His Dark Materials : À la croisée des mondes saison 2 - essoufflement ou confirmation pour la série fantasy HBO ?

Lino Cassinat | 16 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Lino Cassinat | 16 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On a pu voir les cinq premiers épisodes de la saison 2 de His Dark Materials adaptée des livres de fantasy de Philip Pullman par HBO, on vous dit tout. Ou presque. Attention quelques spoilers !

Petit rappel des faits : Lord Asriel (James McAvoy) a ouvert un pont vers un Nouveau Monde. Désemparée par la mort de son meilleur ami Roger suite à cela, la jeune Lyra (Dafne Keen) suit Asriel dans l'inconnu. C’est dans une étrange et mystérieuse ville abandonnée qu’elle rencontre Will (Amir Wilson), un garçon de notre monde qui fuit également un passé troublé.

Pendant ce temps, Lee Scoresby (Lin-Manuel Miranda) s'embarque dans un périlleux voyage, et le sombre Magisterium se met en ordre de bataille, et peut compter sur la perfide Mlle Coulter (Ruth Wilson) parmi ses plus fidèles lieutenants.

 

photoLyra revient

 

THE BORED CITY OF ZZZZZZZZ 

Plus sibyllin tu meurs, et pour cause : si la saison 1 était le temps du voyage et de l'exploration, un temps avec ses faiblesses, mais relativement trépidant, cette saison 2 est le temps de la recherche, de la réflexion et du mystère. Le moteur du récit change donc, ce qui est d'ailleurs fidèle aux bouquins, le deuxième tome étant beaucoup plus immobile et consacré aux personnages que le premier. Mais cette fidélité au rythme des livres à un prix, et il se paye en bâillements.

Privée de l'extraordinaire des décors et de l'énergie de sa comédienne principale, forcée désormais de jouer à l'économie, His Dark Materials : À la croisée des mondes se retrouve soudainement coupée de ses plus belles qualités à cause de ce passage d'une logique d'action à une logique d'observation et cela se sent. La série sait montrer, mais elle ne sait pas cacher. S'il reste bien deux-trois plans larges imposants dans la nouvelle cité de Cittagazze et une direction artistique (presque) toujours aussi précise, le tout manque clairement de souffle. La faute à une mise en scène en pilotage automatique, incapable de créer de la curiosité autour de son mystère.

 

photoAmir Wilson, l'écuyer du roi sur Netflix et Will sur OCS

 

Les cinq épisodes seront donc passés à la vitesse d'une saison filler de Naruto, multipliant autant les personnages et les MacGuffin qu'ils n'auront divisé l'intérêt du spectateur. Bien sûr, il se passe toujours quelques petites choses de temps en temps, mais l'impression de surplace est indéniable.

Peut-être que les profanes du livre seront plus tenus en haleine et feront preuve de plus de patience devant l'éclatement du récit, mais on en doute, la faute à un récit trop programmatique et à des personnages trop désincarnés, réduits à leur plus simple expression de livreurs FedEx : Machin va chercher un truc, qui ouvrira un bidule et permettra à Chose d'aller chercher un schmilblick, etc.

 

photoIl ne chante pas cette fois

 

LORE OF THE BINGE

Alors oui, tous ces éléments finiront bien par converger un jour et livrer la clé du mystère de l'univers en toile de fond de His Dark Materials : À la croisée des mondes, mais cinq heures de background en compagnie de personnages si peu expressifs, c'est très long, surtout quand la plupart des moments clés sont précipités. On se demande également d'où est venue l'idée de mettre autant l'accent sur les manipulations et les complots internes au sein du Magisterium. Elles prennent étonnamment plus de place que dans les livres. Étrange choix d'adaptation, qui ne fait que rajouter de nouvelles palabres et confirmer que oui, Ruth Wilson est vraiment perdue dans son personnage.

Tout ceci se suit sans déplaisir, mais sans éclat pour autant, si bien que, pour reprendre la formule consacrée, on s'ennuie dans cette aventure devenue un interminable prologue bis qui peine à relancer ses enjeux et exploite si peu la dynamique et le développement du lien du duo Lyra/Will. Peu de sentiments, peu d'action, peu de péripéties d'envergure, mais beaucoup de parlottes en vérité. Il faut dire les choses comme elles sont : au vu des audiences sans cesse en baisse de la première saison, la BBC et HBO se sont mis à servir la soupe et n'ont plus le coeur à l'ouvrage.

 

photoOn ne s'acharnera pas à nouveau, Ruth Wilson est une bonne actrice dans The Affair, mais là c'est raté

 

YAWN OF THE FLEMME

La première saison faisait un effort notable de découpage, et même s'il n'était pas d'une ambition folle, le spectacle ou le suspense étaient malgré tout au rendez-vous. Désormais, c'est le règne du plan moyen entre deux feuilles de décors génériques. Tout cela fait bien téloche sans argent ni idée ni perspective, respectant à la lettre le cahier des charges du drame fade comme un jour sans pain faisant furieusement regretter l'apparition de Iorek Byrnison en armure ou la scène de l'ascenseur avec Mlle Coulter dans la première saison.

Aussi mémorable qu'un gris mardi de novembre confiné en télétravail, y'a-t-il encore quelque chose à espérer de His Dark Materials : À la croisée des mondes après cinq épisodes à petites foulées ? On craint malheureusement que non, les lendemains ne chanteront plus et au mardi succèdera un mercredi tout aussi maussade. D'où pourrait venir le salut ? Il ne reste que deux épisodes pour se raccrocher aux branches, et certes, ceux qui ont lu les livres savent que "big drama is coming", mais c'est bien trop tard, d'autant qu'on craint fortement que tout cela ne soit emmené avec la même ferveur de poulpe asthmatique que les cinq premiers épisodes.

