Marvel : Hawkeye est-il un nouvel échec pour les séries Disney+ ?

Hawkeye débarque à son tour sur Disney+ alors on fait le point sur les deux premiers épisodes de la nouvelle série de Marvel.

Entre la magie de WandaVision, l'ennui de Falcon et le Soldat de l'Hiver, la fantaisie de Loki et l'animation catastrophique de What If...?, chaque série Marvel est parvenue à se distinguer les unes des autres. Désormais, c'est au tour d'Hawkeye d'investir Disney+ avec son atmosphère de fêtes de fin d'année. Les deux premiers épisodes seront disponibles dès le 24 novembre, mais est-ce que la nouvelle série consacrée au duo d'archers est aussi géniale et explosive que ce que la bande-annonce et les premiers avis ont annoncé ? On aurait bien voulu.

ATTENTION : SPOILERS !

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Quand je serai grande, je serai Hawkeye

Avec son arc et ses flèches, Clint Barton peut difficilement rivaliser avec les autres super-héros de l'univers de Marvel, aussi bien en termes de puissance que de charisme ou de popularité (et l'interprétation de Jeremy Renner y est sans doute pour beaucoup). Bien qu'il soit un des membres fondateurs des Avengers du MCU, Clint Barton est le seul de l'équipe qui n'a pas eu de long-métrage à son nom et n'est apparu qu'en second plan dans les films du MCU, comme dans les comics.

L'un de ses rares grands moments à l'écran reste, encore à ce jour, la séquence dans Avengers où il saute d'un toit et se retourne pour tirer une de ses flèches-grappin pour atterrir l'étage en dessous. Et c'est justement sur cette action que revient la série, à travers les yeux d'une jeune Kate Bishop après un plan-séquence. Une introduction qui augure une certaine ambition visuelle et narrative de la part de la série, et qui prouve aussi que, même s'il n'a pas de super-pouvoirs, Hawkeye n'en reste pas moins un héros, capable lui aussi d'inspirer une petite fille quand elle croit avoir tout perdu.

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Cependant, Hawkeye ne sonne pas encore l'heure de gloire de Clint Barton, puisque, comme l'illustrent cette scène d'ouverture et le générique dans le style des couvertures de David Aja, le premier épisode est presque entièrement consacré à Kate Bishop. Avec une légèreté attendrissante, la série présente cette jeune femme pleine d'entrain, sa témérité et ses origines aristocratiques avec sa mère, Eleanor, et son beau-père, l'intrigant Jack Dusquesne. Un milieu aisé auquel elle refuse d'appartenir, préférant plutôt prouver son adresse au tir sur le vieux clocher de son université et l'indépendance de son appartement pourri de Manhattan.

 
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Attachante en seulement quelques scènes, Hailee Steinfield correspond parfaitement au personnage. Avec son air innocent, qu'elle compense par son sarcasme et sa vivacité, la jeune actrice apporte toute son énergie et sa fougue à la jeune femme de 22 ans, mais aussi une ambiance de teen movie qui se marie bien avec l'esprit de Noël.

La joie et l'effervescence des fêtes de fin d'année ne se ressentent pas encore totalement dans ces deux premiers épisodes, mais les images de New York sous la neige avec ses illuminations contribuent un peu plus au charme de la série, comme le chien, parfaitement adorable chaque fois qu'il apparaît à l'écran.

 
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L'étrange Noël de Clint Barton

Contrairement aux autres films et séries du MCU, et à l'instar du génialissime comics de Matt Fraction et David Aja, qui replaçait Clint Barton dans son quartier et racontait son quotidien, les enjeux d'Hawkeye sont minimes, mais pas inintéressants pour autant, au contraire. Pendant que Kate Bishop fuit les privilèges de sa famille, Clint Barton se rend compte que ses exploits et le sacrifice de ses amis en sont réduits à une comédie musicale ridicule de Broadway (mais brillamment mise en scène pour le peu qui est montré).

Encore traumatisé par la mort de Natasha Romanoff, il n'assume pas d'être un héros reconnu en public et s'attache à être un bon père en passant Noël avec ses enfants. Mais quand son passé de tueur ressurgit avec le costume de Ronin, l'archer se retrouve obligé de redevenir le héros qu'il refuse d'être et de protéger Kate.

