X-Files saison 10 : comment Mulder et Scully ont raté leur retour

Jacques-Henry Poucave | 23 février 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jacques-Henry Poucave | 23 février 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Que l’on ait ou non pris du plaisir à retrouver X-Files pour une dixième saison que personne n’attendait (surtout après l’échec du second film tiré du show), force est de reconnaître que l’expérience est loin d’être une totale réussite.

Un constat d’autant plus amer que la Fox avait rappelé les principaux artisans qui firent le succès de la série. Outre les comédiens et le showrunner Chris Carter, les scénaristes Darin Morgan, ou encore James Wong étaient de la partie. Et malgré l’absence remarquée de Vince Gilighan, tout laissait espérer un retour en grâce de nos agents du FBI préférés. Que s’est-il donc passé ?

 

affiche

 

LES OUTRAGES DU TEMPS 

Lorsque le public découvre X-Files, elle est alors une série en avance sur son époque. Si nombre de ses ingrédients proviennent directement de la tradition du pulp, de la SF parano voire du roman noir, elle s’impose alors comme une création beaucoup plus mature que la concurrence, plus sombre (thématiquement et visuellement), bref, plus adulte. De même, se dégagent de nombreux épisodes une étrangeté qui tranche radicalement avec les divertissements du moment.

Ces éléments, X-Files saison 10 les convoque, mais jamais pour continuer de les faire évoluer, uniquement pour les citer, les agiter comme autant de totems identifiables des fans. La série semble espérer coincer ces derniers dans le piège de la nostalgie comme autant de mouches coincées dans un bol de mélasse.

 

Photo David Duchovny

 

DES PERSONNAGES PERDUS

Mulder, en pleine crise mystique (ou sous l’influence de la dimension béni-oui-oui de la Fox) insuffle une curieuse mélopée catho à son personnage, teintée d’une moraline et de sursauts virilistes en totale contradiction avec son personnage et son parcours.

Scully n’est plus la sceptique de service, mais demeure cantonnée à son rôle de scientifique de service. Une contradiction qui affadit encore le jeu tout en retenue de cette comédienne, dont les moments de tension obligeaient jadis son partenaire à sortir de sa zone de confort.

Sans véritable direction, nos héros errent dans des intrigues dont ils semblent ne jamais se soucier.

 

Photo Gillian Anderson, David Duchovny

 

QUID DE LA RELÈVE ?

Non seulement les protagonistes que nous connaissons sont transformés en fantômes (Skinner n’est qu’un figurant de luxe, L’Homme à la Cigarette un second rôle plus risible qu’autre chose), mais les nouveaux venus sont à la peine.

C’est bien simple, aucun des personnages inédits de cette saison ne mérite de revenir pour une éventuelle saison 11, aucun d’ailleurs, n’est développé en ce sens.

Plus dérangeant, le show paraît accorder énormément d’importance au nouveau duo d’agent, une resucée du couple Scully/Mulder, dont la seule particularité est d’être une copie de ses aînés, le charisme et la finesse d’écriture en moins. S’il faut se fader cette nouvelle équipe, la pilule risque d’être sacrément dure à avaler.

 

Photo Gillian Anderson, David Duchovny

 

LE DANGER DU BEST-OF

La menace qui pesait sur cette saison 10, et que Chris Carter n’aura pas su éviter, est celle de l’empilement de références et de clins d’œil. Une logique mortifère, qui va jusque dans la conception même des épisodes.

Ainsi, chaque chapitre de ce nouveau run est conçu pour évoquer une des orientations de la série d’origine. Une idée qui nous attrape parfois au charme, comme lors des épisodes 3 et 4, mais qui donne à l’ensemble un parfum de formol, comme si ce retour n’avait jamais été pensé comme une progression, mais préférait se reposer uniquement sur ses acquis.

 

saison 10 Episode 2

 

LA PARANO POUR LES NULS

Dès son premier épisode mythologique, la série s’attaque à la société de surveillance, au règne univoque des agences gouvernementales, aux dangers d’un web toujours plus présent et indispensable, bref à l’économie de l’information.

Un sujet traité mille fois, dans le polar, le thriller ou la SF depuis que X-Files s’en est allé, mais qui a le mérite d’être particulièrement vaste. A défaut de faire dans l’inattendu, Chris Carter ouvrait donc une brèche particulièrement dense, mais a choisi… de n’en rien faire du tout.

