Le Jury de Cannes 2018 aura à sa tête une Présidente

Geoffrey Nabavian | 4 janvier 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Nabavian | 4 janvier 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Une des plus célèbres actrices du cinéma anglophone actuel présidera le Jury de la Compétition cannoise de 2018. Interprète aimée par le public et très récompensée, elle a aussi fait parler d’elle récemment de par son engagement.

Le Jury de la Compétition officielle de Cannes 2018, chargé de décerner la Palme d'or et les prix qui l’entourent, sera présidé par l’australienne Cate Blanchett. Actrice révélée par son interprétation de la reine Elizabeth Ière, en 1998 dans Elizabeth, elle est devenue avec les années une figure à la fois populaire et exigeante dans ses choix : capable d’incarner Galadriel dans Le Seigneur des anneaux : la Communauté de l'Anneau et ses suites, Hela dans Thor : Ragnarok, ou la marâtre de Cendrillon, elle a su aborder des registres plus risqués dans La Vie aquatique, BabelKnight of Cups, ou Carol.

carol

 

Cate Blanchett dans Carol

 

Son élégance toute classique l’a amenée à se glisser dans la peau de Katharine Hepburn, pour Aviator de Martin Scorsese : une prestation qui lui valut l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Depuis, une autre statuette, dans la catégorie Meilleure actrice, est venue la distinguer pour Blue Jasmine de Woody Allen, et une Coupe Volpi au Festival de Venise a récompensé son interprétation de Bob Dylan dans I’m not there.

Entre grands succès publics, films risqués et biographies, elle dispose d’une filmographie impressionnante, très représentative du cinéma actuel. Elle mène une carrière hollywoodienne qui ne faiblit pas, tout en assurant aussi la co-direction de la Sydney Theatre Company. La 71e édition du plus prestigieux festival de cinéma au monde, toujours regardé comme un événement par toute l’industrie, lui a donc ouvert ses bras. Un honneur qui l’a fait réagir : « Le privilège que l’on me fait […] m’empli[t] d’humilité. Cannes joue un rôle majeur dans l’ambition du monde de mieux se connaître en racontant des histoires ».

 

Photo Cate Blanchett

 

Cate Blanchett dans Thor : Ragnarok

 

On sait que Cate Blanchett est désormais très impliquée dans certaines luttes : après s’être exprimée en des termes durs sur le harcèlement sexuel envers les femmes, suite au scandale Weinstein, lors de la cérémonie des InStyle Awards à Los Angeles ou sur le plateau d’Entertainment Tonight, elle a contribué à créer la fondation Tim’s Up, destinée à financer le soutien aux victimes de harcèlement sexuel au travail.

Après les présidentes Isabelle AdjaniJeanne Moreau – qui eut cet honneur à deux reprises – Isabelle Huppert ou Jane Campion, elle devra, à sa façon, gérer l’équipe chargée de couronner le successeur de The Square de Ruben Östlund, Palme d’or 2017, lors du prochain Festival de Cannes, qui se déroulera du 8 au 19 mai 2018.

 

Photo Coffee and Cigarettes

 

Cate Blanchett face à Cate Blanchett, doublement sidérante dans ce duel entre soeurs opposées dans Coffee And Cigarettes

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commentaires
this is my movies
06/01/2018 à 01:31

pour info, j'avais bien compris la nuance, j'ai employé le mauvais pronom personnel dans ma phrase, my bad !!

je ne pense pas que le politiquement soit majoritaire comme courant de pensée mais il est dominant dans les médias mainstream, ce qui donne une vision déformée des choses. Mais le politiquement correct veut dominer, c'est une certitude, au moins resté dominant dans les médias et la culture, quitte à enlever de son caractère subversif.

je pense que la discrimination positive arrive, je n'affirme pas qu'elle était déjà là, bien entendu, je suis pas idiot (rare chez un homme, oups, pardon, cliché sexiste).

