Sonic 2, Morbius, En Corps, Cyrano... les nouveautés cinéma du 30 mars

La Rédaction | 30 mars 2022 - MAJ : 01/04/2022 14:13
La Rédaction | 30 mars 2022 - MAJ : 01/04/2022 14:13

Sonic 2, Morbius, En corps, Cyrano... quelles sont les sorties cinéma de la semaine du 30 mars 2022 ?

Chaque semaine, Écran Large fait son marché dans les salles de cinéma, et sélectionne quelques sorties et films incontournables (pour de bonnes ou mauvaises raisons).

Avec Jared Leto qui se lime les dents, le nouveau Cédric KlapischPeter Dinklage en Cyrano de Bergerac, l'horreur de la mythologie grecque expliquée aux enfants, des super-forains contre des nazis, des archives de la France des années 50, la fausse élection présidentielle avant la vraie élection présidentielle et la sortie de route de Sonic.

 

 

LES SORTIES QU'ON CONSEILLE  

Cyrano

Durée : 2h04

 

De quoi ça parle : De Cyrano de Bergerac, qui chante aussi bien qu'il se bat et écrit. Alors que sa petite taille l'empêche de déclarer sa flamme à la belle Roxanne, il se cache derrière le beau Christian pour lui écrire des lettres passionnées.

Pourquoi il faut le voir : Au-delà de son talent évident pour une mise en scène vibrante et stylisée, Joe Wright (Orgueil et préjugés, Les Heures sombres) ose tout, souvent pour le meilleur, même s'il n'évite pas parfois quelques sorties de piste (Pan, La Femme à la fenêtre).

Forcément, en adaptant la célèbre pièce d'Edmond Rostand dans sa version en comédie musicale d'Erica Schmidt, où le nez proéminent de Cyrano est remplacé par la petite taille de Peter Dinklage, il est évident que le bonhomme allait décontenancer. En conséquence, le film est sorti dans l'indifférence générale aux États-Unis, alors qu'il est un divertissement aussi flamboyant que sincère.

Utilisant la figure du poète romantique comme dernier rempart au cynisme d'un cinéma désabusé, Joe Wright électrise son film d'un amour évident pour ses personnages, surtout lorsqu'il se laisse aller à des élans musicaux ouvertement too much. C'est parfois la limite du film de ne pas savoir mettre de curseur, mais comment lui en vouloir ? Cyrano est baigné d'une force expérimentale qui semble compenser pour le manque de courage de la concurrence, quitte à parfois se planter. Mais entre sa musique entêtante, ses chorégraphies inspirées et son final tétanisant au coeur de la guerre, on préfère forcément voir le verre à moitié plein.

La note d'Écran Large : 3/5

Icare

Durée : 1h16

 

 

De quoi ça parle : Icare, un petit garçon insouciant, est le fils du grand inventeur Dédale. Un jour, alors qu'il explore le palais de Minos, il tombe sur Astérion, un enfant à tête de taureau enfermé sur ordre du roi. En secret, Icare se lie d'amitié avec le jeune Minotaure, jusqu'au jour où ce dernier est emmené de force dans un étrange labyrinthe. 

Pourquoi il faut le voir : Difficile d'initier le jeune public à la mythologie grecque sans trahir la violence et l'érotisme dans lesquels elle baigne (le Hercule de Disney étant le meilleur exemple d'aseptisation). Retranscrire l'histoire d'Icare, dont on connaît principalement le destin funeste, paraissait d'autant plus improbable et périlleux.

En revisitant le mythe de celui qui se brûla les ailes en volant trop près du soleil, Icare colle une morale moins cynique à son envolée pour en faire une quête initiatique au premier abord conventionnelle, qui prend progressivement une tournure plus poétique et mystique, jusqu'à retrouver la noirceur du conte original. Icare ne se contente donc pas de citer des éléments bien identifiés du récit mythologique pour faire autorité. Enfin, si l'implicite et les ombrages pudiques restent de mise, le caractère sensuel des personnages se retrouve lui aussi de façon assez inattendue.

Le film reste plus aventureux et moralement ambigu que la plupart des productions animées dont il ne pas reprend pas les standards. Pourtant, quand il s'agit d'uniformisation, le réalisateur Carlo Vogele est allé à bonne école, puisqu'il est un ancien animateur de Pixar formé à Paris qui a notamment travaillé sur Toy Story 3, Cars 2 et Rebelle. Et si ses personnages sont également numériques, leurs traits ont été simplifiés pour se rapprocher d'un visuel de bande-dessinée moins lisse avec des décors et arrière-plans peints qui font plaisir aux yeux.

La note d'Écran Large : 3,5/5

Freaks Out

Durée : 2h21

 

 

De quoi ça parle : D'une bande de forains dotés de super-pouvoirs qui vont devoir survivre dans une Italie occupée par les nazis.

