Murder : la pépite produite par Shonda Rhimes qui explose les règles de la série américaine

Grégoriane Benoit | 28 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Grégoriane Benoit | 28 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après Scandal et Grey’s Anatomy, la nouvelle série amorale qui vous apprend à tuer sans vous faire prendre revient pour une saison 3.

Murder, de son titre français raconte le quotidien d’Annalise Keating (Viola Davis), brillante avocate dans les affaires de meurtre et professeur de droit à l’université. Chaque année elle prend quelques étudiants sous son aile afin de les former. Mais ce nouveau groupe se trouve rapidement mêlé à un meurtre et devront apprendre tous les secrets du métier pour se couvrir.

 

saison 1

 

Murder créée par Peter Nowalk et produite par Shonda Rhimes est distribuée par la chaîne ABC et s’est installée récemment en France sur M6. Partageant beaucoup la presse, la série est considérée tantôt comme une géniale expérience qui explose les codes narratifs, tantôt comme une course hystérique au sensationnel remplie de personnages stéréotypés et twists invraisemblables.

Pourtant chez le spectateur, la magie opère quasi-instantanément. Les séries de Shonda Rhimes qu’elles soient considérées comme bonnes ou mauvaises ont cette indéniable qualité qu’elles parviennent à rendre assez vite addict grâce à une narration effrénée qui laisse peu de temps de répit à celui qui la regarde.

 

saison 1

 

Une série hybride en perpétuelle mutation

 

Souvent, on catégorise schématiquement la série américaine en deux sortes : celle qui joue sur une intrigue par épisode (la plupart des séries policières) et celle qui fonctionne sur l’idée du feuilleton (vulgairement appelés Soap). Enfin d’autres séries (et la plupart finalement) sont un mélange de ces deux choses où l’un des deux prend le pas sur l’autre.

Là où Murder bouleverse cette vision hybride de la série c’est qu’elle ne reste pas bloquée dans ce schéma : ainsi, elle démarre dans ses premiers temps comme une série "policière" classique, où une affaire correspond à un épisode, saupoudré de drames personnels entre les différents personnages récurrents qui traversent la série.

Puis, subtilement la série bascule avec son histoire de meurtre commis par les personnages récurrents, dans un feuilleton pur où chaque épisode est lié par le précédent et où il ne devient plus possible d’en manquer un seul. Une prise de risque importante qui demande à un spectateur habitué aux nombreuses infidélités sérielles de s’accrocher sans s’en rendre compte à une histoire dont il veut connaître le dénouement.

 

saison 1

 

La chasse aux clichés

 

Mais si Murder tient aussi bien sur la longueur face à un spectateur qui accepte les retournements de situation toujours plus incroyables, c’est bien grâce à une ribambelle de personnages archétypaux qui n’entrent jamais dans un moule. Car le show ne tiendrait pas aussi bien sans un personnage principal aussi détestable et adorable à la fois : Annalise Keating, campée par l’exceptionnelle Viola Davis.

Sous les traits d’une avocate brillante et sans scrupule, l’actrice parvient rapidement à nous faire adhérer à sa vision et ses actes plus que discutables pour peu que les moyens soient justifiés. Car dans un monde où chaque décision entraîne de dramatiques conséquences, tout le monde est coupable… Mais mérite d’être défendu.

 

saison 1

 

Et si l’université américaine, ainsi que ses étudiants est décrite comme la vision totalement stéréotypée que l’on peut en avoir, cela n’a que peu d’importance pour des scénaristes qui ont compris qu’il vaut mieux partir du cliché pour mieux en sortir. A ce titre chacun des assistants d’Annalise sont la représentation d’une idée : le beau gosse, le gentil, la grosse tête ou encore la maniaque du contrôle...

Du plus prévisible au plus imprévisible, ces jeunes étudiants sont catégorisés le plus rapidement possible pour mieux nuancer leur vision par la suite : chaque spectateur pourra y trouver son alter ego à l’écran, quitte à changer d’avis en cours de route, Shonda Rhimes s’étant assurée de convaincre le plus de spectateurs en un temps record.

 

saison 1

 

Et sur la durée ?

 

Car c’est le plus gros risque de Murder : les différents retournements de situations fonctionnent pour l’instant chez le spectateur accro car chaque révélation semble avoir été soigneusement préparée depuis le commencement de la série. Mais à la longue, la sensation des twists qui ne convainc déjà pas tout le monde risque de grandement lasser un spectateur qui sera toujours surpris mais ne croira plus à ce qu’il voit. Et difficile d’imaginer que les auteurs ont prévu leur histoire aussi loin.

D’ailleurs la deuxième partie de la saison 2, si elle a su nous relancer à sa fin, a terriblement souffert de ce début de lassitude : flash-back, flash-forward et cliffhanger à répétition semblant parfois venus de nulle part.

Même si la série a su parfaitement se relancer pour le premier épisode de la saison 3, en douceur, parfaitement déconstruit mais dont le dynamisme incroyable réussit à nous coller à l’écran, pas certain que la pépite de Shonda Rhimes et Peter Nowalk parvienne à tenir sur le long terme…

 

saison 2

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commentaires
Chris
15/03/2018 à 08:07

J'aime bien cette série qui est très prenante une fois qu'on s'y est mis et propose des personnages plutôt attachants dans l'ensemble, mais ce n'est pas la série du siècle non plus... Le coup des flashbacks/flashforwards c'est vraiment lourdingue, c'est un gadget narratif sans intérêt qui a été usé jusqu'à la corde ces dix dernières années, Damages nous le faisait déjà en 2007 ! Murder est plus une série à suivre comme un soap où il ne faut pas trop se soucier de réalisme et de cohérence scénaristique.