Méga robots, méga bastons : Armored Core, la saga ultime pour tous les fans de mecha et de SF

Lino Cassinat | 26 août 2023
Lino Cassinat | 26 août 2023

Vous adorez les mechas et From Software ? Vous êtes intrigués par leur nouveau Armored Core VI: Fires of Rubicon mais vous avez peur de rien comprendre ? Pas de panique, on vous explique tout, à commencer pourquoi il n'est pas nécessaire d'avoir fait les autres jeux de cette saga.

Pendant longtemps restreint à une certaine niche bien informée, les mechas prennent de plus en plus de place dans l'imaginaire collectif occidental. Pacific Rim n'y est évidemment pas pour rien, mais la progression croissante de la popularité des mangas en est évidemment la cause principale : tout le monde en 2023 a entendu parler Neon Genesis Evangelion, et même Netflix s'est mis sur le créneau avec la superbe Knights of Sidonia. Bien sûr, le prolongement le plus suprêmement jouissif de tout cela serait le jeu vidéo.

Étrangement, il n'y a pas tant d'options que cela. Titanfall ? Excellent, mais mort et enterré. Into The Breach ? Très bon aussi, mais pas un jeu d'action. Non, en fait, pour les joueurs de 2023, il n'y a pas le choix : si vous voulez du mecha, il va falloir se mettre à la tant redoutée Armored Core avec Armored Core VI: Fires of Rubicon. Sauf que derrière sa redoutable réputation de bordel infâme et ses seize jeux qui mélangent suites et reboots, se cache un passionnant univers facile d'accès, pour peu qu'on ait intégré le principe simple des générations. Et on y trouve même deux énormes titres du jeu vidéo que tout spécialiste se doit d'avoir fait.

 

 

ARMORED CORE, C'EST PAS SI HARDCORE

Dans l'ombre de l'Histoire du jeu vidéo dort une légende qui ne demande qu'à se réveiller : Armored Core. Une série de jeux vidéo sur des combats de mechas dantesques initiée par From Software en 1997, à l'époque où le studio n'était pas encore le monstre doré qui a accouché de Elden Ring, Dark Souls et autres Bloodborne.

From Software est à ce moment-là encore un studio mineur qui n'a dans le rétroviseur que les trois premiers King's Field, une série de RPG medieval dark fantasy (tiens donc) qui a rencontré un petit succès. Encouragée, l'équipe décide de se lancer dans une toute nouvelle histoire avec Armored Core.

 

Armored Core : photoArmored Core, les origines (oui ça pique un peu)

 

Le principe est simple : on pose un décor futuriste post-apo dystopique et on propose au joueur d'accomplir des missions avec son gros mecha de la mort qui tue. Sauf que From Software ajoute LA cerise qui fait d'Armored Core un gâteau unique : le mecha est 100% customisable avec des options d'une variété gigantesque, et doit être ajusté en fonction des missions.

Est-ce que je prends des jambes inversées pour sauter plus haut, ou est-ce que je me mets en mode quadripode pour absorber le recul de mes armes lourdes ? Est-ce que je mets une tête avec une grosse protection, quitte à ne plus avoir de radar ou de détecteur de missiles ? Etc.

 

Armored Core VI: Fires of Rubicon : photoUn écran de customisation typique (ne paniquez pas)

 

générations Armored Core

Peu connue en dehors du Japon à cause de l'absence totale de marketing (voire de sortie de jeux), Armored Core est pourtant resté le vaisseau amiral de From Software pendant 15 ans, jusqu'à ce que les Souls ne viennent tout chambouler et ne fassent passer From Software dans la cour des grands. Chaque génération a évidemment eu plus ou moins de succès, mais Armored Core a toujours bénéficié d'une belle cote de popularité dans l'archipel du soleil levant et dans le coeur des connaisseurs.

Et oui, on parle bien de génération, car Armored Core fonctionne sur ce principe : chaque entrée chiffrée est un recommencement pour la série, un reboot plus ou moins profond de l'histoire et du gameplay.