Auto-proclamée meilleure archère du monde

Malheureusement, avec tout ce qu'elle doit couvrir et installer pour les prochains épisodes, la série se désintéresse rapidement de Clint et Kate et de leurs troubles personnels. Les événements s'enchaînent sans peine ou originalité, chaque problème étant résolu avec une facilité déconcertante : le chien qui apparaît quand il faut, Clint qui retrouve Kate sans explication, un autocollant placé au bon endroit au bon moment, une mère qui s'inquiète à peine d'un incendie dans l'appartement de sa fille... Tout est beaucoup trop simple, attendu, grossier et Hawkeye perd donc toute la crédibilité qu'installe le premier épisode.

Kate quand elle prend conscience qu'elle aurait mieux fait d'admirer Hulk plutôt que Hawkeye

Malgré un humour bien mieux géré que dans les autres productions du MCU, la relation entre Clint et Kate manque d'authenticité et semble forcée, tout comme celle entre Kate et sa mère ou Clint et ses enfants. Le rythme ne permet pas de s'impliquer émotionnellement et chaque personnage finit par tenir exactement le rôle qu'on attend de lui dans une parfaite caricature.

Clint sert de père de substitution et se prend d'affection pour Kate malgré son air bougon et sa peur de perdre ceux auxquels il s'attache. Kate est une jeune femme passionnée et passionnante qui cherche sa place, l'amour de sa mère et l'approbation de Clint. Le beau-père inquiétant est un méchant manipulateur avec de lourds secrets et sa mère ne voit rien, évidemment. Vera Farmiga et Tony Dalton - pourtant tous les deux excellents - ont tellement peu à faire qu'ils semblent tout aussi artificiels que le reste.

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UN JOUR SANS FIN

Hawkeye s'est largement inspiré des comics de Fraction et Aja, mais la simplicité de leur scénario et l'humanité de leurs personnages se sont totalement perdues dans une histoire convenue avec un mystérieux complot à déjouer, dans tout ce qu'il y a de plus cliché. Les membres de la Mafia en Survêt' sont drôles, jusqu'à ce qu'ils soient tournés en un ridicule ressort narratif et le chien - qui n'a toujours pas de nom après deux épisodes - est un accessoire mignon et pratique, qui se lave tout seul et qui peut être abandonné à n'importe quel moment.

À cause de cette structure trop classique, la série n'est donc jamais surprenante, ou même simplement prenante, juste divertissante et rigolote quand elle fait l'effort. N'importe qui ayant lu les comics ou s'étant un peu renseigné sur l'intrigue et les personnages peut déjà anticiper ce qui devrait se passer dans les prochains épisodes et il y a peu de chances qu'il y ait un Mephisto ou d'autres théories dans une série de ce genre pour relancer le suspense. D'autant que, contrairement à WandaVision et Loki, qui jouissaient d'une réalisation plus recherchée, Hawkeye ressemble désespérément à n'importe quel autre film ou série du MCU.

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Alors que l'ambiance se veut festive et légère, la photographie reste inexplicablement (trop) sombre. Associée au montage infernal caractéristique des grosses productions hollywoodiennes (surtout chez Marvel), les scènes d'actions sont incompréhensibles et plus promptes à déclencher une crise d'épilepsie qu'une quelconque excitation (encore plus dans la scène de la cave à vin du premier épisode). Comme dans Falcon et le Soldat de l'Hiver ou Black Widow, la moindre idée de mise en scène ou de chorégraphie se retrouve massacrée par le découpage et comme dans le film sur l'espionne du MCU, la série utilise des effets spéciaux au mieux criants, au pire ratés pour tout et n'importe quoi.

Entre sonorités de films d'espionnage et bande-originale plus classique, la musique de Christophe Beck manque franchement d'identité, comme la direction artistique, qui n'est pas des plus inspirées, en dehors des costumes de Kate Bishop. Le seul décor un peu réjouissant termine en cendres après seulement quelques malheureux plans. Et un tir de flèche un peu travaillé, une réplique sympathique ou une bataille épique lors d'un jeu de rôle ne suffisent clairement pas à combler les lacunes ou relever le niveau.

Un joyeux Noël en perspective

Après deux épisodes, soit un tiers de la série, Hawkeye en est encore à l'introduction et s'avère aussi rafraichissante que décevante. Entre Écho, Madame Masque, le Clown, le retour de Yelena Belova et la conspiration avec Jack Dusquesne, la suite s'annonce d'ores et déjà chargée pour Clint et Kate. En espérant que la série corrige le tir dès le prochain épisode et comprenne qu'ils n'ont pas besoin d'un ennemi tapi dans l'ombre pour exister et être touchants.

Les deux premiers épisodes d'Hawkeye seront disponibles le 24 novembre sur Disney+, puis un nouvel épisode sera diffusé chaque mercredi.