Dual : jetez-vous sur cette étrange comédie de SF

Mathieu Jaborska | 17 novembre 2022 - MAJ : 17/11/2022 18:46
Mathieu Jaborska | 17 novembre 2022 - MAJ : 17/11/2022 18:46

Karen Gillan affronte son clone avec l'aide de Aaron Paul dans le très sympathique et parfois très drôle Dual, disponible en Blu-ray, DVD et VOD depuis le 17 novembre 2022.

Il arrive en France sur la petite lucarne, après un passage en festival, notamment à l'Étrange Festival et au FEFFS, où nous l'avons découvert. Une sortie discrète qui inspire la méfiance, d'autant que son pitch renvoie aux pires satires auto-satisfaites post-Black Mirror.

Ça serait oublier qu'il est écrit et réalisé par le talentueux Riley Stearns, auteur du remarqué The Art of Self-Defense avec Jesse Eisenberg et Imogen Poots, lequel avait en son temps fait son petit effet sur les amateurs de séries B décalées... avant d'échouer lui aussi sur les plateformes de VOD. Et ça serait ignorer le flair de Karen Gillan, qui choisit soigneusement ses projets depuis Doctor Who.

 

Dual : photo, Karen GillanLa guerre des clones

 

Elle y joue Sarah, une jeune femme taciturne à qui on diagnostique une maladie incurable et mortelle. À l'insu de ses proches, elle commande son clone, qui la remplacera auprès d'eux. Sauf qu'à l'étonnement de son médecin, elle entre en rémission. Et son alter ego ne semble pas décidé à quitter sa vie.

Entre les mains d'un scénariste moins audacieux, le postulat et ses conséquences (qu'on ne spoilera pas, mais qui justifient le titre), excellentes, auraient donc fini dans un récit d'anticipation morne, voire dans une comédie potache. D'autant que le thème du double a déjà largement été traité, y compris sous l'angle de la dystopie vaporeuse et brutaliste avec le quasi-diptyque accidentel formé par The Double et Enemy. Mais Stearns a plus d'un tour dans son sac et préfère jouer à fond la carte de l'humour pince-sans-rire.

 

Dual : photo, Karen GillanÀ couteaux tirés

 

En faisant de son héroïne une éternelle blasée qui trouve un but à sa vie en s'attaquant à celle qui le lui a dérobée, le cinéaste dépasse largement son propos social pour s'amuser non sans légèreté de l'absurdité de l'existence dans un monde et un entourage qui ne la justifient pas outre mesure.

Bien évidemment, il faut s'habituer à cette atmosphère dépouillée, mais pour peu qu'on soit capable de s'amuser de la délicieuse ironie qui se dégage de l'ensemble, persistant jusqu'à une fin pour le moins minimaliste (et qui ne fera pas l'unanimité), c'est une vraie bonne surprise. Elle finit même in fine par nous prendre par les sentiments.

 

Dual : photo, Karen GillanEn cabane

 

La froideur muée en obsession du protagoniste et l'insipide inconséquence de ses proches cachent une quête universelle de sens parfois touchante. Chaque personnage est plus ou moins inconsciemment à la recherche d'un but, qu'il s'agisse d'une petite fille brièvement rencontrée dans une aire de jeu, du clone en question, sorte de monstre de Frankenstein qui aurait découvert l'arrogance, ou de l'entraineur joué par Aaron Paul, qui, au gré d'un gag assez savoureux, accepte la découverte d'un hobby comme monnaie d'échange.

Autant d'exemples qui font de Dual un film bien plus malin que son pitch ne le laissait présumer, et bien plus tendre que son humour à froid ne le laissait deviner. Lentement, surement et très discrètement, Riley Stearns fait son trou. Et on a hâte d'arriver au fond.

Tout savoir sur Dual

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Senor DP
19/11/2022 à 00:31

N'es ce pas une réplique du film avec Mahershala ali,Swan Song ??