Pourquoi il faut le voir : Parce que vous avez apprécié On l'appelle Jeeg Robot, précédente réalisation de Gabriele Mainetti, et dérivé italien très honnête des films de super-héros. Ou tout simplement parce que vous êtes curieux de découvrir son dernier essai, qui poursuit son exploration du genre avec plus de budget et plus d'ambition.

Esthétiquement très soigné, et ce dès une scène d'introduction mémorable, Freaks Out fait forcément penser au cinéma de Guillermo del Toro, auquel il emprunte l'amour de ses personnages, une obsession pour les insectes et un traitement métaphorique de l'Histoire du 20e siècle. Parfois très violent - il se doit de traiter avec justesse son contexte historique -, il finit par afficher un humanisme bienvenu après quelques belles et épiques séquences et notamment un climax guerrier assez impressionnant. Rempli à ras bord d'audaces en tous genres (les pouvoirs de l'antagoniste), il nous ferait presque demander plus de films de super-héros.

La note d'Écran Large : 3,5/5

Notre critique de Freaks Out

Retour à Reims (Fragments)

Durée : 1h23

 

 

De quoi ça parle : Adaptant le remarquable récit de Didier Eribon, Jean-Gabriel Périot raconte l’histoire douloureuse et politique des ouvriers de France, grâce à un foisonnant montage d’archives reliant l’intime au collectif et la voix d’Adèle Haenel.

Pourquoi il faut le voir : Parce qu'à la veille des élections présidentielles de notre cher pays hexagonal, un petit cours d'histoire ne ferait pas de mal. Et c'est ce que propose Retour à Reims (Fragments) : un périple dans le monde ouvrier de la seconde partie du siècle dernier. Mais bien loin du simple livre d'Histoire, le film de Jean-Gabriel Périot conjugue avec intelligence le texte de Didier Eribon avec des images d'archives, transformant l'ensemble en un poème visuel qui laisse la parole à ses sujets tout en questionnant leur représentation à travers le temps.

Retour à Reims (Fragments) ne tombe donc jamais dans le tract lourd, mais revient sur 50 ans d'Histoire et de culture française avec pédagogie et tendresse. Le complexe, mais sensible, dispositif filmique détourne l'attention du spectateur de l'ampleur assommante du projet, préférant donner corps à la voix habitée d'Adèle Haenel pour une composition à la fois intime, politique et éducative.

La note d'Écran Large : 4/5

LES SORTIES QU'ON NE CONSEILLE PAS

 

Morbius

Durée : 1h44 de trop

 

 

De quoi ça parle : Dans l'univers Spider-Man sans Spider-Man, il y a le docteur Morbius, qui se transforme en vampire suite à une expérience malheureuse. Désormais doté de tablettes de chocolat et de cheveux propres, il va devoir gérer sa soif de sang, mais surtout un copain légèrement plus énervé que lui.

Pourquoi c'est plus que mauvais : Parce que même si vous vous attendez à voir un mauvais film, Morbius risque de vous surprendre de la pire des manières. Après le mauvais Venom et le très mauvais Venom 2, ce nouveau film dans l'univers Marvel du studio Sony racle le fond pour ouvrir un nouvel abîme d'horreur filmique, qui redéfinit le vide.

Probablement écrit, filmé et monté les yeux fermés, par tellement de gens que le résultat n'appartient plus à personne, Morbius est un best of du pire des films de super-héros : origin story banale, antagoniste sans âme, amourette de pacotille, scènes d'action qui renvoient au pire du post-Matrix des années 2000, et bien sûr, teasing final d'une suite et d'un univers étendu qui donne déjà envie de se pendre. Le pire : Jared Leto interprète ça comme du Shakespeare de supermarché. Dans un monde meilleur, il aurait joué Morbius comme House of Gucci, histoire de rendre ça un peu plus divertissant.

La note d'Écran Large : 0,5/5

Notre critique de Morbius

LE MONDE D'HIER

Durée : 1h29

 

 

De quoi ça parle : Quelques jours avant le premier tour de l'élection présidentielle, la locataire de l'Élysée, qui ne se représente pas, découvre avec effroi que le candidat de son camp, donné gagnant, est sur le point de se retrouver au centre d'un vaste scandale de corruption qui pourrait favoriser son rival d'extrême-droite.

Pourquoi il faut le voir : Parce que si vous n'avez jamais entendu parler de ce en quoi consiste une élection, si vous ignorez comment fonctionne un complot, pourquoi les vieux palais de la République sont aussi fastueux que propices à l'ennui et que vous vous demandez pourquoi Michael Bay n'a pas encore eu envie de faire un blockbuster adapté de la vie de George Pompidou, alors Le Monde d'hier pourrait bien répondre à toutes ces interrogations. Le souci, c'est que si elles ne vous taraudent pas l'âme nuit et jour, alors la projection pourrait bien tourner au supplice.