On ne force pas à aimer quelque chose, pas directement j'entends. La Palme est, dans l'esprit des gens du grand public, une chose respectable (d'où son côté "politique" et "important", il y a moins de débats concernant les autres festivals (Rome, Berlin, Deauville, Sundance et autres). Donner une Palme à une femme, c'est un signe fort effectivement (alors que ça ne devrait pas, on devrait juste dire "wah, grand film"). La Palme est donc honorifique pour son détenteur, qui devient donc "adoubé" auprès du grand public. D'un autre côté, je trouve ça dur pour le type récompensé, qui voit sa récompense un peu éclipsée par des polémiques parfois injustes. Bon, moi perso, je m'en fous des Palmes, je sais qu'il y a beaucoup de copinage, de magouilles, d'intrigues mais c'est le jeu. C'est juste que Cannes exacerbe tout. Donc on ne force pas, on oriente, on guide. C'est pas pareil mais c'est pas mieux.

Après, c'est vrai que je suis un garçon, qu'on a la vie parfois plus facile (et je ne le nie pas, je m'en rends compte à force de discuter avec des femmes, ces êtres étranges, parfois différents et parfois pas du tout, mais je m'égare) et que le cinéma, comme la Nature aussi, est cruelle avec les filles. Mais j'aime échanger mes point de vue, entendre des discours un peu différents, débattre. Et c'est possible de le faire sur le Net avec respect (je mets beaucoup de temps à répondre afin de garder la tête froide aussi, ce que permets le langage indirect). Et c'est cool de le faire avec d'autres personnes respectueuses, polies, intéressantes et aux arguments solides.

Bref, merci pour ton temps et tes paroles, ça infuse et ça aide à mieux réfléchir... même si je pense avoir raison sur 2-3 points ;)
Bon vent !

kot
05/01/2018 à 23:46

@this

@this

"Je n'ai plus rien à ajouter" signifie : là, je n'ai plus rien à en dire je crois, et je préviens poliment que je me retire. Aucunement "tout a été dit il n'y a plus rien à dire". Grosse, grosse nuance.

Comme je disais (pourquoi j'ai tout dit : je me répète déjà), si vraiment le politiquement correct était ce grand mouvement de domination que certains prétendent, Lynn Ramsay aurait peut-être eu une Palme. Pour faire l'événement de deuxième femme palmée. Par ex. Ca m'amuse donc beaucoup, vraiment, de voir qu'on considère Cate Blanchett présidente comme le signe de cette quasi dictature de la bien-pensance.

Espérer qu'il n'y a pas de discrimination positive envers les femmes ? Si c'était le cas, Cannes (vu qu'on le leur reproche depuis des années) aurait déjà eu des éditions dominées par les femmes. Aurait palmé des femmes. Aurait enchaîné les présidentes. Or, un rapide coup d'oeil sur les palmarès, les jury, indique l'inverse. Preuve concrète que non, ce "politiquement correct" ne domine rien.

Quant à ressortir ce couplet sur "derrière chaque grand homme il y a une femme" pour prouver apparemment que les femmes ont été importantes... je trouve ça un brin limité et justement, révélateur. Beaucoup de choses, de textes, de livres, ont été écrits sur ces idées autour de la muse, de ce mythe et cette figure. N'oublions pas que les femmes ont longtemps été légalement "inférieures", et comme tu le rappelles, ont été largement absentes et reléguées au second plan, outils ou figurantes de la grande usine à rêves.

Personne ne force quiconque à aimer telle oeuvre car réalisée par une femme. Pas plus que détester un film car fait par un homme. C'est très différent de penser ça, et de simplement bien remarquer que le déséquilibre homme-femme à différents niveaux (nombre de femmes productrices, scénaristes, réalisatrices, et nombre de femmes oscarisées et palmées, qui sont proche du néant) disent quelque chose. Non pas qu'il faut aimer et couronner la prochaine réalisatrice qui fait un film (encore une fois : le palmarès cannois dit haut et fort que personne ne fait ça), mais qu'il faut certainement encourager les femmes à trouver leur place, les hommes à ouvrir certaines portes, et les échanges et discussions se faire. Justement sans voir le genre. Dire que c'est les féministes qui voient les genres et sont ceux qui pensent mal, c'est oublier qu'à la base, c'est plutôt les femmes qui sont victimes de cette vision genrée, qui les empêche (selon différents aspects comme la culture notamment) d'accéder à certains postes, d'avoir des modèles pour se donner le droit dès leur enfance de se rêver ceci ou cela.

