Episodes Saison Ahsoka saison 1 épisode 4 : critique d’un Star Wars qui se cherche sur Disney+

Ahsoka termine sa première moitié avec un épisode 4 plein d’action. Mais cela est-il suffisant pour propulser la série Star Wars dans l’hyperespace ?

ATTENTION SPOILERS !

Malgré une production design toujours aussi ambitieuse, et la passion évidente de Dave Filoni pour la mythologie de Star Wars, on ne peut pas dire qu’Ahsoka ait démarré sous les meilleurs auspices. La longue introduction des deux premiers chapitres et la frustration d’un épisode 3 transitoire se sont soldées par un manque flagrant d’évolution et de construction de ses personnages, pour la plupart issus des séries The Clone Wars et Rebels.

En arrivant à mi-parcours, il est évident que la série offre (pour le moment) son meilleur acte, mais peut-être est-ce surtout dû à son positionnement dans un récit en quête de pivots narratifs forts.

On sabre le champagne ?

Duel of the Stakes

Plus les heures passent devant Ahsoka, et plus sa nature sérielle est à interroger. On le disait déjà d’Obi-Wan Kenobi et de certaines séries Marvel, mais la production de Dave Filoni a plus des airs de long-métrage inutilement rallongé. On peut néanmoins le comprendre, puisque le showrunner doit réintroduire un nombre important de personnages et d’enjeux tirés de ses séries animés.

Pourtant, le vrai problème réside justement dans une remise en contexte assez minimale, où les figures qu’il met en scène semblent diablement statiques en matière d’évolution. Certes, l’épisode 3 a accentué sa note d’intention sur la complicité (re)naissante entre la Jedi méfiante et son apprentie Sabine Wren, et il va sans dire que sa suite a envie de mettre à mal cette dynamique.

En réalité, si l’épisode 4 d’Ahsoka est à l’heure actuelle son chapitre le plus fort et maîtrisé, c’est aussi parce qu’il est son "midpoint", le bouleversement narratif (qu’il soit positif ou négatif pour les héros) censé arriver en milieu de saison pour relancer la machine. En soi, il est logique que le midpoint d’Ahsoka concerne la récupération de la carte menant à Thrawn, et le fait de pouvoir arrêter (ou non) le gros anneau d’hyperespace de Morgan Elsbeth.

On n'a pas assez dit à quel point Marrok a un super design

Cela dit, la satisfaction immédiate reflète le remplissage qu’il a fallu subir pour en arriver là. Coincées sur la planète Seatos (et ses beaux arbres tendance cerisiers japonais), Ahsoka et Sabine doivent faire face à un compte à rebours, tout en affrontant les divers obstacles sur leur route. En somme, l’action prend enfin le pas sur le blabla et les croisements de bras intempestifs de Rosario Dawson, et parvient à façonner un réel sens du danger.

Alors que la forêt empiète sur l'avant-plan des cadres, les compositions stylisées de Peter Ramsey (l’un des co-réalisateurs de Spider-Man : New Generation, déjà responsable d’un épisode de The Mandalorian) s’amusent de cette menace pesante. Malgré l’énergie supposée de son montage, la série prend ici le temps d’iconiser ses Jedi et leur stratégie en combat. L’inspiration du film de samouraï est plus que jamais prégnante, comme si Dave Filoni accentuait à chaque nouveau projet l'importance des inspirations originelles de George Lucas.

T'as révisé ton Kurosawa ?

Ahsokay ?

C’était déjà le cas lors de la réintroduction d’Ahsoka dans la saison 2 de The Mandalorian (réalisée par Filoni lui-même), qui aurait presque une allure de brouillon en comparaison. En tout cas, il est clair que le showrunner a trouvé une direction artistique affirmée pour sa Jedi favorite qui profite ainsi de chorégraphies au sabre-laser certes plus simples qu’à l’époque de la prélogie, mais bien plus engageantes émotionnellement et inventives que celles de la postlogie.

À ce titre, le combat final avec Baylan Skoll est une belle réussite, qui joue avec la différence d’approche des styles des deux adversaires. L’occasion d’affirmer que le personnage du Jedi déchu et son interprète, le regretté Ray Stevenson, sont parmi les meilleurs ajouts de la série. Rarement aura-t-on vu un antagoniste de l’univers Star Wars aussi mélancolique et attristé par son impuissance dans la chute de l’Ordre. Ce désespoir enfoui est ainsi joliment contrasté par la violence de ses coups au sabre, qu’il manie comme une claymore de chevalier médiéval.

Ray Stevenson, le vrai point fort de la série

Si le récit profite grandement de ces oppositions, c'est aussi parce qu’un montage alterné oblige Ahsoka et Sabine à se séparer. La tension que supposeraient les enjeux est enfin présente, et parvient surtout à accorder l’action avec ses thèmes majeurs. Alors que Dave Filoni évoque depuis longtemps l’importance de la relation entre maître et apprenti (y compris dans la mise en abyme de sa place dans l’univers Star Wars par rapport à son mentor George Lucas), la responsabilité des enseignants et de leur héritage est enfin au centre de la narration.

Ahsoka est réduite par Baylan à son passif avec Anakin, tandis que la Jedi rebelle doit faire face à ses propres erreurs. Les conséquences commencent à se faire sentir jusqu’à un final d’épisode pour le moins intrigant (voire excitant). Cependant, la nouvelle production Star Wars peine à rattraper les lacunes de son introduction, et la stagnation inaugurale de son héroïne. Ce serait presque oublier qu’Ahsoka Tano est devenue un personnage adoré parce qu’on l’a vue grandir et apprendre au fil des saisons de The Clone Wars. Il n’est pas trop tard pour que la seconde moitié de saison corrige cette erreur de trajectoire, mais celle-ci semble trop focalisée sur le retour tant attendu de Thrawn.

Un nouvel épisode d'Ahsoka est disponible chaque mercredi sur Disney+ depuis le 23 août 2023.