En effet, le réalisateur Diastème n'est pas étranger à un cinéma dit "politique", c'est lui qui avait réalisé Un Français, film au propos loin d'être évident, qui essayait de retracer le parcours d'un jeune skinhead dans la France des années 80-90. Mais si ce dernier avait pour lui de traverser plusieurs époques et concepts à la hauteur de ses personnages, ici, le metteur en scène se perd totalement dans un dispositif poussiéreux, une scénographie digne d'un mauvais théâtre, et une écriture des personnages qui statufie les comédiens. Sur des thématiques voisines, L'Exercice de l'État faisait plus grand et plus fort, il y a déjà 11 ans.

La note d'Écran Large : 2/5

En corps

Durée 2h

 

 

De quoi ça parle : Après avoir vu son petit cœur brisé et sa fragile cheville brisée pendant une représentation, une danseuse d'opéra prend un temps pour se reposer, et se reconstruire. Loin de Paris et des élites, elle découvre la danse contemporaine, et bien évidemment, elle va retrouver goût à la vie.

Pourquoi il faut le voir : Parce que c'est le nouveau Cédric Klapisch, qui avait regagné une certaine force dans Ce qui nous lie et Deux moi, après un passage à vide (Paris, Casse-tête chinois, Ma part du gâteau). Revenu à échelle humaine et intime, son cinéma avait retrouvé un peu de la grâce et de la tendresse de ses débuts. Du moins jusqu'à En corps.

Dans cette histoire cousue de fil blanc, et articulée autour d'idées plus que simplettes (la danse classique vs la danse contemporaine, Paris vs la campagne, la rigueur froide vs le lâcher-prise fiévreux), tout semble artificiel et forcé. Il y a trop de personnages secondaires survolés, trop de situations grossières, trop de sous-texte étalé dans les dialogues, et finalement, trop peu d'émotion. Malgré le talent de ses acteurs, Cédric Klapisch se perd ici dans une formule extrêmement facile.

La note d'Écran Large : 2/5

Sonic 2

Durée : 2h02

 

 

De quoi ça parle : De l'éternel hérisson bleu de Sega, qui a décidé de ramener ses copains Knuckles et Tails dans ses galères cinématographiques, pendant que Jim Carrey fait le pitre.

Pourquoi c'est mauvais : Parce que le premier Sonic avait au moins pour lui un coeur émotionnel un tant soit peu solide. Sa suite, au contraire, préfère abandonner cette humilité d'approche pour un blockbuster explosif aussi débilitant que mal foutu. Entre des effets spéciaux franchement discutables d'un plan à l'autre et une narration qui se contente de repomper les codes des films Marvel, Sonic 2 s'impose comme un patchwork informe. 

Face à cet abandon total (qui s'explique peut-être au vu de la production précipitée du film en à peine deux... au coeur de la pandémie), le film n'a rien d'autre à proposer que du fan-service putassier et quelques séquences rigolotes, globalement sauvées par un Jim Carrey en roue libre. Mais ça ne fait pas beaucoup...

La note d'Écran Large : 2/5

Notre critique de Sonic 2

LA RESSORTIE COOL

 

Le grand silence

Sortie originale : 1968 - Durée : 1h45

 

 

De quoi ça parle : D'un pistolero muet qui défend la veuve et les orphelins de cruels bandits, sous la neige et le sang.

Pourquoi il faut le voir : Parce que ce n'est pas seulement l'un des meilleurs westerns spaghettis : c'est aussi un immense western tout court. Déçu de ne pas avoir pu faire baigner son légendaire Django dans une atmosphère hivernale, faute de budget, Sergio Corbucci s'est rattrapé un peu plus tard en envoyant Jean-Louis Trintignant et Klaus Kinski (toujours un des meilleurs castings de l'Histoire) patauger dans une épaisse couche de neige dans Le Grand Silence. Et on comprend rapidement sa lubie : la violence extrême du genre, dont il est un des représentants les plus célèbres, macule ces étendues blanches, avec à la clé une ambiance unique.

Le chef-d'oeuvre absolu du maître italien est un splendide concentré de noirceur, une extrapolation jusqu'au-boutiste des codes forgés par lui et son collègue Sergio Leone qui culmine dans l'un des finals les plus nihilistes jamais filmés. Difficile d'échapper à la sidération qu'il provoque, après avoir repoussé toutes les limites d'un genre encore adulé. En parallèle de l'édition 4K concoctée par Studio Canal, sa ressortie en salles risque de marquer bien des esprits innocents. Il serait criminel de s'en priver.

La note d'Écran Large : 5/5

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