Baldur's Gate 3 : un ancien de Dragon Age critique le sexisme envers les compagnons du jeu

Selon un ancien de Dragon Age, les joueurs sont plus sévères avec les personnages féminins de jeux vidéo, et c'est encore le cas avec Baldur's Gate 3.

Voici enfin venu le temps d'évoquer le cas de Lae'zel. Cette githyanki redoutable est le premier compagnon que l'on rencontre dans Baldur's Gate 3. Particulièrement dévouée à son peuple et à sa reine, Lae'zel est difficile à cerner, assez autoritaire et pas toujours courtoise. Enfin de ce que l'on sait d'elle puisque de notre côté, elle est morte après l'introduction du jeu, suite à sa chute accidentelle du Nautiloïde. Mais ce n'est pas le sujet.

Il reste que parmi ceux qui ont poursuivi leur aventure, beaucoup semblent avoir eu du mal à accrocher au personnage. Parmi tous les compagnons du jeu de Larian Studios, elle passe même pour l'un des moins appréciés. Ce que d'autres déplorent, Lae'zel étant une figure féminine assez originale qui mérite certainement qu'on s'y intéresse davantage. Suite à une discussion sur le sujet, David Gaider, co-créateur de la franchise Dragon Age et scénariste éminent de Baldur's Gate 2, a donné son opinion sur le sujet. 

Lae'zel est l'une des figures de proue de Baldur's Gate 3

Si c'est un homme 

Cette fois, la polémique part d'un commentaire écrit sur X (enfin Twitter) : "Lae'zel c'est un peu comme la série qui devient bonne après quatre saisons. C'est bien qu'elle ait un bon développement, mais je ne vais pas me l'infliger pendant 10 heures avant qu'elle ne s'améliore". Ce commentaire rédigé par un certain PleasantKenobi a donc suscité quelques réponses. L'une d'elles affirmant que Lae'zel aurait été certainement plus apprécié si elle avait été un homme, prenant le personnage d'Astarion comme exemple.

En effet, le vampire est loin d'être un cadeau pendant une grande partie du jeu. Souvent rabat-joie, trompeur et même antipathique, Astarion est pourtant bien moins critiqué. Son charme de dandy lui donnerait ainsi une sorte d'excuse pour se montrer rustre pendant des dizaines d'heures de jeu, tandis que Lae'zel est simplement vue comme une importune. En réaction à cette comparaison, le développeur David Gaider est venu apporter sa pierre à l'édifice. Selon lui, le sexisme vis-à-vis des personnages de jeux est complètement avéré... et il n'est pas nouveau.

Can confirm. The Dragon Age fandom consistently gave WAY more latitude and forgiveness to male characters as opposed to female characters, in every game. It is very much a Thing. https://t.co/fTNe9WROkf

— David Gaider (@davidgaider) August 18, 2023

"Je confirme. Le public de Dragon Age a toujours été plus indulgent avec les personnages masculins que féminins et dans tous les jeux. C'est une réalité", a-t-il témoigné. Évidemment, cette réalité là n'a pas fait l'unanimité. Certains ont argumenté que Morrigan (compagnon le plus important de Dragon Age Origins) est toujours le personnage préféré des fans de la licence, et ce malgré tous ses défauts et ses parts d'ombre. Exemple intéressant, mais qui démontre en réalité l'inverse de son argument. 

Morrigan est évidemment un mémorable personnage féminin, mais la citer c'est aussi oublier la façon dont elle a été écrite. Certes ambiguë, la magicienne correspondait surtout à l'archétype d'une femme fatale, qui a pour but de mettre en valeur le héros à de nombreuses occasions. Son amoralité est plus tentatrice que déplaisante tandis que ses fêlures sont là pour donner une excuse au joueur pour se montrer protecteur envers elle ou de chercher à la rendre meilleure. Un standard flatteur, donc. 

La défiance est toutefois tolérée si le personnage féminin a la plastique adéquate

beauty privilege

C'est tout l'inverse de Lae'zel qui prend à rebrousse-poil le joueur et n'hésite pas à le défier ou à l'injurier parfois. Une attitude déjà moins appréciée de la part d'un personnage féminin. D'autant plus si celui-ci ne dispose pas d'un capital de séduction conséquent. Cette histoire n'est d'ailleurs pas sans rappeler les discussions passées autour de Dragon Age Inquisition (en 2014) et dont Gaider doit sans doute bien se souvenir.

À l'époque déjà, les personnages féminins du jeu avaient souvent été critiqués, souffrant d'une comparaison injuste avec ceux de The Witcher 3 (sortie en 2015). Comparatifs absents entre les personnages masculins, bien sûr. Les physiques assez réalistes de Cassandra, Joséphine ou encore Sera étaient ainsi parfois moquées, mis en parallèle avec les beautés parfaites de Triss Merigold et Yennefer dans le jeu de CD Projekt. 

L'elfe Sera est un personnage attachant et drôle de Dragon Age, et pourtant dénigré par les joueurs

Plus martiales ou excentriques, leurs personnalités auront aussi été moins bien reçues que le charme sensuel des magiciennes de The Witcher. Par ailleurs, l'argument évoqué plus tôt vis-à-vis de Morrigan marche tout aussi bien pour Yennefer (qui est un moins bon personnage que Morrigan, soyons clairs). Elle aussi est adorée des fans malgré son sale caractère et ses mauvais penchants. Mais une fois encore, cela s'explique par le fait que l'amourette avec la sorcière tient davantage d'un fantasme que d'une relation réaliste.

Une chose qui est ironiquement mieux développée dans le dernier Dragon Age, à travers les amitiés/romances avec Sera ou Cassandra. Et nul doute que Lae'zel bénéficie d'une tout aussi bonne évolution dans Baldur's Gate 3. Ce qu'on confirmerait d'ailleurs avec plaisir... si elle n'était pas tombée du Nautiloïde.