Voilà mon opinion. Et là, si j'écris que je n'ai plus rien à dire, ce n'est pas pour signifier que hop, j'ai raison donc fin de l'histoire. C'est parce que je me répète déjà un peu, et que j'ai eu souvent ce débat, notamment ici, notamment face aux mêmes arguments (encore que toi, tu restes poli et respectueux, chose qui mérite malheureusement d'être saluée, merci). Et que nous allons certainement tourner en rond. Je ne suis pas là pour écrire une dissertation ou te persuader, simplement venu partager et réagir. Sur ce.

this is my movies
05/01/2018 à 21:17

bon, j'aime pas trop quand quelqu'un finit par "je n'ai plus rien à ajouter", comme si on avait tout dit.

Pour moi, j'ai surtout l'impression que les manifestations populaires essaient de nous imposer un certain politiquement correct au chausse pied, piétinant au passage certaines principes démocratiques. Je ne remets pas en cause la place de C. Blanchett, grande actrice avec une carrière admirable et admirée, c'est juste que ça pue la condescendance, la soumission à certains diktats, la posture démago et j'en passe.

Les femmes ont toujours été au coeur de la création (la femme d'Hitchcock a prodigué de nombreux conseil à son mari, P. Verhoeven a accepté de faire Robocop suite aux conseils de sa femme, G. Lucas a écrit son scénario en suivant les avis de ses potes Coppola et DePalma mais aussi ceux de sa femme, la femme de Kubrick avait aussi beaucoup d'influence et j'en passe) et il faut bien reconnaître qu'il y a eu trop peu de femmes cinéastes entre les années 50 et 90. Les choses changent, les mentalités évoluent mais forcer les gens à reconnaître le talent des femmes cinéastes en décernant des prix en fonction du sexe, de la race, de la couleur du message politique, c'est improductif car ça fait longtemps qu'on le fait, et ça n'évolue pas plus vite.

Lynne Ramsay aura sa palme un jour, d'autres auraient pu l'avoir avant elle (Varda, Jaoui, Sofia Coppola et j'en oublie), des cinéastes femmes font leur trou, il y en aura sans doute de plus en plus, mais j'espère qu'il n'y aura aucune discrimination pour cela.

kot
05/01/2018 à 14:21

@this

Si toi tu le sais et n'es pas dans l'extrême, inutile de te sentir visé. J'antagonise personne, je constate jusque que l'extrême l'emporte vite : on choisit une femme en président comme fait plusieurs fois par le passé (et une femme totalement dans l'actu, un nom prestigieux, déjà venu à Cannes), et ça deviendrait la preuve de la loi du politiquement correct. On aurait pris un homme, on aurait peut-être eu droit à du pseudo-machisme. Si on regarde justement l'art et pas la personne (ce que tu dis toi aussi), voyons Cate Blanchett, actrice à la carrière plutôt flamboyante, qui a su briller dans l'indé comme dans le mainstream depuis quelques décennies.

Quant à Campion, ça sonne moins comme un extrême "récompensons une femme parce que c'est une femme", qu'à un cri du coeur, une manière de faire réagir lors d'une question posée à l'oral pendant le Festival : “Too long! Twenty-four years! And before that, there was no one. It’s insane, And I’m really annoyed that the director-ess from Toni Erdmann didn’t win last time. I thought, Finally, a buddy. No. No! There’s no more guys winning. That’s it. It’s just going to be women winning from now on." On peut comprendre qu'avec le nombre de femmes réalisatrices dans le monde (et notamment en France, où il y a plus d'équilibre on va dire qu'aux USA), la question peut être posée. Bien au-delà du Festival, en regardant le monde moderne d'un point de vue sociétal, culturel, économique.

Quand je citais l'avis des "gens" c'était pas pour dire qu'il faut les écouter, mais pour dire que remettre un prix à certaines réalisatrices n'aurait pas été dingue ou incroyable. Notamment ces dernières années. rien de plus. Qu'elles n'aient pas eu la Palme prouve bien que le "féminisme" ne domine pas le monde.

