Spider-Man : Across the Spider-Verse a rendu cool ce vilain vraiment nul

Lucas Jacqui | 2 juin 2023
Lucas Jacqui | 2 juin 2023

Spider-Man : Across the Spider-Verse est une pépite pleine de surprises, et l'une d'elles est ce vilain ringard en comics transformé en antagoniste génial.

Attention Spoilers !

Ça y est, le miracle Spider-Man : Across the Spider-Verse est en salles, prenant la suite d'un Spider-Man : New Generation déjà incroyable. Plus fou, avec plus de Spider-Men-Women-Trucs, plus ambitieux techniquement, le dernier film de Sony Pictures Animation réalisé par Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson coche toutes les cases de l'excellent divertissement à découvrir au cinéma (et pas seulement pour les enfants). Et parmi les nombreuses bonnes idées du long-métrage, il y a la présence d'un vilain anecdotique en comics, devenu dans Across the Spider-Verse un méchant aussi inventif visuellement que menaçant dans ses actes.

On parle bien évidemment de Spot, l'homme au design de dalmatien capable de projeter des portails de téléportations créés à partir des tâches de son corps. Si la réalisation exploite son concept pour des scènes de haute volée, Spot est, dans les comics, bien moins palpitant. Across the Spider-Verse a donc réussi à faire d'un vilain naze, un personnage aussi réussi que passionnant, sans dénigrer sa version papier. Et c'est suffisamment rare dans les adaptations de l'univers Marvel pour que l'on s'attarde dessus.

 

 

spot'hétique

Spot, de son vrai nom docteur Jonathan Ohnn, débute dans la série Peter Parker, The Spectacular Spider-Man en 1984 en tant que scientifique au service de Wilson Fisk. Lors d'une expérimentation pour comprendre les pouvoirs téléportatifs du super-héros la Cape, il crée un portail qu'il traverse, et duquel il ressort blanc tacheté de noir. À partir de là, Spot s'imagine grand ennemi de Spider-Man.

Ainsi, il va l'affronter durant les chapitres suivants, mais n'obtient jamais le respect qu'il aimerait. Sa première rencontre avec l'Homme-Araignée va même définir tout le traitement du personnage dans le reste de son existence : Spidey éclate de rire. Avec ça, la manière dont il est mis en scène n'aide pas à le prendre au sérieux. Par exemple, la disparition de ses portails est marquée d'un "poit" digne d'un pet lâché par erreur. Dans sa personnalité, il n'est jamais plus approfondi que lorsqu'il a débuté, puisqu'il passe de blagueur de service, à intellectuel apeuré, à sociopathe muet. Très vite, ses ambitions d'être un grand vilain disparaissent dans un de ses trous noirs.

 

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Car, professionnellement, la carrière de Spot n'est pas très reluisante. En effet, quand il n'est pas malfrat en freelance, il lui arrive d'être le cobaye de groupes de criminels cherchant à dupliquer ses capacités, le laissant souvent en arrière-plan comme dans Fantastic Four #38 et #44 de 2001 où il est à peine évoqué. D'autres fois, il rejoint des alliances de super-vilains, notamment aux côtés de M.O.D.O.K., Hood ou Elektra. À nouveau, c'est pour rester dans le fond, ou jouer un rôle mineur. Spot est si insignifiant dans l'univers Marvel qu'il va même mourir deux fois sans conséquence. En bref, c'est le genre d'antagoniste là lorsqu'il faut sacrifier des têtes ou créer du monde dans une case. 

De plus, les comics n'ont que rarement exploité l'imagerie étrange du docteur Ohnn. Le peu de planches marquantes avec Spot se résume à celles où il tue par surprise, laissant entrevoir l'enfer d'un assassin surgissant de nulle part. Également, Daredevil #1 de 2011 renouvelle la représentation de l'homme tacheté (durant deux cases) d'une manière presque horrifique puisqu'il est vu par le prisme du sens radar du Diable Rouge.