Ce qui explique pourquoi Armored Core VI: Fires of Rubicon est numéroté 6 alors qu'il s'agit du 16e jeu : le numéro 6 de Armored Core VI: Fires of Rubicon indique le numéro de sa génération, et non pas sa place dans une suite. Et comme il s'agit de la première entrée de cette nouvelle génération, et que la gen 6 est un reboot complet, vous n'avez donc absolument pas besoin de jouer à un quelconque opus précédent pour suivre l'histoire. Chouette non ?

Pour autant, avant de partir jouer, on ne peut que vous encourager à faire au moins une (petite) partie des jeux antérieurs. Et quand on dit encourager, on vous regarde avec les yeux fous et la bave aux lèvres rien qu'en pensant à la gen 4.

 

Armored Core 4 : photoLes yeux fous on vous dit, jouez à Armored Core 4 bon sang !

 

AVANT FIRES OF RUBICON : LES GEN 4 et 3

Composée de Armored Core 4 et Armored Core: For Answer, sortie sur PS3 et Xbox 360, la génération 4 a été réalisée par saint Hidetaka Miyazaki, futur créateur de tout un genre du jeu vidéo avec Dark Souls, Bloodborne, Sekiro, Demon's Souls et Elden Ring. Et avec ses deux premières réalisations, le novice Hidetaka Miyazaki larguait déjà deux bombes atomiques.

Le chef-d'oeuvre Armored Core 4 et sa suite directe, le turbo chef-d'œuvre Armored Core: For Answer, composent l'un des récits de guerre les plus désabusés et mélancoliques que le jeu vidéo a jamais pu produire. Dans un futur proche, sur une Terre dévastée par le pillage des richesses naturelles et divers désastres écologiques, les gouvernements du monde ont été renversés par quelques giga corporations, qui se livrent une guerre constante par mechas interposés. Les humains sont enfermés dans les quelques espaces encore vivables gérés par les corporations, qui les mettent au travail forcé et supervisent la redistribution des ressources. Mais le cauchemar dystopique n'est pas complet.

 

Armored Core: For Answer : photoL'énorme Spirit of the Motherwill, une image qu'on peut entendre (et visez un peu la taille du truc)

 

Tout cela est vain à cause des particules Kojima, une nouvelle source d'énergie surpuissante, mais aussi extrêmement radioactive. Les rejets de pollution mortels, émis en particulier par les moteurs des mechas, font que plus les humains se battent, plus le joueur joue pour libérer les peuples, et plus la Terre devient inhabitable. Une ironie lugubre qui tend un drôle de miroir à notre époque, et dont aucune des trois chutes possibles n'est vraiment positive.

Côté gameplay, Hidetaka Miyazaki révolutionne également la formule Armored Core en introduisant tout un tas d'innovations dans la customisation, mais surtout en changeant radicalement la philosophie des générations précédentes. Celle-ci est placée sous le signe de la vitesse et du mouvement constant, le surplace immobile étant synonyme d'arrêt de mort. Ne vous laissez pas avoir par leur ancienneté : les graphismes PS3 tiennent encore la route et la fulgurance du jeu pourrait bien vous griller quelques synapses. En plus, la BO est SUBLIME (essayez d'écouter Spirit of the Motherwill ou Someone is Always Moving on the Surface sans pleurer pour voir).

 

Armored Core: For Answer : photoUne mission dont vous vous souviendrez toute votre vie si vous débloquez la troisième fin

 

Pour les aventuriers du retrogaming, on ne pourra que chaleureusement conseiller la génération 3 composée de Armored Core 3, Silent Line: Armored Core, et sa suite directe, la génération 3.5 avec Armored Core: Nexus et Armored Core: Last Raven. Sorties sur PlayStation 2, ces deux générations proposent une histoire géniale, là encore loin des clichés martiaux et ponctuée de multiples rebondissements, traitée avec une dureté qui fait encore mal aujourd'hui (la fin nihiliste de Silent Line doit hanter le cerveau de nombreux joueurs). Le gameplay est également le plus raffiné de tous ceux offerts par les générations old-school d'Armored Core.

 

Armored Core: Last Raven : photoEn plus, la difficulté de la gen 3 est tout à fait digeste si vous n'avez rien contre des contrôles à l'ancienne

 

GEN 1, 2 et 5 : générations désenchantées

Mais quid des générations 1, 2 et 5 alors ? Sont-elles à proscrire ? Disons que leur intérêt pour le joueur de 2023 est moindre.

