Daredevil saison 2 : on a vu les 7 premiers épisodes

Après deux premiers épisodes réussis, qui rappelaient pourquoi Daredevil a tant séduit public et critique, la saison 2 de la série de Netflix est-elle à la hauteur des attentes ? 

En 7 épisodes, la deuxième saison de la série de Drew Goddard (nommé aux Oscars pour le scénario de Seul sur Mars) confirme cette volonté nette et revigorante d'avancer vite. Mieux encore : elle accélère la cadence, et saura sans nul doute exciter les spectateurs au plus haut point avec l'arrivée des très attendus Punisher et Elektra, interprétés par Jon Bernthal (The Walking Dead, Sicario) et la Française Elodie Yung (G.I. Joe, Millenium : Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes).

PUNISH HIM

La première couleur de cette deuxième saison est le noir : la brutalité et le désespoir de Frank Castle alias Punisher, au coeur des deux premiers épisodes, planent sur la première partie de l'histoire. Si la confrontation entre Daredevil et lui arrive très vite, pour le plus grand bonheur des fans, c'est aussi parce que l'intrigue ne se contente pas de faire du Punisher un antagoniste, qui sèmera le chaos pendant 13 épisodes avant d'être stoppé.

Loin d'être réduit à une masse de violence maléfique, l'homme se retrouve vite au coeur d'une machination ourdie par une procureur carriériste qui souhaite le voir condamné à mort et ainsi reprendre le contrôle de la ville. Castle prend grâce à cette intrigue une belle dimension humaine. Résultat : un arc secondaire qui varie les plaisirs en ne se cantonant pas uniquement aux débordements sanglants du justicier et apporte une belle efficacité à la saison.

Par ailleurs, c'est dans cette partie que Daredevil offre de la matière aux personnages de Foggy et Karen Page. Après quelques discours très artificiels en début de saison (affronter la méchante procureur, affronter le méchant caïd à l'hôpital), l'associé et meilleur ami trouvent un rôle actif dans l'intrigue, notamment parce qu'il refuse d'accepter sans broncher la double vie de Matt. De son côté, l'assistante, aux premières loges du théâtre judiciaire, voit sa vision du bien et du mal profondément bouleversée par la mission du Punisher. De quoi compliquer la mécanique encore un peu trop propre du trio.

De manière générale, l'irruption du Punisher, mi-ange mi-démon, bouleverse profondément les héros, et la balance jusque là très claire du bien et du mal. Aussi classique soit-elle dans le genre, la recette, très bien exécutée, permet à la série de gagner en nuances. Sans pour autant oublier ce que certains appeleraient le principal : l'action. La série continue donc d'offrir aux fans leur ration, notamment avec une irrésistible scène de baston dans l'épisode 3, qui fait écho à la fameuse séquence du couloir dans la saison 1. Ailleurs, l'imagerie reste sanglante et violente, et pourra à nouveau satisfaire le public visé tout en assumrant l'étiquette de "série adulte".

COMPLEXE D'ELEKTRA

La deuxième couleur de la saison est le rouge. Particulièrement attendue, Elekta Natchios arrive par surprise (parfaitement calée pour nuancer une scènette romantique mièvre entre Matt et Karen), pour ensuite aussi une place au premier plan. Loin du souvenir de Jennifer Garner dans le film Daredevil et le spin off Elektra, la version Netflix est très proche d'une Catwoman : féline, vénéneuse, désinvolte, machiavélique, individualiste. La Française Elodie Yung en fait beaucoup de choses, sauf une simple créature sexuelle au service des fantasmes.

Sans surprise, la série trouve une nouvelle dimension avec l'arrivée de ce personnage féminin fort en pleine déliquescence morale. Instable, inconsciente, violente, arrogante (en un mot : adorable), Elektra est une vraie sociopathe, habitée par une morbidité parfois fascinante, qui agit bien évidemment jusqu'au coeur de Murdock. Toujours associée au rouge, au sang, à l'animalité, elle pose comme le Punisher la question des instincts primaires et la part de prédateur de chacun.

Elektra apporte une fausse légèreté, et une énergie qui transforme la matière de la série, jusque là frontalement premier degré. La jeune femme reste évidemment un personnage sombre, dur et torturé, mais sa volonté à semer le chaos et chambouler des héros droits dans leurs pompes, reste particulièrement jouissive. C'est grâce à elle que l'histoire prend une tournure excitante et que la mécanique gagne en légèreté pour devenir plus agréable encore.

A SUIVRE

A la fin de l'épisode 7, les intrigues commencent à peine à s'emballer. Le traitement du Punisher et la mission de Daredevil et Elektra pour faire tomber les yakuzas (qui semblent préparer quelque chose de particulièrement intrigant) promettent beaucoup de bonnes choses, avec au final un vif désir de voir les trois personnages réunis par les événements.

Car ce n'est pas anodin si Jessica Jones est mentionnée au détour d'un dialogue : Netflix lancera prochainement The Defenders, le Avengers du petit écran qui réunira Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage (star de sa propre série dès septembre) et Iron Fist (également star de sa série en 2017). Daredevil semble donc marcher dans les pas de ses grands frères pour offrir un spectacle de plus en plus grand. Et à ce stade très précoce, c'est encore une bonne nouvelle.