 

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Spotlight

Avec ce passif de ringard dans les comics, la première scène de Spot dans Across the Spider-Verse laissait entendre que l'affreux n'aura toujours pas son heure de gloire. Néanmoins, c'est là que le film crée la surprise puisque Jonathan Ohnn est présenté comme un homme animé d'une rancune vengeresse avec la volonté de dépasser son statut de vilain de Ligue C.

Ainsi, en le motivant de la sorte, tout le vécu en comics du docteur Ohnn anime le Spot du film, comme si celui-ci voulait échapper à cette vie déjà écrite (littéralement dans les pages des bandes dessinées). Spot se transforme donc petit à petit en Mal inarrêtable, non pas seulement pour Miles Morales, mais pour tous les Spider-Men et le Multivers. De cette façon, le méchant à tête de domino transcende sa version BD en étant ce que son homologue papier espérait être à l'origine : un bad guy craint.

Ce traitement quasi méta dans un récit impliquant différentes dimensions rentre d'ailleurs parfaitement en adéquation avec le sujet du film. Car cela fait de lui un homme identique à Miles Morales. Plus précisément, tous les deux sont des anomalies, eux qui sont devenus quelqu'un alors qu'ils auraient dû rester personne, selon les canevas de Miguel O'Hara.

 

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D'autant plus que le film de Kemp Powers, Joaquim Dos Santos et Justin K. Thompson ne se prive pas d'user des pouvoirs de Spot pour créer des séquences hallucinantes de dynamisme au montage précis. Ses scènes évoluent d'ailleurs pour passer de gags dans l'esprit de ses apparitions sur papier, pour virer vers le cauchemar graphique. Encore une fois, l'équipe du long-métrage adapte ses visuels au personnage qu'ils animent, donnant au vilain à l'allure de coccinelle albinos des plans aussi travaillés que riches plastiquement, ce qui n'a jamais été réellement fait dans son média de base.

Finalement, Spot est une leçon d'adaptation à lui seul puisqu'il est développé dans le sens de ce qui le définissait dans l'œuvre d'origine, tout en allant au-delà et sans jamais le trahir. Spider-Man : Across the Spider-Verse démontre ainsi que même un personnage très peu connu des comics, voire moqué, peut devenir un antagoniste incroyable (n'est-ce pas M.OD.O.K. ?).

Et avec Spider-Man: Beyond the Spider-Verse annoncé comme troisième volet des aventures de Miles Morales, on a hâte de retrouver Spot en grand vilain à la puissance sans limites – un titre que ne rêve même plus de toucher du doigt son équivalent des bandes dessinées.

Tout savoir sur Spider-Man : Across the Spider-Verse

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commentaires
logan23
05/06/2023 à 11:20

C'est dommage que vous ne parliez jamais du design de Bill Sienkewicz il est à l'origine du look du Caïd dans le 1er film, voir DD Love & Torment et ici c'est sa vision de spot que l'on a.

Lucas Jacqui - Rédaction
02/06/2023 à 19:26

@Psychotaku
Alors pas tout à fait. Coyote tient ses pouvoirs de Spot, mais n'est pas lui. Et par contre, le personnage utilise ses capacités de manière beaucoup plus horrifique, c'est certain.

Psychotaku
02/06/2023 à 18:39

A vrai dire, Spot à déjà eu sont moment de gloire du coté de chez Daredevil (en 2013 il me semble) lorsque il est devenu Coyote avec un design beaucoup plus horrifique et la capacité d'utiliser ses portails pour retirer la tête de ses victimes tout en les maintenant en vie

Prisonnier
02/06/2023 à 17:29

Un peu comme polka Dot man dans the suicide squad

Morcar
02/06/2023 à 15:07

Je ne connais pas du tout les comics, donc je ne peux jamais juger de la qualité d'adaptation des films du genre. Mais en effet, on entend et lit la plupart du temps que l'adaptation au cinéma de tel personne est ratée. Le fait de lire que cette fois ils ont fait d'un personnage assez nul quelque chose de passionnant est vraiment nouveau, donc.