Les dialogues évoquent régulièrement la NSA, les vilains drones, les comploteurs pas gentils, mais jamais, pas une seule fois, ces artefacts technologiques ne sont au cœur d’un récit qui prétend ausculter leurs pouvoirs.

 

saison 10 Episode 2

 

MORTELLE NOSTALGIE

Au final, ce qui aura perdu X-Files et en fait désormais un objet quasiment vidé de sa substance, c’est l’absence à priori totale de projet et de vision. Le show donne le sentiment d’avoir été pensé pour s’inscrire dans l’actuelle veine nostalgique qui préside au retour de La Fête à la Maison, Twin Peaks et autres symboles culturels.

 

Photo David Duchovny

 

Et si le retour d’une Madeleine de Proust a parfois du bon, quand elle révèle un goût de rance, ou pire, le parfum d’une contrefaçon paresseuse, la déception n’en est que plus grande.

 

Retrouvez nos épisodes préférés de X-Files dans notre rubrique des épisodes cultes.

 

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Poster

 

 

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commentaires
Le Realiste
11/03/2016 à 14:31

Cette saison 10 est absolument indigne des saisons précédentes. Si je devais mettre un note à cette saison 10, je donnerais la note de 1,5/10. C'est tout simplement une PURGE !!!

Le connaisseur
29/02/2016 à 21:58

Salut JoeyStarr, tu as tout as fait raison on (j'ai) de la merde dans les yeux, mais heureusement mes oreilles fonctionnent parfaitement et je sais reconnaitre que la musique d'NTM c'est de la merde, ainsi que beaucoup de film (tous) où a tourné JOEYTARE.
A bon entendeur...

NTM
28/02/2016 à 17:19

Hé les petits batards c'est JoeyStarr, vous avez du caca dans les yeux ou quoi, ces de la daube cette merde pour une fois l'intello a raison et fist fuking a vous

Flash
27/02/2016 à 11:43

Hélas, je voulais y croire, mais les deux épisodes vu sur M6, m'ont dissuadé de continuer.

Mordhogor
27/02/2016 à 11:35

La seule erreur est d'avoir risqué un retour sur seulement 6 épisodes, c'est tout. Impossible de créer un nouvel arc mythologique sur si peu de temps, impossible de le pas donner dans le best-of (202 épisodes précèdent). Le plaisir de retrouver Mulder et Scully est bien là, même s'il manque forcément des choses. Avec un format normal pour une saison X-Files, le retour aurait pu être mieux annoncé, l'arc mythologique plus travaillé, et cela aurait laissé la place comme nous y étions habitués à des ruptures de tons donnant des loners bien à part. Et après tout, nous sommes sur Ecran Large ici, ni sur Télérama, ni dans les Cahiers du Cinéma (même si ça fait de plus en plus Télérama qui se prend pour les Cahiers du Cinéma, ok...). Mouhahaha !

Loneman
26/02/2016 à 19:35

Découvert hier sur M6.

Un scandale. Plus Belle la vie avec Mulder et Scully. Je suis juste dégoûté.

Woodboy
26/02/2016 à 13:27

La mythologie X-Files compressée dans les épisodes 1 et 6. ça part dans tous les sens......

Louig
26/02/2016 à 09:57

Ils risquent de les repasser en seconde partie de soirée à partir de la semaine prochaine ... m'enfin vu la qualité ce sera sans moi.

Et le premier épisode mon Dieu, on pouvait pas faire pire !

Nico
25/02/2016 à 23:33

j'ai compté, a priori ils ont viré 3 plans et ils en ont recadré un. Non pas que la vue du sang m'excite à ce point, mais il y a peut-être un minimum de respect à avoir à l'égard d'un show que beaucoup attendait... Merci à M6 pour ce beau foutage de gueule...

Le connaisseur
25/02/2016 à 23:01

Tu as remarqué aussi, on appelle ça de la censure. Voir Doug Savant faire une hémorragie interne et pisser le sang par les yeux, le nez et les oreilles n'était apparemment pas du goût d'M6. Les temps ont bien changés. Ils étaient moins frileux à l'époque.

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