Pour ce qui est des générations 1 et 2, il faut vraiment être un archéologue du retrogaming, un pro player qui aime souffrir, un fan acharné de From Software, ou les trois à la fois. Guidés par des histoires on ne peut plus vague (et encore, pour certains opus on devrait plus parler de contexte que d'histoire) et d'une difficulté particulièrement relevée, les générations 1 et 2 s'adressent avant tout aux hardcore gamer et aux complétistes de tout poil.

 

Armored Core 2 : photoAllez, on vous souhaite bien du courage pour la génération 2, la plus dure de toutes

 

Ce qui ne veut pas dire qu'elles sont injouables, loin de là. Elles ont chacune leur charme et leur lot de moments forts, qu'il s'agisse d'un duel aussi épique qu'épuisant contre un antagoniste récurrent, ou même de blagues bien senties typiques de l'humour From Software (souvenir de cet affrontement contre un pilote de mecha tellement addict au bruit des balles qu'il est possible de gagner en le laissant tirer dans le vide jusqu'à ce qu'il n'ait plus de munitions). Simplement, préparez-vous à jouer à plonger dans un monde de combat / plates-formes sans joystick.

 

Armored Core: Verdict Day : photoAttention, voilà la génération 5

 

Enfin, la génération 5, composée de Armored Core V et Armored Core: Verdict Day. Si elle a eu plus de succès critique et commercial que la 4, elle constitue selon nous un net recul artistique. Avec un gameplay aussi balourd que sa BO martiale, et une orientation vers le multijoueur occidental, la génération 5 se laisse choir dans un militarisme pesant. Une lourdeur qui transparaît ironiquement dans le poids du premier soft : mal optimisé, il provoque pas mal de ralentissements, surtout lorsque de nombreux éléments s'affichent (ce qui, au demeurant, accentue encore la nécessité de jouer le plus statique possible, pour éviter de mettre sa console à genoux).

Certes Verdict Day rattrape bien le coup avec une histoire pas trop mal troussée, des performances boostées au service d'un gameplay plus aérien, et un boss de fin remarquable. Mais globalement, cette génération propose un récit négligé à cause de la priorité donnée au multijoueur, ainsi qu'une expérience de jeu brouillonne. De plus, le cœur du gameplay de la génération 5 gravite autour d'un système de dégâts sur le modèle du pierre-feuille-ciseaux ennuyeux et surtout incroyablement réducteur par rapport à la diversité de builds que peut (doit) proposer un Armored Core.

 

Armored Core VI: Fires of Rubicon : photoArmored Core 6, qui s'annonce si beau

 

Heureusement cependant, tout porte à croire que la génération 6 sera meilleure que jamais. Plus tournée vers la science-fiction spatiale que le post-apo terrestre, mais conservant les thèmes écologiques clés d'Armored Core, l'histoire d'Armored Core VI: Fires of Rubicon intrigue. Par ailleurs, les différentes vidéos de présentation et autres bandes-annonces ont déjà révélé plusieurs décors magnifiques, immenses à s'en décrocher la mâchoire. Pour peu que le gameplay ait tiré les leçons du passé, qu'il retrouve un peu de l'ultra-nervosité de la génération 4 tout en retravaillant l'aspect tactique foiré de la génération 5, et on tiendra un des meilleurs jeux de l'année.

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commentaires
Neji
28/08/2023 à 22:33

Très bon dossier que vous avez fait là, j'y joué sur Xbox 360 et Frame Gride sur Dreamcast
C'est macross Robotech qui m'a pété le casque quand j'étais jeune ado...

Akitrash
27/08/2023 à 19:16

J'y joue actuellement... Une vraie tuerie!

Aktayr
26/08/2023 à 21:19

@Lino Cassinat

Merci beaucoup pour ce dossier assez complet !

Curieusement, bien que le jeu de mécha me plaise pas mal, la série des Armored Core m'est complètement passée sous le radar alors que je me suis énormément éclaté sur le mythique "Front Mission" (plus stratégie) sur SNES et sur le sympathique "Gungriffon Blaze" sur PS2.