Et comme oui, je ne dirai jamais que la personne derrière le film compte que le film, j'ai rien à rajouter.

this is my movies
05/01/2018 à 14:07

@kot, on ne l'oublie pas qu'il a déjà eu des femmes présidentes du jury (9 en 70 éditions, c'est dit dans l'article et les commentaires).
Quant à l'extrême "il faut qu'une femme ai une Palme d'Or par principe", c'est la citation de la déclaration de Jane Campion, pas une élucubration d'internaute.
Quant à savoir pourquoi une femme a été moins souvent récompensé, je ne vois pas comment on ne peut pas le reprocher au festival car la Palme est décernée par un jury de 9 hommes et femmes (bon, il y a parfois des pressions extérieures mais plus pour des raisons de business ou d'inimité à ce que je sache).
Quand à qui le mérite, c'est une question qui est réglée par le jury encore une fois. C'est un vote, c'est leurs goûts, c'est ce qu'ils ont envie, peu importe l'avis de la presse ou des spectateurs.
Et pour rappel, il y avait 3 films sur les 21 en compétition réalisés par des femmes, soit une chance sur sept de gagner.
Et au final, on s'en fout qui a réalisé (homme/femme, noir/blanc, juif/musulman, gay/hétéro), ce qui compte, c'est la qualité du film, son message, sa mise en scène. Et il est normal qu'un gros festival ai plusieurs bons films en compétition, donc il y aura toujours des "injustices".

Kot
05/01/2018 à 10:01

Vous oubliez peut-être que Cannes a déjà eu des présidentes par le passé. Quand c'était Huppert, Liv Ullman, Isabelle Adjani, Jeanne Moreau, c'était pour quelle raison ? Juste pour saluer et honorer de grandes actrices.
Campion remarque juste qu'elle est encore la seule femme à avoir été couronnée d'une Palme. En 70 ans, ça mérite d'être un sujet de discussion, au-delà des extrêmes "il sont donc tous misogynes" et "donnons donc une Palme à la prochaine juste par principe, et évidemment pas parce qu'elle le mérite" (des gens pensaient que Lynn Ramsay le méritait l'année dernière d'ailleurs)

this is my movies
05/01/2018 à 00:17

J'aimerai croire que sa nomination est logique (elle est largement légitime) mais ça sent un peu trop l'opportunisme visant, aussi, à balayer d'un revers de la main le brave Weinstein, pourtant largement convié (et récompensé) à Cannes comme le rappelle CooperPeaks.

Et on se souvient encore de la déclaration de Jane Campion demandant à ce que la prochaine Palme soit décernée à une femme. Wait & see donc...

Ggggrrrrrrr
05/01/2018 à 00:02

Harvey Wenstein aurait fait un malheur comme président du festival de Cannes cette année. ;-)

bof
04/01/2018 à 19:45

@CooperPeaks

Ou alors, ils ont l'ont choisie parce que c'est une des plus grandes actrices de son temps?

CooperPeaks
04/01/2018 à 18:13

Mouais, mitigé par ce choix. Pas que je n'aime pas Cate Blanchett, au contraire, c'est une excellente actrice qui sait se montrer parfaitement convaincante dans la plupart de ses rôles (dommage que son personnage soit aussi nul à chier et oubliable dans Thor 3...).
Toutefois, j'ai juste l'impression qu'on l'a choisi, non pour ses talents de comédienne, mais simplement pour éviter au festival de se faire taxer de "sexisme" suite à l'affaire Weinstein, ce qui est une décision totalement hypocrite car il ne me semble pas que la place des femmes au festival ait toujours été aussi importante : le festival existe depuis 72 ans et il n'y a eu jusque là que 9 femmes à avoir été présidente du jury.
De plus, j'estime que s'il s'agit de nommer Cate Blanchett juste pour balancer un énième discours sur le féminisme en général et sur Weinstein en particulier, ce serait une autre preuve d'hypocrisie : jusque là, Weinstein n'a jamais eu de réels soucis à participer au festival (à ce que je sache), et pourtant, sans aller jusqu'à être complotiste et sans vouloir refaire l'affaire Weinstein, il me semble qu'à peu près tout le monde connaissait ses agissements que ce soit sa position envers les femmes ou même encore envers les réalisateurs puisqu'il allait jusqu'à couper des films prestigieux sans demander l'avis des réalisateur (c'est donc extrêmement culotté pour un festival prétendant défendre les "valeurs" du cinéma que de l'inviter). Les comportements de Weinstein avaient même été plus ou moins rendus public avec le livre de Peter Biskind, " Sexe, mensonge et Hollywood ".
Donc, j'espère juste que la nomination de Cate Blanchett aura une réelle incidence par la suite, que ce soit dans le milieu du cinéma ou ailleurs, et non pas une suite de jérémiades à la Meryl Streep qui n'auront aucune véritable portée.