Marcher sur l'eau : on a vu le documentaire d'Aïssa Maïga sur le réchauffement climatique

Christophe Foltzer | 7 octobre 2021 - MAJ : 07/10/2021 18:03
Christophe Foltzer | 7 octobre 2021 - MAJ : 07/10/2021 18:03

Présenté au dernier Festival International du Film de Saint-Jean-De-Luz, Marcher sur l'eau arrive à point nommé pour nous rappeler l'urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons. On vous donne notre avis sur le film d'Aïssa Maïga, entre prédictions apocalyptiques et capacité de résistance.

 

Affiche officielle

 

De quoi ça parle ? Au nord du Niger, le village de Tatiste, victime du réchauffement climatique, se bat pour avoir accès à l'eau. Chaque jour, Houlaye, 14 ans, comme d'autres jeunes, marche des kilomètres pour aller puiser l'eau, essentielle à la vie du village. Cette tâche quotidienne les empêche, entre autres, d'être assidus à l'école. L'absence d'eau pousse également les adultes à quitter leur famille chaque année pour aller chercher au-delà des frontières les ressources nécessaires à leur survie. Pourtant, cette région recouvre dans son sous-sol un lac aquifère de plusieurs milliers de kilomètres carrés. Il suffirait d'un forage pour apporter l'eau au centre du village et offrir à tous une vie meilleure.

C'était comment ? On n'attendait pas vraiment la comédienne et autrice Aïssa Maïga sur le terrain du documentaire climatique et engagé. D'ailleurs, à l'écouter, elle non plus, puisqu'elle a beaucoup hésité avant de se lancer dans l'aventure, de peur de ne pas être légitime. Une humilité qui imprègne totalement Marcher sur l'eau et qui, par un effet inattendu, lui confère une grande force.

Le double parti-pris de la réalisatrice a de quoi étonner : traiter à la fois la question climatique au nord du Niger sans entrer dans un laïus scientifique, culpabilisant et moralisateur, tout en restant au plus près des villageois et plus particulièrement de la jeune Houlaye, au point de presque en faire un personnage de fiction. Un procédé qui déroute au départ, mais qui est pleinement assumé par Aïssa Maïga et apporte, en plus, une profondeur supplémentaire au spectacle qui nous est offert.

 

photo Marcher sur l'eauUrgence climatique

 

Certes, certaines séquences font un peu fabriquées pour les besoins de la narration globale, ce qui ne fera tiquer que le spectateur aguerri au format documentaire, mais l'intensité qui s'en dégage, totalement complémentaire et intégrée au propos général du film, assure à l'ensemble d'embarquer son spectateur dans un tourbillon émotionnel du début à la fin.

On reste aussi durablement impressionnés par la facilité avec laquelle la réalisatrice parvient à insuffler une belle poésie dans ses images. Qu'il s'agisse des paysages magnifiques, des villageois traités avec beaucoup de délicatesse et de bienveillance, ou encore des respirations nécessaires pour plonger le spectateur dans le rythme de vie local et dans l'attente de l'eau salvatrice, Aïssa Maïga fait preuve d'un grand talent pour magnifier une contrée lointaine, lui redonner ses accents mystérieux, voire ésotériques, sans jamais tomber dans la facilité du cliché attendu.

 

photo Marcher sur l'eauParmi les paysages magnifiques

 

Et puis, il y a le propos climatique. Inquiétant, angoissant à bien des égards. Mais, là encore, Aïssa Maïga le traite avec beaucoup d'intelligence et de pédagogie. Elle en appelle plus à la responsabilisation du spectateur qu'à une énième culpabilisation moralisatrice qui aurait totalement détruit son entreprise. À l'image de l'instituteur du film, elle préfère choisir le terrain de l'éducation en douceur, de l'empathie humaine en nous intégrant au village pour mieux en comprendre les enjeux, le danger qui plane sur lui et ses moments de joie libérateurs.

Avec Marcher sur l'eau, nous assistons donc à la naissance d'une réalisatrice qui assume de se mettre en danger, qui affiche une vision poétique de la vie, sans pour autant se poser des oeillères, mais qui préfère traiter un sujet capital et immédiat sous un angle optimiste et humain. Comme pour nous rappeler qu'il n'est peut-être pas trop tard. Comme pour nous rappeler que l'humain possède encore aujourd'hui cette formidable capacité de s'adapter.

Et ça sort quand ? Dans vraiment pas très longtemps puisque Marcher sur l'eau sera projeté sur tous les écrans de cinéma français à partir du 10 novembre prochain.

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commentaires
Ethan
09/10/2021 à 00:34

@Tuk
Le film mets en évidence un moyen pour aider les habitants de ce village comme il en existe dans d'autres
C'est notamment grâce aux associations que des projets voient le jour.
L'état n'a pas à se méler de ça.
Il n'est pas responsable de la sécheresse en Afrique. La France est le deuxième pays au monde à émettre le moins de co2
Il ne faut pas tout confondre

Il s'agit d'un lac pas asséché mais en sous-sol. Ce film appelle des gens du privé à donner de l'argent dans ce projet de forage. Il y a certainement une association.

Et une partie des recettes de ce film est certainement reversée à l'association

C'est vraiment pour sensibiliser les gens qui ont les moyens

alulu
08/10/2021 à 14:17

Michael Moore Presents: Planet of the Humans, directed by Jeff Gibbs

https://www.youtube.com/watch?v=Zk11vI-7czE

Ethan
08/10/2021 à 09:47

Il y a déjà des associations à l'initiative pour trouver des financements dans ces villages

Mais c'est bien de faire un film pour rappeler le problème de l'eau

Tuk
08/10/2021 à 01:46

Avoir des rappels sur l'ugence climatique ne sert a rien. Tout le monde est deja au courant, c'est juste que rien n'est fait pour stopper les plus gros pollueurs.
Nos dirigeants preferenr se faire payer par nos soins des séminaires d'une semaine (genre COP), pour en parler autour d'une bonne bouffe entre potes, plutot que d'agir...
Honte et malédictions sur eux !

Matrix R
07/10/2021 à 21:03

A en croire, ça mérite visionnage