu du très bon Christian Bale).
Fort heureusement, la suite spirituelle de American Psycho (Glamorama pour les non initiés) n’est visiblement pas prête d’être saccagée.

Maski masK
03/11/2022 à 23:03

1000 % d'accord avec lui j'ai eux l'impression de voir de film à la fois mais la 1er moitié et très bien

Mnnn
03/11/2022 à 22:56

Merci Breat ce film casse pas.des briques.

Zarbiland
03/11/2022 à 20:43

première partie absolument géniale, la seconde totalement oubliable.

Tom’s
03/11/2022 à 20:42

La fin … le magnétoscope, ça tombe bien, c’est pratique et facile oui ça désamorce tout l’avant

RobinDesBois
03/11/2022 à 20:14

Pas vu le film mais BEE est mon écrivain vivant préféré. Vivement la sortie de The Shards.

JR
03/11/2022 à 19:52

Oui, un bon moment, c'est presque déjà pas mal en ce moment. Mais je suis d'accord avec lui concernant le 3eme acte et sa chute.

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