 

photoAh oui, il y a aussi quelques CGI très moches autour des Sorcières

 

Il ne faudra pas non plus compter sur le charisme de James McAvoy, qui n'est même pas au casting de la saison 2 et pour cause : il devait avoir un épisode solo entièrement consacré à son personnage, mais la Covid-19 a forcé la production à annuler le tournage et jeter l'épisode (ce qui explique pourquoi il y en a sept cette fois et pas huit).

Bref, il y a fort à parier que devant l'étiolement des audiences et l'extinction de la flamme passionnelle de ses faiseurs, la série ne soit devenue plus qu'une obligation contractuelle à honorer pour une chaîne ayant envie de passer à autre chose. On verra bien, mais on n'y croit guère, et la saison 3 nous semble déjà être dans de sales draps.

Un nouvel épisode de la saison 2 de His Dark Materials, chaque mardi sur OCS en France dès le 17 novembre 2020

 

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commentaires
Blackwood
29/12/2020 à 13:34

Pour ma part n'ayant pas encore lu les livres, j'ai préféré cette saison à la première que j'avais trouvée trop lente et ennuyeuse à plusieurs reprises. Le tir a été rectifié dans cette saison 2 et j'ai passé un très bon moment à visionner ces 7 épisodes. Bien sûr tout est loin d'être parfait mais j'ai bon espoir pour la saison 3

Mk
16/12/2020 à 15:16

Autant de conneries dans un article... bravo ! ????????
J’ai adoré la saison 1 et la saison 2 est encore mieux.

Nil19
25/11/2020 à 02:56

Vous êtes vraiment durs. Je trouve la série encore plus intriguante et captivante maintenant que l'exposition et la familiarisation avec les personnages a été effectué en saison 1. La série prend son envol et l'univers dépeint est assez incroyable. Bien sûr l'intrigue ne dévoile pas encore tout ses secrets mais je ne vois pour ma'part pas de temps morts en ce début de saison 2. C'est prenant et les effets spéciaux sont un plaisir pour les yeux ( on y croit à ces petits daemons !:) Je m'étais arrêté après le tome 1 durant mes jeunes années et je suis impatient de découvrir la suite ( et de me replonger dans l'oeuvre littéraire pour en saisir toute les subtilités que ne pourra sûrement pas offrir la série). Bref, les goûts et les couleurs...

Charis
23/11/2020 à 14:15

Je ne suis pas du tout d’accord avec cette critique

Sasha
18/11/2020 à 10:29

Franchement, la critique est dure ! La série n'est pas sans défauts (loin de là) mais elle est loin d'être décevante. Visuellement, elle vise haut et dépasse largement les Marvel/DC et certaines autres séries fantasy du genre.
Et HBO est assez content des audiences et déjà en pourparler pour produire la saison 3 : https://deadline.com/2020/01/his-dark-materials-hbo-weighs-more-seasons-philip-pullman-fantasy-co-viewing-hit-1202831782/
Donc je ne vois pas trop où il tire la conclusion d'une future annulation...

MYRA
17/11/2020 à 18:09

Honnêtement je ne suis pas du tout d'accord avec la critique.
Je trouve que c'est un super show avec un casting incroyable et une belle histoire qui tient la route.
Et j'espère vivement qu'il y aura une saison 3.
En plus visuellement je trouve que c'est très jolie à regarder ( les contrastes des couleurs, les effets spéciaux... )

STban
17/11/2020 à 11:03

Est ce que tout les défauts de cette série ne tiennent pas du fait d'adapter un best-seller de la littérature jeunesse avec la volonté d'en faire une œuvre qui tente de conquérir les adultes… L'adaptation se veut sérieuse, rigoureuse et peut être vue par de jeunes spectateurs. Mais je pense que ça empêche l'intrigue et l'action de se déployer complètement pour rester visible par des enfants. D'où le sentiment de frustration pour des spectateurs adultes habitués à des séries où les intrigues sont complexes, tordues ou violentes

hello
17/11/2020 à 08:24

On aime ce que vous faites les gars, mais BORDEL la puuuuuub !
On comprend qu'il en faut pour mettre du beurre dans les épinards du repas préparé pour nos mamans dont vous vous occupez si bien, mais levez le pied, par pitié...
Le fond de l'article est noyé là dedans et on en arrive à penser qu'il y a plus de lignes que nécessaire... pour faire place à ces encarts insipides.
Bisous

BruceWayne
16/11/2020 à 22:36

Tant que cette saga littéraire n'aura pas trouvé son "Peter Jackson", toute tentative d'adaptation restera vaine..

Dis
16/11/2020 à 22:21

Oui enfin... on parle quand même d'une saison 3 où devrait éclater une p*tain de guerre comme rarement vu. Alors oui, la fin de la saison 1 a démontré qu'on pouvait rendre même cela mou et peu prenant... mais il reste un espoir, celui de l'histoire qui elle, reste ce qu'elle est.
Géniale.

Il semblerait que cela soit une oeuvre vouée à ne jamais être correctement adaptée...

J'attends maintenant l'adaptation de Fondation. Histoire de voir s'ils sauront faire mieux avec un matériau encore olus noble.

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