Selon Ubisoft, le bide de ce jeu aurait pu être évité en écoutant Nintendo

Après diverses galères, retards et projets annulés, Ubisoft fait le point. Yves Guillemot est ainsi revenu sur l’un des gros ratés récents de la firme.

Du fait de la situation relativement chancelante dans laquelle se trouve Ubisoft, ce n’est pas la première fois que l’on s’interroge sur son cas. Et ce ne sera sans doute pas la dernière. Il y a encore peu, on revoyait d’ailleurs la liste des jeux encore capables de sortir Ubisoft de sa crise ces prochaines années. Une liste à laquelle il faudra désormais y ajouter Star Wars : Outlaws, annoncé durant la conférence de la firme au dernier Summer Game Fest, qui pourrait redonner espoir aux actionnaires d'Ubisoft pour la première fois depuis longtemps. 

Et ce en comptant sur le fait que les sorties de Assassin’s Creed Mirage et Avatar : Frontiers of Pandora (confirmés cette année) aient une bonne réception. Tandis que l’on scrute le futur, Yves Guillemot (PDG d’Ubisoft) commence, lui, enfin à faire quelques constats des erreurs du passé. Il n’est en effet pas encore trop tard pour faire le bilan et comprendre pourquoi certaines sorties de titres importants de la compagnie ont été des bides. L’année 2022 a été chargée en faux pas pour Ubisoft ; mais le premier cas évoqué par Guillemot a été celui de Mario + Lapins Crétins : Sparks of Hope.

 Duo gagnant pour un retour perdant

Ne suivez pas le lapin blanc 

En l’absence de sorties majeures l’année dernière, Ubisoft avait ainsi placé beaucoup d’espoirs dans la suite de son Mario + Lapins Crétins : Kingdom Battle, qui s’était révélé être un franc succès à sa sortie en 2017. Fortifié par la franchise Mario, le jeu aurait donc atteint les 10 millions de ventes en cinq ans (selon la firme) : un chiffre excellent pour un jeu vidéo tactique au tour par tour – genre assez niche.

La déception n’en a été que plus grande pour Ubisoft lorsque Mario + Lapin Crétins : Sparks of Hope s’est planté. Le jeu a en effet sous-performé, selon l’aveu même d’Yves Guillemot. Que s’est-il donc passé ? Le jeu n’était a priori pas mauvais, comme l’atteste son score de 86/100 sur Metacritic (contre 85 pour son prédécesseur) et des notes généralement positives des joueurs. Si certains évoquaient des problèmes de communication de la part d’Ubisoft, Guillemot, lui, soulève une nouvelle hypothèse. 

Mario + Lapins Crétins : Kingdom Battle aurait fait un malheur sur la Switch, si on en croit Ubisoft

Dans une interview donnée à GamesIndustry.biz, Guillemot a ainsi admis que son manque de patience était en cause. Selon lui, Nintendo lui aurait conseillé d’attendre leur prochaine console (la successeure de la Switch dont on ne sait toujours rien) pour sortir ce nouvel opus. N’avoir pas écouté ce conseil lui aurait coûté cher, selon lui. Il est intéressant de voir le grand patron d’Ubisoft enfin concéder qu’il hâte un peu trop ses projets – une opinion sans doute partagée par ses équipes de développeurs.

Du même coup, ce qu’il nous apprend sur la stratégie de Nintendo et sa gestion de ses sorties est assez instructif. Avec l’exception des Mario Galaxy sur la Wii, Nintendo a souvent tenté de ne jamais sortir deux jeux Mario de la même série sur la même génération de console. Voilà qui explique par exemple qu’il n’y ait eu qu’un seul Mario Kart ou Mario Odyssey sur la Switch, malgré leur immense succès. En ne suivant pas ce modèle, la série Mario + Lapin Crétins se serait donc sabotée : 

"Nous avions déjà sorti un jeu Mario + Lapins Crétins [sur Switch], donc en en faisant un autre nous proposions deux expériences similaires sur une seule console. Alors que chez Nintendo, des jeux comme ceux-là ne meurent pas. Et il y a une vingtaine de jeux Mario." 

Avec seulement deux jeux Switch, Zelda pouvait se permettre d’avoir sa suite sur la même console

Mario, victime de son succès

Bien conscient que les jeux Mario (vu leur nombre) peuvent se cannibaliser entre eux, Nintendo aurait ainsi averti du danger la compagnie française :

"Nintendo nous a dit qu’il était préférable de faire un opus sur chaque machine. Nous y sommes allés trop tôt et nous aurions dû attendre la prochaine console. [...] Autrement, vous auriez pu jouer à un excellent jeu. Et nous pensons qu’il se révélera davantage sur les dix prochaines années, car nous le mettrons à jour dans le futur et sur la prochaine machine [de Nintendo]."

A l'instant annoncé : le DLC The Last Spark Hunter vient enrichir le jeu d'Ubisoft

Finalement optimiste, Yves Guillemot n’aurait pas tant tort de l’être. L’histoire a prouvé que les jeux Mario bénéficiaient d’un intérêt grandissant des joueurs sur le long terme, notamment lorsqu’ils commencent à se vendre moins cher. Et tandis qu’Yves Guillemot apprend (peut-être) quelque chose de positif de l’un de ses échecs, Nintendo s’apprête à doucement se diriger vers sa prochaine machine, d’ici sans doute 2024.

Peut-être l’occasion pour Mario et les Lapins crétins d’y revenir en meilleure forme, après plusieurs DLC dont le nouveau vient d'être annoncé dans le dernier Nintendo Direct.