Cinema Paradiso : Une soirée avec Indiana Jones au pays enchanté du cinéphile bobo

Geoffrey Crété | 25 juin 2015
Geoffrey Crété | 25 juin 2015

Enquête exclusive en milieu presque étranger avec Cinéma Paradiso, le festival branché de films cultes organisés sous la Nef du Grand Palais de Paris.

C'est avec des yeux semi-éblouis semi-effrayés qu'on entre dans un territoire de Boboland qui s'est établit dans le bâtiment le plus étrange du Grand Palais, qui héberge expositions et événements insolites dans un volume spectaculaire. Depuis le 16 jusqu'au 26 juin : Cinéma Paradiso, un triplé food-film-fun qui invite les spectateurs à consommer des classiques du cinéma, se goinfrer de junk food et/ou de nourriture bio, se remplir d'alcool et de cafféine, puis oublier l'état de son compte en banque sur le dancefloor d'un DJ set spectaculaire.

 

 

Le 24 juin, le choix était cornélien : Les Aventuriers de l'arche perdue de Spielberg dans la salle A, ou Flashdance d'Adrian Lyne dans la salle B. Car Cinéma Paradiso a pour habitude de faire le grand écart : entre Mommy et Entourage, Manhattan et The Rocky Horror Picture Show, Le Cinquième Element et Phantom of the Paradise, Le Grand Bleu et Titanic, OSS 117 et Reservoir Dogs. Inutile de trier vos amis selon leurs goûts donc, le programme s'en chargera à votre place. Inutile également de les sélectionner selon leur rang social puisque Cinéma Paradiso, tel le paquebot mythique filmé par James Cameron, propose une formule adaptée à chacun, des gradins pour la troisième classe au lit avec coupe de champagne pour la première, en passant par les fauteuils MK2 pour la seconde. Mieux vaut être en fond de cale pour observer la curieuse nuée des lucioles colorées sur les casques sans fil, et profiter d'une séquence qu'on connaît trop bien pour trouver celui qui n'a pas compris sur quel canal se brancher, devenant le seul intrus bleu au milieu d'une colonie de lumières rouges.

Au fur et à mesure que Indy s'enfonce dans l'obscurité de sa quête de l'Arche d'alliance, la nuit tombe discrètement sur Paris au-delà de la monumentale coupole de la Nef. Quand les héros ferment les yeux pour affronter le couroux divin libéré par les pauvres Nazis, le cerveau reptilien du spectateur s'éveille à la vue des premières lueurs fluos qui balayent le plafond de verre, comme le signal de Batman lancé par le DJ pour attirer la horde de zombies des basses. Des années 30 avec le Pr Jones, le public est catapulté dans les années 70/80 avec le Club Sandwich Paradisco. Une nuée de drag queens défile en ombres chinoises devant un écran vertical titanesque et sous une installation lumière fabuleuse, tandis qu'on verrait bien Mike Myers et Ryan Philippe déambuler dans cette version hipster du Studio 54, sans cul ni drogues - ou du moins, pas compris dans le forfait de la soirée.

 

 

Dehors, Paris a la même mélodie, remix paisible des taxis, des noctambules et de la Seine, à deux pas. Un coup d'oeil vers la grande verrière, balayée par les couleurs fluos récupérées par les fans de Drive (Kavinsky a d'ailleurs été le roi d'un soir), rappelle que la soirée n'est pas terminée pour cette population qui se contrefiche d'être un mercredi soir. Et qui doit probablement rire quand elle réalise subitement, entre deux bières dans un gobelet en plastique, qu'elle a vu Indiana Jones avant de danser sur du disco avec des travestis dans un bâtiment construit à la fin du 19ème siècle, classé monument historique. L'Histoire est pleine de surprises.

http://www.mk2cinemaparadiso.com/

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