Chambre 2806 : L'Affaire DSK - critique bien troussée sur Netflix

Simon Riaux | 8 décembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 8 décembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Quand Dominique Strauss-Kahn est accusé de viol par Nafissatou Diallo en 2011, le directeur du FMI est au sommet de sa puissance, régulièrement présenté comme le prochain président français. Une décennie et plusieurs soubresauts judiciaires, sociaux et sociétaux plus tard, Jalil Lespert revient pour le compte de Netflix sur une affaire complexe, qui défraya la chronique, avec Chambre 2806 : L'Affaire DSK

TROU CRIME 

Réalisé par un Français, mais conçu à destination du public international, le documentaire en quatre épisodes de Netflix épouse le cahier des charges des récentes productions à succès qui ont fleuri ces dernières années dans le genre dit du “true crime”. Le montage très dynamique n’hésite pas à jouer sur la temporalité, comme le ferait une fiction, pour ménager ses effets d’annonces, ses rebondissements et ses mises en perspectives, tandis que les transitions et illustrations s’efforcent de donner un peu de densité “narrative” à l’ensemble. 

Malheureusement, dans le cadre d’une affaire dont sont familiers beaucoup de Français, ces ficelles sont parfois très voyantes. Ainsi, quand le documentaire joue avec emphase sur les doutes qu’émettent les équipes du procureur américain quant au témoignage de Diallo, ou qu’il se réserve de petites pirouettes pour redonner de l’impact à certaines de ses “sous-intrigues” (comme le passage dédié à l’économiste Piroska Nagy), l’artificialité des procédés est un peu trop criante. 

 

photoLe célèbre "walk of shame" américain

 

De même, la volonté du documentaire d’utiliser la procédure judiciaire en guise de structure pour la majorité de ses épisodes, si elle permet à l’ensemble de trouver rapidement un rythme de croisière, a le gros défaut de délayer parfois inutilement l’action. Ainsi, revenir sur certains aspects légaux extrêmement attendus donne parfois le sentiment de délayer inutilement certains passages, quand plusieurs entretiens (notamment avec les confrères de DSK oeuvrant pour le FMI) laissent un goût de trop peu, voire de franche superficialité. 

 

photoNafissatou Diallo

 

REMOUS VERS LE FUTUR 

Mais là où le documentaire dévoile une force indéniable, c’est quand il opère un pas de côté sur la dimension politique ou juridique, pour laisser son spectateur mesurer combien en moins d’une décade, la perception de la violence sexuelle, ou du moins son appréhension par une partie du corps social et des médias, a évolué. Assister ainsi au festival de putrescence que fut la défense de DSK au lendemain de son arrestation a quelque chose de surréel, et Jalil Laspert parvient à trouver une distance intéressante, sans jamais verser dans la moraline, interrogeant simplement, et justement, combien le scandale est désormais proche et éloigné de nous. 

C’est dans son dernier épisode que Chambre 2806 : L'Affaire DSK se fait le plus intéressant, quand se déploient le témoignage de Tristane Banon et l’affaire dite du Carlton. Ils permettent d’ausculter plus précisément les réactions françaises, alors que ces dernières ne sont plus conditionnées ou provoquées par la justice américaineLa caméra laisse alors les vieux tropismes revenir au galop, et la défense sordide de l’avocat Richard Malka s’assumer, considérant les faits reprochés à DSK comme un banal “manque d’égards”. Il suffit que tout change, pour que rien ne change. 

Chambre 2806 : L'Affaire DSK est disponible sur Netflix depuis le 7 décembre 2020 en France

 

affiche, Chambre 2806 : L'Affaire DSK

Résumé

Convenu et souvent bien trop mécanique quand il égrenne le volet judiciaire américain de son récit, le documentaire se fait beaucoup plus pertinent quand il interroge les soubresauts qui ont ou non changé le regard de la société française sur le scandale.

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Lecteurs

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commentaires
Law
16/12/2020 à 19:46

La fille qui témoigne me répugne et a aucun moment du documentaire j'ai pus croire a son mensonge, c'étais évident que tout étais inventer, dénoncer les faits une heur après le sois disant viol + le bonus de la petite danse de la joie fortnite quel foutage de geul.
Les foculs, les menteurs et la trahison c'est la mort directe

Ethan
09/12/2020 à 21:19

Sinon il y a aussi Chambre 1408

Carter
09/12/2020 à 16:59

Ce documentaire est très intéressant et bien filmé.
DSK, au sommet de sa gloire, a tous les médias français qui lui mangent dans la main et entame la préparation de sa campagne présidentielle.
Ces médias savaient pertinemment la conduite de DSK et plusieurs affaires au FMI avaient déjà été étouffées.
L'homme, parfaitement odieux et imbu de sa personne, est sur de son pouvoir et peut briser toute femme qui s'oppose à lui.
Autant on peut trouver les Américains très puritains sur certains sujets, autant la complaisance des médias français sur le soi-disant libertinage de DSK, qui n'est autre que de la prédation sexuelle par un personnage intouchable, est inexcusable.
Pour une fois, il faut dire merci aux Américains, qui ont révélé un personnage aussi odieux.

plandemic et Agenda 21/2030
09/12/2020 à 13:08

une piste est que DSk soit tombe dans une sorte de guet apens, connaissant le bougre, c'etait tentant le piege
, qaund tu entends mettre fin au regne de dollar base sur du vent,( çà fait depuis bretton wood que les usa paient en monnaie de singe, ..et que tu veux comme un retour a un etalon or, ou un mieux un ensemble de valeur refuge carrée, alors tu te fais degagé,
comme le colonel Kadhafi qui voulait degage le dollar, lui aussi s'est fait degagé

KastorDSK
08/12/2020 à 19:44

@Marie
Il ne faut pas abuser à ce niveau de responsabilité et de conscience politique il n’y a pas d’excuses

Marie
08/12/2020 à 19:29

Je trouve que tous savaient que Dsk aimaient les femmes mais le piéger comme ça c'est écœurant ils sont tous pareils et la femme a voulu se faire de l argent et elle en a eu un paquet je ne l aime pas Dsk aurait été un formidable président mais des salauds qui n étaient pas mieux l on brisé et on a maintenant une France merdique on a d ailleurs plus de France ➕????????????????

Nesse
08/12/2020 à 18:23

Très bon documentaire, très compliqué de prendre partie dans ce huit clos. Qui ment ? Lui, libertin qui peut tout se permettre vu son statut social, ou elle avec un passé compliqué et un peu de mensonge.
Chacun fera sa propre opinion.

Dirtyanimalcrossing
08/12/2020 à 15:59

Il me semble qu’au moment de sa nomination au FMI, Nicolas Sarkozy l’avait mis en garde contre ses penchants compte tenu du fait qu’il serait en poste à NY et que les américains sont très stricts sur les sujets de harcèlement.
Heureusement Mme Lagarde a redoré le blason de la France adepte de la gaudriole

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